Selon  le journaliste Valentin Siméon Zinga, la fonction de Premier Ministre, ou Chef du gouvernement, incarne une tension centrale au sein de l’Exécutif camerounais. Dans un système marqué par une dyarchie fonctionnelle, où se juxtaposent un hyperprésident omnipotent et un Premier Ministre aux prérogatives contestées, les guerres de préséance et les luttes de positionnement redéfinissent les équilibres du pouvoir. Un sujet brûlant, alors que Joseph DION NGUTE, actuel locataire de l’Immeuble Étoile, refuse de s’exprimer sur la pertinence de son propre rôle.  

La Dyarchie Fonctionnelle : Un Dualisme Contesté  
La dyarchie fonctionnelle, héritage institutionnel, oppose théoriquement le Premier Ministre au Chef de l’État. En pratique, cette dualité se mue en un rapport de force déséquilibré. L’hyperprésident, maître des leviers régaliens, réduit souvent le Chef du gouvernement à un rôle d’exécutant technique. Les conséquences pratiques sont palpables : lenteurs administratives, rivalités stratégiques et concentration du pouvoir entre les mains d’un seul.  

Joseph DION NGUTE : Un Premier Ministre en Retrait  
Nommé en 2019, Joseph DION NGUTE incarne les paradoxes de cette gouvernance. Malgré des promesses de Renouveau, son mandat se caractérise par une absence de visibilité politique. Les observateurs déplorent une marginalisation accrue, où le Premier Ministre évite soigneusement les prises de position publiques, alimentant les doutes sur l’utilité de sa fonction. Son refus de commenter ce sujet confirme une culture du silence entretenue par l’Exécutif.  

Gouvernance Baroque et "Renouveau" : Un Paradoxe Camerounais  
Le Renouveau, brandi comme un slogan réformateur, masque mal une centralisation croissante. Les luttes de positionnement pour contrôler les « sites de pouvoir » (médias, administration, partis) révèlent une gouvernance baroque, où le formalisme institutionnel coexiste avec des pratiques opaques. Cette ambiguïté stratégique fragilise la légitimité démocratique et renforce l’emprise de l’hyperprésident.  

Vers une Suppression du Poste de Premier Ministre ?  
La question de la suppression du poste de Premier Ministre, bien que polémique, s’impose dans le débat public. Dans un contexte d’hyperprésidentialisme, sa survie dépendra de sa capacité à incarner un contre-pouvoir crédible. Sans réformes audacieuses, la dyarchie fonctionnelle restera un mirage, et le Cameroun, un laboratoire de centralisation autoritaire.