UN CHEF DE « VILLAGE » REBELLE A NYABOEM HAMEAU PRES DE YASSEM DANS MBAM ET KIM
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CAMEROUN :: UN CHEF DE « VILLAGE » REBELLE A NYABOEM HAMEAU PRES DE YASSEM DANS MBAM ET KIM :: CAMEROON

Il s’appelle Katou Djam Maleki, chef de quartier de Nyaboem, un petit hameau dépendant du village Yassem, dans le Mbam-et-Kim, arrondissement de Yoko.  Le chef de village Yassem  est Sanda Oumarou. Le sieur Katou Djam Maleki  a décidé d’ériger son quartier en chefferie de troisième degré sans aucun décret ni acte administratif. Il affirme avoir reçu en rêve la visite d’un ancêtre qu’il a reconnu et  qui lui aurait recommandé d’ériger son quartier en chefferie traditionnelle autonome. Se sentant investi d’une mission, il considère qu’il est obligé d’accomplir cet acte. Katou Djam Maleki est chasseur et père de nombreux enfants. Après avoir rassemblé ces derniers – car il n’y a aucun habitant  sur cette parcelle de terre –, il leur a confié la mission de se tenir prêts à accomplir une mission divine et à défendre leur territoire. Obnubilé par le pouvoir, il aurait, selon certaines sources, sollicité l’appui de chefferies influentes afin de se placer sous leur allégeance et ainsi accéder au statut de chef de village. Tout porte à croire que certaines personnes en mal d’hégémonie seraient complices de ce futur désordre, qui menace la quiétude de Yassem, un havre de paix jusqu’à présent.

Chasseur depuis son enfance, Katou Djam Maleki est fasciné par le pouvoir. Avec un tel projet qui en surprend plus d’un, il semble vouloir concrétiser une ambition expansionniste dont on parlait autrefois dans les régions du Mbam-et-Kim. Certains chefs ont, en effet, promis d’agrandir leur territoire par tous les moyens, incluant Yassem dans leur giron. Ce village, prisé pour sa montagne et sa forêt luxuriante, attire des chefferies véreuses, avides de notoriété et d’argent. Des chefs de quartiers auraient été approchés et incités à recevoir de l’argent en échange de leur soutien à la création de dissensions dans les petits villages dépourvus de chefs intellectuellement influents. Toutefois, ces derniers sont restés loyaux à la chefferie de Yassem. Le chef Sanda Oumarou, à l’image de son père Mbatti Benjamin, est un homme sage et observateur. Doté d’un grand sens de l’entregent, il préfère attendre et analyser la situation avant d’agir. Cependant, les autorités compétentes ainsi que la haute administration ont été saisies de cette affaire.

Katou Djam Maleki est un homme à problèmes, connu pour son opposition au régime de Yaoundé. Depuis le discours virulent du ministre de l’Administration territoriale au sujet de l’élection présidentielle, l’homme s’est radicalisé et a décidé de créer son propre bastion afin de barrer la route au RDPC dans ce qu’il veut « baptiser » son territoire. Là d’ailleurs  n’est pas un souci, c’est son droit. Même si   depuis sa création, le village de Yassem est un fief acquis au RDPC Katou Djam est libre d’exprimer ses opinions politiques. Mais le mal c’est quand il incite  à la rébellion. Katou Djam Maleki est décidé et  à s’approprier la zone pour y imposer une nouvelle dynamique politique. Réussira-t-il ?  Le candidat naturel dans cette région  reste le président Paul Biya.

L’homme est  incivique, il refuse de participer aux « jeudis administratifs », une initiative instaurée par le chef du village pour assurer la propreté du village. En effet, chaque jeudi, les habitants du village de Yassem se réunissent pour nettoyer les espaces publics et entretenir les routes, une action collective qui vise à maintenir un environnement sain et harmonieux. Cependant, Katou Djam Maleki refuse systématiquement d’y participer, affirmant que « ce n’est pas à un futur chef de troisième degré de balayer les rues comme un simple villageois ». Non seulement il s’abstient de toute contribution, mais il tente aussi d’influencer d’autres habitants pour boycotter cette activité collective, estimant que c’est au régime d’en assumer la responsabilité.

Voyant que les villageois  ne le suivaient pas et convaincu de sa légitimité en tant que « chef autoproclamé », Katou Djam Maleki a fait abattre dans la forêt plusieurs arbres gigantesques considérés comme sacrés à Yassem. Il aurait même procédé à la vente illicite de terrains. Il prétendait que cette parcelle faisait désormais partie de son « royaume ». L’homme serait également réputé pour sa violence et se serait éloigné du village afin de trouver un terrain tranquille où il pourrait battre ses femmes en toute impunité, comme il en avait l’habitude. Il sème la terreur parmi elles, imposant une autorité absolue où la femme n’a aucun droit à la parole. L’une de ses épouses, qui avait osé lui désobéir, a été chassée en pleine nuit sous une pluie battante, après avoir été violemment frappée à la tête avec un pilon.

Lors des réunions où il est souvent convoqué, il ne se présente jamais. Et lorsqu’il daigne y assister, c’est pour créer le désordre. Katou Djam Maleki arrive, croise les pieds et, en pleine séance des anciens, se lève pour interrompre la réunion, proclamant à voix haute le texte du rêve qu’il garde toujours dans sa poche. Face à cette attitude irrespectueuse, les notables lui ont demandé de quitter les lieux, mais il est resté sur place en provoquant un tumulte, au point que la cérémonie a dû être écourtée. Pour légitimer son projet, il a imprimé des tracts appelant les villageois à le soutenir dans son ambition, promettant de distribuer des parcelles de terre à tous les descendants. Il a même déjà préparé sa tenue de chef de troisième degré. Certains, surpris par son initiative, lui ont demandé si sa démarche était légitime. Il aurait répondu qu’au Cameroun, « tout est possible ».

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