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FRANCE :: Politique camerounaise : les évêques sont-ils des saints ?

L’Église, par nature et vocation, est une institution spirituelle. Elle s’exprime -comme l’a si bien dit un prélat dans une vidéo qui circule- par divers moyens : lettres, déclarations, synodes, homélies, et sa mission première est d’enseigner, d’éclairer les consciences à la lumière de l’Évangile. À travers la doctrine sociale de l’Église, les évêques rappellent des principes universels et intemporels : le respect de la dignité humaine, la solidarité entre les peuples, le bien commun, et la subsidiarité. Ces valeurs sont fondamentales pour construire une société juste et harmonieuse. Cependant, reconnaître ce rôle ne signifie pas conférer à l’Église le pouvoir ou la prérogative de dicter la marche des affaires politiques. Si les évêques dénoncent la corruption, les détournements, et les injustices qui gangrènent nos sociétés, ils remplissent pleinement leur devoir moral et prophétique.

Mais aller jusqu’à influencer directement les choix politiques ou à désigner implicitement des dirigeants revient à outrepasser leur mission. Quand l’archevêque de Douala critique la longévité du président Paul Biya au pouvoir en parlant d’irréalisme ou de surréalisme, il interpelle sur une situation politique dont les répercussions touchent la dignité humaine et le bien commun. Cette prise de parole a son importance dans un contexte de gouvernance marquée par des déficiences criantes. Toutefois, il est nécessaire de tracer une frontière claire entre l’engagement moral de l’Église et l’exercice concret du pouvoir politique, lequel appartient avant tout aux citoyens et à leurs institutions.

L’Église enseigne également la séparation des sphères : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » (Matthieu 22:21). Si elle insiste sur la nécessité de justice, d’équité, et de protection des plus vulnérables, elle doit veiller à ne pas devenir un acteur politique direct, au risque de se détourner de sa vocation spirituelle. En outre, affirmer que les « démons de la corruption s’agitent » dès que l’Église s’exprime peut sembler simpliste. La corruption ne s’élimine pas par des dénonciations publiques seules. Elle exige une transformation profonde des mentalités, un travail de terrain au cœur de la société civile, et des réformes institutionnelles. C’est à la jeunesse, aux citoyens engagés, aux intellectuels, aux chefs des partis politiques et aux responsables politiques intègres d’incarner ce changement. Et ceux-ci agissent depuis 30 ans. Les évêques n’étaient pas là, ils ne doivent pas venir prendre le combat des autres et attendre la vieillesse de Paul Biya pour agir, c’est être lâche.

Que l’Église contribue à éveiller les consciences, à promouvoir la paix et la justice, c’est son rôle naturel. Mais elle n’est pas le maître de la société politique, ni son arbitre ultime. Elle est une voix parmi d’autres, éclairée par la foi et la raison, mais qui doit respecter la pluralité des opinions et des voies d’action. Il y a eu  dans nos sociétés, des crimes et des faits sociaux d’une gravité extrême que ces évêques  censés incarner la voix de la morale n’ont jamais osé condamner. Ils sont restés silencieux face à des tragédies humaines, comme celles du Nord-Ouest, ou face à l’insécurité rampante, la misère écrasante, et ces réformes universitaires qui ont relégué les enfants des familles pauvres à l’inaction et à la frustration. Ce mutisme, face à l’injustice et à la souffrance des plus faibles, interroge le rôle véritable des prêtres, des évêques, des pasteurs, dont la mission devrait être celle de l’élévation spirituelle et de la charité active.

Leur devoir ne se limite pas à demander le départ du président Paul Biya. Si l’Église se permet de s’engager sur ce terrain, elle doit alors nous offrir des solutions tangibles, des propositions concrètes. À qui prépare-t-elle le terrain si ce président devait partir ? Qui souhaite-t-elle placer à sa place ? Sont-ils prêts à se tenir à la hauteur de la responsabilité qu’ils revendiquent ? Toute autorité, rappelons-le, vient de Dieu (Romains 13:1), et c’est Lui qui, dans Sa sagesse, accorde et retire le pouvoir en son temps. Ceux qui au nord Cameroun  se plaignent aujourd’hui de leur condition sous Paul Biya devraient aussi s’interroger : que leur avait offert le Cameroun du temps d’Ahidjo ? Était-il si différent ? Bien évidemment, nous souhaitons un dauphin mais on doit être lucide.

L’Église, institution sainte par vocation, n’est pas exempte de critiques. N’a-t-elle pas, elle-même, rejeté des figures charismatiques comme Monseigneur Ndogmo. L’église, en accumulant des richesses au Cameroun pour les envoyer au Vatican, elle a souvent oublié de tendre la main aux pauvres qui l’entourent. Ceux qui souffrent sous leurs yeux n’ont pas bénéficié de cette charité qu’ils prêchent dans leurs sermons. Si l’Église souhaite intervenir dans les affaires politiques, qu’elle commence par assumer pleinement sa mission sociale ici, sur notre terre, auprès de ceux qui ont faim, qui pleurent et qui désespèrent. Or les évêques, les prêtres roulent carrossent, mangent bien, dorment bien, et les ouailles mangent mal.

L’Église catholique, autrefois porteuse d’un idéal spirituel, a contribué à introduire dans nos sociétés des structures et des valeurs qu’elle-même condamne aujourd’hui. Comment, alors, pourrait-elle revendiquer un rôle de faiseur de présidents ? Ce n’est pas à elle de faire et de défaire les autorités. « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » (Matthieu 22:21). Le champ politique appartient à la jeunesse et aux hommes investis du pouvoir. Quant à Paul Biya, il partira comme il est arrivé : en silence, au moment fixé par les lois divines et humaines. Mais si nous laissons l’Église s’immiscer dans ces affaires, nous risquons d’ouvrir la porte à des dérives.

L’opposition ferait une grave erreur en se laissant dicter ses choix par les prélats. Demain, si l’Église propose un candidat, que se passera-t-il ? Les évêques et les prêtres sont des citoyens comme les autres, certes, mais leur rôle n’est pas de désigner des chefs d’État. Par ailleurs, il est essentiel de rappeler que les hommes d’Église ne sont pas des saints au sens absolu. Ils sont faillibles, tout comme les hommes politiques. Nous les respectons pour leur mission spirituelle, mais cela ne signifie pas que nous ignorons leurs faiblesses ou leurs manquements. Et qu’ils sachent que la longévité au pouvoir, qu’ils critiquent parfois, n’est pas en soi un mal. L’âge n’est pas une maladie, et certains d’entre eux, malgré leur âge avancé, sont restés longtemps à la tête de leurs responsabilités ecclésiastiques.

En remerciant les évêques pour leur courage à dénoncer les injustices, il est essentiel de leur rappeler que leur autorité se situe avant tout dans le domaine spirituel. Le choix des dirigeants, les réformes politiques, et les orientations du pays relèvent de la responsabilité collective des citoyens et de leurs institutions démocratiques. C’est à nous, peuple, de nous approprier ces principes de dignité, de solidarité et de justice, et de les traduire dans les actes pour bâtir un Cameroun meilleur. Ainsi, si l’Église veut jouer un rôle véritablement salvateur, qu’elle s’investisse pleinement dans sa mission divine : celle de guérir les âmes, d’apaiser les cœurs, et de servir les pauvres. La politique, elle, appartient à César.

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