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CAMEROUN :: Ernestine Bekalé Oho : la leçon d’une vie d’handicapée :: CAMEROON

Ernestine Bekalé, aujourd’hui censeur au lycée technique de Nkongsamba, a vu le cours de sa vie marqué dès son jeune âge par un coup du destin. Une injection de Quinimax, anodine en apparence, lui coûta une jambe. Dès lors, les béquilles devinrent ses compagnes inséparables, des alliées silencieuses qui l’ont  soutenue  tout au long de son existence. Mais si, ici en France, ces outils de mobilité sont facilement accessibles, au Cameroun, les obtenir relève d’un véritable parcours du combattant. Chaque béquille devait être commandée en France, et pour une enfant grandissant jour après jour, chaque commande est  un défi financier et logistique.

La vie avec un handicap en Afrique, c’est une double peine. Non seulement il faut composer avec des infrastructures inadéquates, mais il faut aussi affronter le rejet, souvent cruel, des regards et des cœurs. Ernestine a appris à esquiver non seulement les obstacles physiques, mais aussi les jugements et les silences gênés. Même parmi certains  proches, elle a senti l’éloignement, ces esquives discrètes mais déchirantes, ces regards fascinés, déroutants, parfois empreints de stupeur. L’amour, l’amitié, la reconnaissance professionnelle, tout semblait lui échapper à cause d’un stigmate qu’elle n’avait pas choisi.

Mais Ernestine n’a jamais été du genre à s’apitoyer. Ces frustrations, elle les a transformées en force. Elle a refusé de se laisser enfermer par des préjugés et a bravé les regards pour se faire une place dans le monde. Pourtant, le plus grand défi ne fut pas dans sa carrière ni dans sa lutte pour des conditions de vie meilleures pour les personnes handicapées. Non, le plus grand combat d’Ernestine, fut  de trouver  l’amour de sa vie. Nicole – c’est ainsi que je l’appelais dans mes écrits – était dans sa jeunesse  une femme d’une beauté rare, une beauté qui éclipsait bien des souffrances. Dire qu’elle était jolie serait une pâle approximation.

Elle était éblouissante, une apparition lumineuse qui attirait les regards comme un aimant. Chaque homme qui croisait son chemin se retournait, incapable de résister à l’éclat de son visage, à cette fraîcheur qui semblait défier les réalités de sa vie. Dans mon livre Quand elle passait, que je lui ai dédié, je décris cette aura presque irréelle : un mélange de grâce et de fragilité, sublimé par une senteur douce et envoûtante que j’adorais humecté en venant resté à ses côtés. Et pourtant, malgré sa beauté, malgré son éclat, Nicole a dû faire face aux railleries cruelles de ses camarades, au rejet de certains membres de sa famille, et aux obstacles d’un monde peu disposé à accueillir ceux qui ne correspondent pas à ses normes.

Elle a connu des déceptions amères, surtout en amour, où la surface éblouissante de son être se heurtait à la myopie des cœurs incapables de voir au-delà de son handicap. Mais Nicole était une combattante. Chaque regard gêné, chaque silence pesant, chaque moquerie l’a forgée. Elle n’a pas seulement vécu avec son handicap, elle l’a transcendé, transformant ses douleurs en une lumière que nul ne pouvait ignorer. Si la vie ne lui a pas offert les douceurs espérées, elle lui a permis de briller, et cette lumière continue de rayonner, même dans les mémoires de ceux qui ont eu la chance de croiser son chemin.

Quand elle passait : la résilience incarnée

Les déceptions amoureuses, comme je l’ai dit plus haut,  Ernestine Bekalé les a connues sous toutes leurs formes. Ceux qui l’approchaient semblaient mus par une curiosité fugace ou un désir passager.  Comme on le dit chez nous, on dirait qu’ils voulaient « goûter et s’en aller ». Certains allaient plus loin, promettant monts et merveilles, jusqu’à ce que les barrières familiales se dressent, brisant leurs engagements. Le plus déchirant fut celui qui, après avoir partagé une part de sa vie avec elle, choisit de partir sans raison, laissant derrière lui une absence lourde et inexplicable. Face à ces échecs répétés, Ernestine aurait pu céder à l’amertume. Mais au lieu de cela, elle choisit de s’élever. Elle se consacra à ses études, avec une détermination à toute épreuve.

Elle décrocha son baccalauréat, intégra une grande école grâce à un concours prestigieux, et devint enseignante des lycées et collèges. Ce métier, elle l’embrassa avec passion, et la vie lui rendit une petite revanche en la ramenant à sa ville natale, dans son propre établissement d’origine. Là, elle gravit les échelons pour devenir censeur, un rôle qu’elle occupa avec dignité et compétence aujourd’hui. Ernestine est une enseignante accomplie : elle est une figure de résilience. Elle incarne cette force rare qui transforme chaque obstacle en tremplin. Si la société aime à coller des étiquettes aux personnes handicapées – capricieuses, superstitieuses, ou dépendantes – aucun de ces clichés ne s’applique à elle. Ernestine a toujours tendu la main à ceux qui en avaient besoin, mêlant gentillesse, respect et une hospitalité qui réchauffe  les cœurs.

Elle a appris à prendre soin de son enfant avec un amour profond et désintéressé, devenant une source de joie pour ceux qui croisaient son chemin. Au travail, Ernestine rayonne par sa compétence et son sérieux. Un jour, lors d’une conversation, elle me confia avec une lucidité désarmante : « N’oublie pas que je suis handicapée. Dans notre contexte, quand on ne vient pas d’une famille aisée, la seule vraie option pour avancer, c’est de gagner sa vie par soi-même. C’est pourquoi j’ai mis toute ma foi dans l’école et la formation professionnelle. Je ne voulais pas dépendre d’un frère ou d’une sœur pour m’aider. » Cette philosophie de vie, elle l’a portée pendant 30 ans d’une carrière dévouée à l’enseignement, formant des milliers de Camerounais, marquant chaque élève d’un souvenir inoubliable.

Pour moi, Ernestine est un modèle : elle est une source d’inspiration. J’ai ressenti pour elle une profonde admiration, une considération sincère, et une tendresse inaltérable. C’est pourquoi j’ai écrit un livre en son honneur, intitulé « Quand elle passait.  » Dans ses pages, j’explore ce qu’elle notre jeunesse de collégien et collégienne, notamment la puissance de la communication non verbale. Ernestine est une femme de peu de mots, mais son corps, ses gestes, et les expressions de son visage racontent des histoires profondes, riches de sens. Ernestine Bekalé, ou Nicole, restera pour moi une marque de  résilience, de la force, et de cette beauté indéfinissable qui attire et émeut, longtemps après qu’elle soit passée. On peut dès lors conclure que les béquilles, était un passage fait  de courage et de grâce. Un témoignage vivant de la capacité humaine à transcender les limites imposées par la vie.

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