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A QUAND LE TEMPS DES CERISES POUR L'AFRIQUE NOIRE ? :: AFRICA

En 1962, l'agronome français René Dumont a commis un livre dont le titre, "L'Afrique noire est mal partie", a non seulement laissé le landerneau politique dans l'expectative, mais lui a même également paru scandaleux. 

En effet,  il était difficile pour tout le monde de comprendre que deux années seulement après la vague des indépendances de la majorité des pays du continent, une ère que l'on prédisait radieuse et qui pratiquement pour tous les Africains, annonçait des lendemains qui chantent, on puisse jeter un tel pavé dans la marre. Il était incompréhensible que dans l'euphorie dans laquelle baignait pratiquement tout le monde, on on puisse oser faire paraître un tel titre iconoclaste qui irritait et frisait soit la provocation,  soit le mépris, ou alors tout simplement au mieux, l'hallucination. Et, bien naturellement, comme il fallait s'y attendre non seulement de la part de la bien-pensance de l'époque, mais de tous ceux qui nombreux baignaient alors dans un optisme que rien en fait n'expliquait pourtant pas rationnellement sur le plan des agrégats, dun point de vue politique, scientifique et économique, ce livre fut non seulement accueilli avec scepticisme, mais fut aussi l'objet d'une polémique et d'une controverse soutenues et  exacerbées. 

Soixante-deux ans après, n'en déplaise à ceux prônent malheureusement l'arrêt du temps,  maintenant que beaucoup d'eau a coulé sous les ponts toujours rudimentaires, bâtis sur les fleuves qui arrosent les pays au sud du Sahara, le moment d'un bilan d'étape est irrémédiablement venu. Et en s'y soumettant, on doit en effet commencer par se demander qu'en est-il réellement à présent dans les 54 États que compte le continent, du développement réel dont le but ultimeest de rendreles populations du continent heureuse ? Les fruits ont-ils finalement tenus la promesse des fleurs ? Puisque depuis, comme dit précédemment beaucoup d'eau a bien naturellement coulé sous les ponts des fleuves et rivières toujours en matériaux locaux pour l'immense majorité d'entre eux, des ouvrages dont la rusticité ne permet malheureusement pas de traverser en toute sécurité les nombreux cours d'eau qui fertilisent le continent,  la question devrait forcément être remis à l'ordre du jour et posée sur la table. 

Et à l'examen objectif des faits, l'on doit reconnaître entre autres choses malheureusement, que cette prédiction/affirmation de René Dumont reste non seulement toujours d'actualité, mais qu'elle n'a toujours pas non plus été démentie dans ce qu'il peut être donné à chacun d'observer lui-même concrètement. En effet, si l'on exepte un tout petit nombre d'îlots de relarive prospérité et de coherence politique au nombre desquels figurent le Botswana et le Rwanda, deux petits pays en taille mais grand en ambition, qui parviennent assez bien à tirer leur epingle du jeu, dans le système de l'économie de marché transposée sous les tropiques, si l'on accorde également un certain satisfecit à des pays comme la Tanzanie, le Kenya, l'Ouganda et la Zambie qui font preuve d'une honorable résilience et de sérieux dans la quête des voies et moyens qui sont nécessaires pour  résorber le sous-développement, si l'on inclus dans ce panel, d'une part, le cas du Sénégal qui s'illustre dans la stabilité et la régularité dans l'alternance au sommet de l'Etat, et d'autre part, du Mali, du Burkina Faso et du Niger, les trois pays de la Confédération des États du Sahel qui ont résolument fait le choix politique et idéologique de revenir aux fondamentaux négro-africains et qui cherchent leur voie dans un souverainisme qui se situe aux antipodes des sentiers éculés et battus du modèle occidental de l'Etat importé qui trône majestueusement dans la sphère du pré-carré que constituent les pays d'Afrique centrale, force est malheureusement de constater que l'horizon de la quasi totalité des autres pays au sud du Sahara est loin d'être clairement dégagé. Et, sans exagérer, on pourrait même plutôt dire qu'il s'est davantage assombri. 

Pour le panafricanisme politique éclairé, responsable et assumé qui entend ouvrir de nouvelles perspectives historiques, la question qui se pose est alors celle de savoir quand est-ce qu'il y aura finalement pour l'ensemble de la communauté des pays négro-africains, la nécessaire sortie du tunnel néocolonial fondamental dans lequel barbotent encore peu ou prou tous les pays d'Afrique noire, dont parlait il y a soixante-deux ans René Dumont ? A quand pour l'Afrique,  "Le Temps des Cerises", cet hymne de liberté composé par Jean-Baptiste Clément en 1871 pour la Commune de Paris.

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