QUI EST LE POETE SERGES NGOUNGA ?
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FRANCE :: QUI EST LE POETE SERGES NGOUNGA ?

Serges Ngounga, est une figure majeure de la poésie camerounaise. Son œuvre, couronnée par de nombreux ouvrages ( Vision et Grandeur du Peuple Bamoun, Les racines du Bien et la Parenthèse Enchantée, le Ngon expliqué à mon Fils,  Eugène Njo Léa, Trajectoire d’un Homme en avance sur son temps),  s’inscrivent  dans une quête d’absolu où le souffle poétique transcende les frontières du temps et de l’espace. Bien que né et très attaché à son Cameroun, il a mené une vie marquée par les voyages  et le cosmopolitisme ;  ce qui confère à sa poésie une dimension universelle et intemporelle. Pourtant, malgré son éloignement de sa terre natale, son œuvre n’en demeure pas moins marquée  d’échos camerounais, notamment dans son rapport à la nature, à la mémoire et au mythe. Hier on l’a vu à l’œuvre au cours de la journée du  livre africain de Paris. Cet article explore les valeurs poétiques fondamentales de Serges  Ngounga et la manière dont son œuvre résonne dans l’imaginaire camerounais au sein de la diaspora en particulier dans son rapport au peuple du Cameroun et à l’identité du grand peuple Mbamoun.

Un Poète de l’Exil et du Grand Large

Serges Ngounga est un poète du voyage, du mouvement, du déracinement. Son œuvre est traversée par l’expérience de recherche, à la fois subi et sublimé. Loin d’être une simple nostalgie du pays natal, son écriture transforme l’errance en quête spirituelle, où la mémoire de la terre natale se mue en un paysage intérieur. Dans « Les racines du BIEN et la parenthèse enchantée », recueil publié il y a quelques temps, et marqué par des douleurs, l’homme  célèbre la luxuriance des paysages Foumbanais, le rythme du vent et des marées, l’éclat du soleil qui plane sur son peuple. Pourtant, il ne s’agit pas d’une poésie ancrée dans une identité locale ou revendicative, mais d’un regard métaphysique où la nature est perçue comme un élément cosmique, un théâtre de forces élémentaires. La journée du livre et l’AMACAD amicale des écrivains de la diaspora  qu’il dirige  marque un tournant : désormais, son écriture se nourrit davantage d’un lyrisme épique où l’homme est confronté à l’immensité du monde. Cette vision, bien que plus éloignée des du Cameroun concret, rejoint néanmoins un sentiment profondément camerounais : celui d’une identité en mouvement, d’une appartenance à la fois insaisissable et multiple.

La Nature et le Mythe : Une Poésie Cosmique

L’une des grandes forces de la poésie de Serges Ngounga  réside dans son rapport à la nature, perçue non comme un simple décor, mais comme une force primordiale, vivante et indomptable. Ce lien profond avec les éléments – l’eau, le vent, le feu – résonne fortement avec la sensibilité camerounaise, où la nature a toujours occupé une place centrale dans l’imaginaire collectif. Dans  vision et grandeur du peuple Mbamoun, le temps  et le peuple deviennent des entités mythiques, des forces intemporelles qui traversent l’histoire et les civilisations. Cet imaginaire est particulièrement parlant pour le peuple Mbamoun, dont l’histoire est intimement liée à l’histoire du Cameroun  : espace de départ et d’arrivée, de séparation et de rencontre, de douleur et d’espoir. De même, l’importance du mythe et de la mémoire dans son écriture rejoint certaines traditions camerounaise, notamment celles issues de l’oralité et du conte chez Tikar. Bien que sa poésie soit souvent perçue comme hermétique et abstraite, elle s’enracine  dans une quête d’origine et de transcendance qui trouve un écho dans les récits fondateurs comme les écrits de Jean Ikellé Matiba, Sengat  Kuo, Léopold Sédar Sengor, Aimé Césaire.

Un modèle de liberté poétique

Son usage du vers libre, sa recherche d’un souffle ample et lyrique, vont influencer  de nombreux poètes camerounais, notamment Aimé Césaire. Bien que ce dernier ait suivi une voie radicalement différente en adoptant une poésie engagée et enracinée dans la négritude, il partage avec Serges Ngounga  cette volonté de faire de la langue un instrument de puissance, de créer une parole qui transcende les cadres conventionnels. L’œuvre de Serges, bien qu’éloignée des préoccupations politiques et sociales des Camerounais, pose néanmoins une question essentielle : celle de l’appartenance et des voyages. Son parcours illustre une forme d’errance intellectuelle qui résonne avec les questionnements identitaires des peuples, souvent partagés entre plusieurs cultures, plusieurs héritages, plusieurs langues.

Un rapport universel au monde

Enfin, la poésie de Serges Ngounga  offre à la diaspora un regard sur le monde qui dépasse le cadre local ou postcolonial. Son approche cosmique, sa vision d’un homme en dialogue avec l’univers, rappellent que les camerounais  ne sont pas seulement un lieu marqué par l’histoire coloniale, mais aussi un espace ouvert sur le monde, en perpétuelle réinvention. Par son souffle puissant et sa vision élargie du monde, transcende les frontières et les appartenances. Si son œuvre ne s’inscrit pas directement dans le cadre de la littérature  revendicative, elle n’en demeure pas moins porteuse de résonances profondes pour les peuples bantous, en particulier dans son rapport avec le lointain, à la nature et à la mémoire. Par son écriture, il rappelle que l’identité ne se fige pas, qu’elle est un voyage, une quête perpétuelle. Dans un espace comme le Cameroun, marqué par la diversité et le métissage, cette leçon demeure d’une grande actualité. Le poète Ngounga  éclaire désormais  ceux qui cherchent dans la poésie une force de dépassement et un souffle d’éternité.

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