CAMEROUN :: Vincent Sosthène Fouda : « voici pourquoi nos enseignants partent » :: CAMEROON
© Correspondance : Vincent Sosthène Fouda | 19 Feb 2024 08:02:05 | 4892Depuis le mois de novembre 2023, à travers de petits articles publiés çà et là j’essaye d’attirer l’attention de nos décideurs sur l’expatriation de masse de nos enseignants. J’ai avancé le chiffre de 35 000 rien que pour l’année civile 2023. Il a donc fallu au moins 7 articles et les vœux de fin d’année pour que nos décideurs sortent de leur léthargie. Les ministres, les autorités policières et le président de la République ont réagi.
Si le Chef de l’État dans son traditionnel message à la jeunesse le 10 février 2024 a sensibilisé et inciter les jeunes à ne partir à tout prix, à tous les prix, les ministres eux sont directement passés à la sanction; deux milliers d’enseignants ont vu leur salaire suspendu. La police des frontières a instruit ses agents afin de refouler les enseignants qui se présentent à leur poste.
Mais jusqu’ici personne ne se demande pourquoi les enseignants partent ou sont tentés de partir ?
Un employé qui s’ennuie risque de perdre sa motivation, de faire un bore-out, et aller voir rapidement ailleurs, pour trouver une structure, une administration, un pays, qui utilise efficacement ses capacités et où il se sentira utile. Cependant, attention, il ne s’agit pas de déléguer n’importe quelle tâche sans intérêt pour simplement «occuper» ses équipes !
C’est d’abord à l’intérieur de la fonction publique qu’il y a transhumance. En effet, parmi les enseignants suspendus de solde par la ministre des enseignements secondaires, pour absence irrégulière, beaucoup ont tout simplement changé d’administration tout en demeurant des fonctionnaires. Ils ont quitté l’enseignement secondaire pour l’université, ils sont allés grossir les rangs d’autres ministères avec la certitude d’un meilleur traitement...
1- Pas de challenge
En effet, dans la suite logique du point précédent, ne pas avoir assez de travail, n’être pas reconnu dans ce que l’on offre, ou bien devoir effectuer des tâches sans réel intérêt, sans véritable valeur ajoutée, risque de lasser les enseignants. Pour beaucoup, il n’y a rien de pire que la stagnation et l’immobilisme, car on ne les aide pas à développer leurs compétences, à dépasser leurs limites ou à voir plus loin. Il est fréquent que les enseignants partent vers d’autres horizons, simplement parce qu’ils n’ont plus aucun challenge dans l’entreprise, ils ont l’impression de faire du sur-place. Des exemples ? Dans les années 90 le département du Dja et Lobo comptait un lycée général et un lycée technique pour 4 ou 5 arrondissements et districts.
Aujourd’hui ce département compte plus d’une soixantaire de lycées. On retrouve des lycées dans des villages comptant moins de 100 habitants. Les enseignants affectés dans ces localités n’ont même pas où se loger. On assiste à des phénomènes surréalistes où l’on voit une jeune enseignante nouvellement sortie de l’ENS affectée sans salaire dans une zone reculée du pays qui se voit obligée de se mettre en colocation avec le propriétaire d’une case et de partager aussi son lit.
2- Manque de considération
Quand on parle de considération, ou de reconnaissance du travail bien fait, cela peut être un simple mot de félicitations, des compliments publics, une prime, une augmentation du salaire… Bref, une attention portée à l’employé qui fait bien son travail. Malheureusement, les ministères en charge des enseignements négligent cela au Cameroun, pas nécessairement par méchanceté ou désintérêt, mais peut-être par manque de temps, par oubli, ou à cause du stress de la situation. La conséquence sur le long terme ?
L’enseignant risque de perdre sa motivation et quitter le navire. Cependant, il suffirait la plupart du temps d’une simple attitude pour changer la mécanique, et montrer à l’enseignant tout le respect et l’estime qu’on a pour son bon travail. C’est quoi le profil de carrière des enseignants camerounais? Après combien d’années de carrière peut ont prétendre être nommé coordinateur pédagogique? Surveillant de secteur, surveillant général, proviseur etc? Pourquoi un tel flou?
Pourquoi un enseignant peut passer 20 ans de sa carrière au sein d’un même établissement sans pouvoir bénéficier ni d’une affectation ni d’une quelconque revalorisation alors que d’autres, présents sur les plateaux de télévision le dimanche deviennent des analystes et commentateurs de l’actualité politique qu’on en vient à se demander à quel moment ils sont à leur poste.
Une chose est sûre, si l’État prêtait tant soit peu attention à l’évolution de la carrière de ses enseignants, ceci les reboosterait et les aiderait à consacrer tout leur temps à rendre encore plus fier leur administration. La reconnaissance agit sur la performance et l’engagement mais aussi sur la fidélisation des talents.
3- un dernier point puisqu’il faut conclure
Dans la pléthore d’écoles, de collèges, de CETIC-CETIF, lycées ouverts dans l’arrière-pays, qui sont les fonctionnaires qui y scolarisent leurs enfants? L’enseignant-parent qui n’a pas où se loger ne se déplace pas avec sa famille, il y va seul, le sous-préfet, le commandant de brigade, l’officier de police, l’infirmier, personne ne s’installe dans ces coins qui semblent exclus de la République. Il y a moyen de faire mieux, l’action n’est ni dans le discours ni dans la sanction.
C’est dans le domaine de la science expérimentale, comme le souligne Maurice Blondel, c’est sous le signe de l’agir que s’exécutent les travaux en laboratoire, que s’acquièrent des notions opératoires, que s’entassent des matériaux précieux, que progresse le savoir. De la même manière, beaucoup d’œuvres philosophiques, sociologiques camerounaises, se présentent comme des essais pour guider la réflexion vers une productivité administrative ou de gouvernance; leurs démarches s’inscrivent dans la ligne d’un positivisme constructeur et constructiviste. Il faut s’en inspirer pour administrer. Gouverner c’est autre chose. Voilà qui traduit pour nous l’urgence d’un examen de l’action gouvernementale dans le cas bien précis des enseignements et de leurs ouvriers.
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