Ghislaine Nathalie Monjap : « Nous réalisons des films pour que des populations s’y reconnaissent  »
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La présidente du festival Nda Nah s’exprime après la projection des films le 12 mars dernier à Mbankomo dans le cadre de la 40e édition du Festival du film européen.

Comment le Festival Nda Nah a été désigné point focal du festival de film européen dans la localité de Mbankomo, département de la Mefou-et-Akono ?

Nous avons été contactées par le Cinéma numérique ambulant, partenaire du festival de film européen. Au cours d’une soirée le 8 mars à la résidence de l’ambassadeur de l’Union européenne. A cette occasion, notre festival a été désigné pour organiser la séance de projection à Mbankomo. Ceci du fait de l’expérience que nous avons dans ce genre d’activité surtout en zone rurale. Aussi parce que nous avons une bonne connaissance de l’environnement culturel dans le département de la Mefou-et-Akono, notamment dans le domaine cinématographique. Nous sommes particulièrement heureux d’avoir réussi à rassembler plusieurs amoureux du cinéma à un lieu qui n’en a pas l’habitude.

Comment les autorités de la ville ont accueilli cette activité ?

Les autorités de la ville étaient très contentes et ont accueilli la caravane du Cinéma numérique ambulant à bras ouverts. Notre reconnaissance va à l’endroit notamment du maire de la commune de Mbankomo qui a réagi promptement et positivement, en mettant aussitôt les petits plats dans les grands pour la réussite de cet événement. Nous lui disons sincèrement merci pour avoir pris de bonnes dispositions logistiques (salle, chaises) pour que nous nous installions dans de meilleures conditions. Nous avons saisi cette occasion pour observer une minute de silence à l’effet de rendre hommage à l’actrice Mebara, l’une des pionnières du festival Nda Nah décédée l’année passée des suites de maladie. Nous avons regardé les films produits dans la localité et par ses populations : « le sac et l’unité » sont projetés sur écran géant. Les cinéphiles se sont également délectés de deux autres courts métrages : « le soulard », réalisé par les jeunes du village Ovangul 3 ; et « le tramadol » par les élèves du Lycée de Ngoumou. Des films de niveau international ont été également diffusés : le moyen métrage camerounais, « jardin secret » et le court métrage sénégalais « les yeux de mabil »

Quelle est la particularité du festival Nda Nah ?

Le festival Nda Nah est né du fait que les populations des zones rurales n'avaient pas accès au cinéma. Notre approche a été de créer cette plateforme qui nous permet dans un premier temps de former les populations désireuses aux différents métiers du cinéma. Ainsi, nous avons organisé la première édition du festival en 2023 à Akono. Nous avons formé une trentaine de personnes (jeunes filles et femmes) au jeu d’acteur, à l’écriture des scénarios, à la réalisation et aux métiers techniques. Le défi étant de réaliser des films pour que les populations puissent se reconnaître dans ce cinéma-là. Le prétexte est ici de passer par le cinéma, comme expression artistique pour créer les passerelles de développement. Il est clair que chaque localité à ses réalités, ses difficultés, mais aussi ses ressources devant impulser ce développement. Nous mettons l’accent surtout sur la condition féminine : la jeune fille en milieu scolaire et la femme rurale en milieu associatif. Mais davantage pour leur inculquer l’esprit entrepreneurial. Au terme des deux premières éditions (2023 et 2024), nous avons pu réaliser une dizaine de films avec une démarche artistique tirée de l’environnement local et avec un modèle économique efficient pour des résultats efficaces. Le festival se veut itinérant. Nous choisissons des zones névralgiques où les conditions rurales sont particulièrement difficiles.

Quels sont les retours que vous avez de la participation des femmes à la masterclass du 11 mars dernier au Centre culturel Ubuntu à Yaoundé et animée par Elise Kameni et Frank Thierry Lea Malle ?

Nous avons des retours très positifs car elles participaient pour la première fois à une masterclass hors d'Akono. Elles disent avoir beaucoup appris et ont été boostées à écrire plus tout en améliorant leurs regards pour une production avec le festival Ndah Nah de leurs futurs courts métrages. Nous disons merci au Cinéma numérique ambulant pour cette opportunité qui s’offre à nous. Les femmes sauront capitaliser sur ces aspects théoriques et pratiques qui leurs ont été dispensés. Nous croyons comme fer que cela va nettement améliorer la qualité de nos productions.

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