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© AFRIKSURSEINE : Ecrivain; Romancier Calvin DJOUARI
- 17 Mar 2025 11:03:26
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FRANCE :: Livre africain: Une Conférence pour Finir la Journée du Livre africain de Paris
L’Écriture Camerounaise en Héritage : Une Conférence pour Finir la Journée du Livre africain de Paris
À l’occasion de la Journée du Livre de Paris, l’AMACAD, association des écrivains camerounais de la diaspora, avait prévu une conférence à 17 h, d’une durée de 1 h 30. Les panélistes, soigneusement sélectionnés, étaient invités à partager leur parcours littéraire et leurs œuvres. Autour de la table se trouvaient la jeune Priscillia Manga, venue d’Algérie, Célestin Edjangué, Serge Ngounga, Nathalie Oyono, Nja Kwa et moi-même, en qualité de modérateur. À l’heure convenue, j’ouvris la conférence avec un discours introductif. Après les mots de bienvenue, j’exprimai ma joie de célébrer le livre africain, ce précieux compagnon qui éclaire les esprits en quête de vérité, guide sûr qui oriente et élève. Le livre est le messager du savoir, le dépositaire des pensées et des méditations profondes, sculptant les âmes et préservant la mémoire des civilisations passées.
Le Cameroun était à l’honneur. Cette terre d’histoire, où résonnent encore les échos lointains de cultures ancestrales, a révélé au monde ses écrivains dès 1954 avec « Ville cruelle » de Mongo Béti. Par la suite, d’autres figures majeures ont marqué la littérature camerounaise : Ferdinand Oyono, Guillaume Oyono Mbia, Sengat Kuoh, Elonlogue Epaya Yondo. Aujourd’hui encore, des plumes comme Calixte Beyala, Gaston Kelman, Amadou Djali, Leonora Miano, Eugène Ebodé et Hemley Boum, Celestin Edjangue, Serges Ngounga, ABdelaziz Moundé, Samuel Nja Kwa, Sandrine Fansi, Nathalie Oyono, Jeanne Louise Djanga, Max Assomo, Sabine Mengue, Priscillia Manga et Calvin Djouari continuent d’écrire l’histoire de nos lettres.
Hier soir, il y avait donc ce vivier d’écrivains, qui mènent l’écriture aujourd’hui de manière différente que celle des ténors, que j’ai cités plus haut ; ils ne sont pas de ceux qui veulent changer le monde par un mélange d’abstraction dans lequel la raison blanche est mariée à l’émotion, nègre, mais ils sont les produits de la culture camerounaise à laquelle ils sont enracinés. Fidèle à l’adage latin « Molto no Molta » – dire l’essentiel quand on ne peut tout dire –, ils se sont exprimés avec rigueur, animés par le souci de transmettre.
Le premier honneur revint à Priscillia Manga, cadre à l’ambassade du Cameroun en Algérie, arrivée quatre jours plus tôt pour l’événement. Elle a évoqué son parcours et les motivations qui l’ont conduite à l’écriture. Son ouvrage « Et si ? », paru il y a un an et déjà primé, aborde les maux de notre société contemporaine, notamment les violences faites aux femmes. Ensuite, Samuel Nja Kwa a pris la parole. Il nous présenta ses ouvrages consacrés à Manu Dibango, artiste voyageur et source d’inspiration. Véritable historien de l’instant, il démontre comment l’art transcende les idéologies pour atteindre une expression pure et universelle. Pour lui, tout artiste, en créant, défend une cause, exprime une vision du monde, une sensibilité, une émotion. Son propos rappelle que l’art peut être interprété de multiples façons, selon le regard de celui qui l’observe. Son livre, à l’instar de ceux qu’il a consacrés à d’autres figures du jazz, constitue un outil précieux de mémoire.
Célestin Edjangué, que l’on ne présente plus, l’a succédé. Son engagement auprès de la jeunesse africaine est indéniable : il œuvre à leur fournir les outils du savoir, indispensables à leur épanouissement. Son livre « Trajectoire, d’un homme en avance sur son temps » écrit à quatre mains avec Serge Ngounga, réhabilite la mémoire du footballeur Njo Léa et rend à cet homme toute sa grandeur. Il rappelle également les objectifs de l’AMACAD, cette association dynamique qui, en moins d’un an, a su s’imposer dans l’arène du savoir africain en diaspora. Puis vint le tour de Nathalie Oyono, dont les œuvres allient histoire des races et géographie des peuples. Elle a évoqué avec passion son parcours, la densité de son travail et son exploration d’une identité retrouvée.
Pour clore la conférence, le président Serge Ngounga a pris la parole. Il a apporté la chaleur qui manquait encore dans la salle, révélant son talent de poète et d’artiste complet. Son art, fait d’intensité, traduit la force de la poésie à transmettre des messages puissants. Il écrit, lit, met en scène, allie le mot et le geste, faisant ressentir aux spectateurs rythme, musicalité et incantation. Son talent singulier fait de lui une voix essentielle pour la Diaspora. Par ses œuvres, il redonne à cette communauté sa noblesse, symbolisant le lien avec les écrivains du passé et la mémoire présente. À travers ses poèmes, où la nature et l’homme deviennent métaphores, il sublime la beauté de la vie et de l’écriture.
Parlant de lui, j’ai partagé avec l’assistance une anecdote : un jour, à la gare de Lyon, il me fit découvrir un de ses poèmes. Un Italien, sur le point de prendre un train pour Rome, refusa de monter à bord, tant il était absorbé par la puissance du texte. Il préféra manquer son train plutôt que d’interrompre son écoute. La conférence s’acheva dans un climat d’effervescence intellectuelle, ponctuée par des échanges nourris et enthousiastes. Hier soir, nous avons dignement célébré et représenté le Cameroun de l’écriture. Il convient de noter que l’événement s’est déroulé dans la salle Mongo Béti.
Une heure auparavant, Calixte Beyala, véritable star de la cérémonie, avait animé une conférence sur l’africanité, attirant une foule admirative. Pour conclure la soirée, j’ai rappelé à l’auditoire qu’il existe des écrivains camerounais qui méritent d’être lus. L’écriture au Cameroun est semblable au football : il y aura toujours des génies. Nos penseurs débordent de créativité ; il y aura toujours des ambassadeurs des lettres, des magiciens des mots, des fées de l’écriture. Les auteurs présents hier l’ont démontré par leur courage d’écrire et de publier leur pensée. L’écriture est un acte de générosité. Il ne suffit pas d’avoir du talent : il faut partager, aider à faire connaître les autres. C’est notre devoir à l’AMACAD. Dans le monde littéraire, seule la générosité permet d’évoluer.
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