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© Camer.be : Avec Moussa Njoya
- 15 Mar 2025 11:58:12
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Tribalisme et politique au Cameroun : une illusion de solidarité ? :: CAMEROON
Le tribalisme demeure un facteur clé des tensions politiques et sociales au Cameroun. Dans le discours des plus fervents partisans de cette idéologie, l’ennemi viendrait toujours d’une autre ethnie, accusée de conspirer pour dominer ou marginaliser les autres. Pourtant, la réalité démontre souvent que les conflits les plus tenaces naissent au sein même d’un groupe ethnique.
Une vision simpliste du tribalisme
Les discours tribalistes tendent à réduire les antagonismes à une opposition entre groupes ethniques. Selon cette logique, un individu critiqué ou mis en difficulté politique ne pourrait l’être que par la haine supposée d’un groupe contre le sien. À l’inverse, ses proches ethniques seraient naturellement ses alliés et protecteurs. Cette vision simpliste repose pourtant sur une manipulation politique et une paresse intellectuelle évidentes.
Dans la pratique, les conflits et rivalités internes sont légion. Les luttes de pouvoir et d’intérêts ne s’arrêtent pas aux frontières ethniques et trouvent souvent leur source au sein même des communautés que l’on présente comme unies.
Des exemples de rivalités internes marquantes
L’histoire politique camerounaise regorge de conflits entre des personnalités issues d’une même ethnie. Le défunt président de l’UDC, Adamou Ndam Njoya, bien que perçu comme un opposant modéré à Paul Biya, entretenait une inimitié profonde avec son « cousin », le Sultan Ibrahim Mbombo Njoya. Un conflit qui perdure encore aujourd’hui à travers leurs héritiers politiques.
Autre illustration frappante : Samuel Eto’o, président de la Fecafoot, et Joseph Antoine Bell, ancien gardien et aujourd’hui Président du Comité d’orientation de l’ONIES. Malgré leur appartenance au même groupe ethnique, les tensions entre eux ne cessent de croître.
Dans le Grand Nord, le Lamido de Garoua, El Rachidine, entretient un antagonisme marqué avec Bayero Fadil, autre figure influente de la région. Cette dynamique démontre bien que les ambitions personnelles et politiques surpassent souvent les liens communautaires supposés.
Le cas du Dja et Lobo : une opposition interne révélatrice
Le département du Dja et Lobo, fief du président Paul Biya, est souvent perçu comme un bastion du pouvoir. Pourtant, l’un des opposants les plus virulents à Louis Paul Motaze, ministre des Finances, n’est autre qu’André Noël Essiane, natif de la même région. Son acharnement est partagé par d’autres figures locales comme le député Bindoua Mathurin.
Ironiquement, ce dernier, après avoir attaqué son compatriote, adopte ensuite une posture tribaliste pour dénoncer la prétendue domination d’une autre ethnie dans l’administration publique. Une contradiction qui illustre bien l’absurdité du tribalisme politique.
Une instrumentalisation politique du tribalisme
Les tensions intra-ethniques montrent bien que les conflits ne sont pas nécessairement d’origine tribale. Pourtant, certains leaders n’hésitent pas à brandir la carte ethnique pour masquer leurs propres échecs ou manipuler l’opinion. Cette stratégie permet de détourner l’attention des véritables enjeux politiques et sociaux qui affectent le pays.
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