La candidature de Paul Biya à l’élection présidentielle d’octobre 2025 ne fait plus aucun doute. Entre campagnes d’affichage financées par le cabinet civil, remaniements au sein du RDPC, et une stratégie de communication politique agressive sur les réseaux sociaux, tous les signaux convergent. L’annonce officielle serait une formalité, tout comme la nomination de la Martiniquaise Nadia Murte pour piloter cette campagne. Analyse d’une machine électorale en marche.  

1. Un candidat-président : La stratégie de l’évidence  
Depuis 1982, Paul Biya règne sans partage sur le Cameroun. En 2025, il pourrait franchir le cap des 49 ans de pouvoir, un record mondial pour un dirigeant non monarchique. Les récentes actions du RDPC – publication quotidienne de tweets ciblant les jeunes, affiches géantes dans les villes – visent à ancrer l’idée d’une candidature « naturelle ». Un procédé classique pour un régime qui mise sur la continuité plutôt que le renouveau.  

2. Nadia Murte : Une communicante aux commandes  
Le choix de Nadia Murte, experte en stratégie digitale, révèle une volonté de moderniser l’image d’un président octogénaire. Cette Franco-Martiniquaise a déjà piloté des campagnes en Afrique et en Europe, prônant un mix entre réseaux sociaux et médias traditionnels. Son défi ? Rendre attractif un candidat associé à un système vieillissant, dans un pays où 60% de la population a moins de 25 ans.  

3. Le RDPC en ordre de bataille : Les signaux cachés  
Le remaniement du comité central du RDPC en juillet 2024 n’était pas anodin. En écartant les figures historiques au profit de cadres plus jeunes, le parti prépare une campagne axée sur :  
- La stabilité (argument phare face aux crises sécuritaires).  
- Les « projets structurants » (barrages, routes), malgré un taux de pauvreté stagnant à 37,5%.  
Cette mue s’accompagne d’un budget communication colossal, financé en partie par le cabinet civil – une pratique dénoncée par les opposants comme un détournement de fonds publics.

4. Jeunesse camerounaise : Cible prioritaire ou alibi ?  
Les tweets quotidiens du compte officiel de Paul Biya abordent désormais le chômage des jeunes (31%), l’accès à l’éducation, et même le cinéma. Une manière de séduire une génération connectée, mais sceptique : 72% des 18-35 ans estiment que « le pouvoir ne comprend pas leurs besoins » (sondage Afrobarometer 2023). Nadia Murte parviendra-t-elle à inverser la tendance avec des vidéos TikTok et des lives Instagram ? Rien n’est moins sûr.  

Un scrutin sous tension  
Si la candidature de Paul Biya semble actée, les défis restent immenses. Entre une opposition fragmentée mais déterminée, une jeunesse en quête de changement, et des partenaires internationaux exigeant plus de transparence, la campagne de 2025 s’annonce comme un test pour le régime. Reste à savoir si la communication pourra compenser l’usure du pouvoir.