Fadimatou Iyawa Ousmanou : Le courage d’une femme devant la BAS
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Si je ne raconte pas la personnalité de cette femme que j’ai vue en action à Bruxelles lors de l’assaut de la BAS, ce serait passer à côté d’un moment clé de l’histoire. En tant qu’écrivain chargé de relater les événements du présent, je sais que certaines expériences révèlent la véritable nature des hommes et des femmes, les poussant à des décisions décisives. C’est ainsi que Rosa Parks, par un simple refus, a déclenché la lutte pour les droits civiques et inspiré Martin Luther King à se lever contre la ségrégation raciale. C’est ce même élan que j’ai perçu chez cette femme lorsqu’elle s’est relevée après le choc causé par l’irruption de la BAS à Bruxelles.

Elle était au perchoir, son discours captivait l’audience et chaque phrase était acclamée. Puis, soudain, les cris assourdissants de la BAS vinrent troubler son allocution. La panique fut immédiate et générale. Par un jour aussi glorieux qu’exaltant pour tout femme  politique, face au ministre de la République, à l’ambassadeur du Cameroun dans ce pays d’accueil, à un parterre d’hommes d’affaires camerounais et européens, ainsi qu’à de nombreux invités et étudiants venus des quatre coins du monde, elle a cru voir son discours s’interrompre avant d’avoir pu exprimer tout ce qu’elle avait préparé. Elle ne pouvait l’accepter. Chacun aspire à un tel moment dans sa vie, et pourtant, la BAS a osé troubler cette séance. Elle ne pouvait le tolérer. Elle a subi le choc et puis elle s’est relevé.

La BAS, une organisation bien rodée, excelle dans l’art de semer la terreur. Lorsqu’ils interviennent, la première vague provoque un chaos total, un sentiment de catastrophe imminente. Des individus bien entraînés, capables de pousser n’importe qui à fuir, même en sautant d’une fenêtre du cinquième étage, si la panique les y contraint. Ce jour-là, nombreux furent ceux qui cherchèrent une issue de secours sans la trouver, prêts à se jeter dans le vide tant la peur était écrasante. Outre la panique, la BAS utilise sa tactique éprouvée : elle déverse une farine mélangée à des pigments irritants, aveuglant et suffoquant l’assemblée. En quelques minutes, ils accomplirent leur mission : coups, bousculades, insultes, destruction méthodique. Leur organisation est millimétrée : un premier groupe mène l’assaut, un second capte  l’instant en vidéo et photos, et un troisième sécurise la sortie. Puis, en un éclair, ils disparaissent. C’est au  milieu de cette tourmente que madame Fadimatou Iyawa Ousmanou, qui tenait encore son discours, fut brutalement interrompue.

Dans la confusion et l’air saturé de farine, elle a chuté violemment. Son sac, contenant ses documents officiels et ses carnets de notes, au même instant avait disparu. Sous le choc, elle perdit connaissance. Il fallut l’intervention de cinq personnes pour la ranimer. Pendant près de vingt minutes, elle est restée sonnée, des larmes s’échappant sur ses joues. Puis on a retrouvé son sac, aussitôt elle a  repris  son souffle et ses esprits. C’est alors que le ministre, disparu dans la cohue et réapparu comme par miracle, ordonna de remettre la salle en ordre pour poursuivre la séance.

À cet instant, alors que tout semblait fini, une voix s’éleva, puissante et déterminée : celle de Madame Fadimatou Iyawa Ousmanou. Contre toute attente, elle se releva, telle une amazone, revêtit son boubou et reprit le micro. Son discours fut historique, digne des plus grandes figures de la résistance. Elle déclara avec force : « Applaudissez…pour vous-mêmes, car nous sommes des lions indomptables, et nous ne nous laisserons pas abattre ! » Elle s’avança alors au centre de la scène, s’adressant directement à la jeunesse camerounaise : « À ceux qui ont voulu nous faire peur, sachez que nous n’avons pas peur. Nous disons non, et nous ripostons ! La jeunesse camerounaise n’est ni incivique, ni irresponsable. J’ai mal de voir des frères et sœurs s’attaquer les uns aux autres. Où est passée leur conscience ? C’est inhumain, irrespectueux, indigne ! Mais nous ne sommes pas cette jeunesse négative que vous voulez voir. À partir d’aujourd’hui, nous nous battrons encore plus fort. Depuis 2018, je suis présidente nationale de la jeunesse, et ce combat, je le mènerai sans relâche ! »

Ses paroles résonnèrent comme un électrochoc. Les invités, qui étaient encore sous le choc, se redressent fièrement sur leurs sièges. Ceux qui, pris de panique, avaient fui la salle, revinrent, galvanisés par son courage. Même nous, Nyassa Soleil et moi, postés à la porte, prêts à fuir en cas de nouvelle attaque, retrouvâmes nos places. Cette femme venait de nous redonner espoir. Dans l’histoire des luttes, les femmes ont toujours joué un rôle décisif. Lorsqu’elles prennent la tête du combat, les hommes n’ont d’autre choix que de suivre. Ce soir-là, Fadimatou Iyawa Ousmanou a prouvé qu’elle était de cette trempe.

J’ai découvert une femme capable de tenir un discours puissant, sans notes, avec une conviction inébranlable, au cœur même du danger. Elle a  incarné la douleur et la colère d’une femme  blessée, osant dire tout haut ce que d’autres n’osaient murmurer en ce moment précis. Ce que j’ai vu ce jour-là n’était rien d’autre que la naissance d’une étoile, d’une femme dont la flamme ne s’éteindra plus. Fadimatou Iyawa Ousmanou n’a pas seulement résisté, elle a inspiré.  Il est essentiel que ceux qui n’étaient pas présents connaissent les faits. Elle mérite d’être connue et célébrée. Son courage, alliant dignité et détermination, brisera un jour toutes les barrières dressées devant elle  et ouvrira la voie à un triomphe politique. Le Cameroun a besoin de femmes comme elle, des figures rayonnantes,  capables d’éclairer l’avenir avec force et espoir.

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