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© AFRIKSURSEINE : Ecrivain Romancier Calvin DJOUARI
- 05 Mar 2025 10:55:55
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CAMEROUN :: Violences de Bruxelles. Décryptage du communiqué d’Atanga Nji :: CAMEROON
Dans un communiqué marqué par la fermeté et la mise en garde, le ministre Atanga Nji exprime avec force sa vision de l’ordre et de la responsabilité politique. Un texte qui restera sans doute dans l’histoire. En invoquant la maxime juridique « Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude », il insiste sur la nécessité pour chacun d’assumer les conséquences de ses actes, tout en dénonçant les dérives qu’il attribue à certains acteurs politiques. Son propos, structuré autour d’une rhétorique menaçante et imagée, vise à dissuader toute tentative de contestation et à légitimer un durcissement des mesures de maintien de l’ordre. À travers une tonalité à la fois autoritaire et prophétique, le ministre laisse entendre que l’État usera de tous les moyens pour empêcher les troubles liés aux élections de 2025. Dès lors, ce discours soulève plusieurs interrogations : comment Atanga Nji construit-il son argumentation pour imposer son autorité ? Quels procédés langagiers renforcent la portée persuasive et dissuasive de son message ? Enfin, dans quelle mesure son propos traduit-il une conception de la politique fondée sur la répression et le contrôle ? C’est à ces questions que nous tenterons de répondre à travers l’analyse de son communiqué.
Une rhétorique entre fermeté et menace
Le communiqué du ministre Atanga Nji est marqué d’un ton de fermeté, voire de menace, à l’encontre des opposants politiques. L’emploi de formules impératives et de mises en garde renforce cette impression. Le langage utilisé est un registre officiel et institutionnel, notamment lorsqu’il évoque des principes juridiques et politiques : « Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude. » « L’immunité parlementaire ne peut être invoquée en cas de désordre. » Cependant, d’autres passages basculent vers un registre plus familier et imagé, notamment lorsqu’il emploie des expressions populaires : « Se retrouver dans le pays de si je savais. » « Le séjour sera long, et même très long. » « Lorsqu’on tire trop sur une corde élastique, elle finit par rompre. » Une communication qui impose l’autorité. Le regard du ministre est ferme. Habituellement, les journalistes, souvent enclins à ironiser sur ses déclarations, n’ont cette fois-ci pas ri. Car ils ont pris au sérieux l’insistance de son expression devenue populaire : « Se retrouver dans le pays du si je savais », une formule qui vise à mettre en garde ceux qui s’opposent au régime, en suggérant qu’ils regretteront leurs actions. L’image de la corde élastique qui finit par rompre complète ses anciens proverbes et souligne l’imminence des représailles.
Ce communiqué est marqué par l’usage de figures de style à forte portée dramatique : « Le mensonge est honoré par 2000, la manipulation est amplifiée par 5000, l’appel à l’insurrection est manipulé par 10 000. » Une énumération qui dramatise l’impact des fake news et de la désinformation. « Les élections de 2025 ne doivent pas être une question de vie ou de mort. » Une opposition entre la normalité du processus électoral et l’exagération de certains acteurs politiques. Ces formules justifient les représailles annoncées par des phrases à forte tonalité autoritaire : « La patience a des limites. » « L’ordre sera maintenu partout sans la moindre complaisance. » « Les contrevenants n’ont qu’à bien se tenir. » Cependant, le communiqué cherche aussi à rassurer, en insistant sur l’organisation des élections dans le calme et la sérénité. Mais derrière ces mots se cache une détermination sans faille : « Les élections de 2025 se tiendront dans le calme et la sérénité. »
En d’autres termes, l’État frappera fort et juste. Un ministre fidèle à son style et à sa vision politique. Dans cette prise de parole marquante, le ministre Atanga Nji démontre une fois de plus son habileté à manier la rhétorique avec une fermeté qui ne laisse place à aucune équivoque. Fidèle à son style aussi, qu’il introduit par des proverbes et des images fortes, il rappelle que chacun doit assumer les conséquences de ses choix. Il illustre cette idée avec une métaphore frappante : « On te tend une assiette pour manger, mais tu préfères manger à même le sol. » Par cette déclaration, il souligne l’importance de la responsabilité individuelle et de la lucidité face aux décisions prises. Mais au-delà des mots, c’est le ton du ministre qui retient l’attention. Visiblement déterminé, il ne mâche pas ses mots et annonce avec gravité que ceux qui sèment le désordre se retrouveront bientôt dans le pays du « si je savais »… et pour longtemps. Cette mise en garde, lourde de sens, sonne comme un avertissement direct à l’opposition et à ceux qui prônent l’instabilité. Atanga Nji n’est pas un homme de compromis. Son parcours et sa formation en font une figure redoutable du régime.
Son approche rappelle celle d’un certain Agbbo Tabi, ce chancelier des années 90 qui, avec un pragmatisme implacable, ne reculait devant rien pour imposer l’ordre à l’université. L’homme, visiblement préparé à l’épreuve du pouvoir, semble avoir attendu son heure pour entrer en scène et marquer son époque comme le fit à son Augustin Kontchou Koumeiny. Le ministre ne s’exprime pas au hasard. Il intervient dans un contexte marqué par des tensions croissantes, où la violence tente de s’ériger en instrument de conquête politique. L’incident où un ministre et un ambassadeur camerounais ont été pris à partie en est une illustration frappante. Je l’ai toujours dit et l’histoire l’a prouvé : dans un pays comme le Cameroun, la violence n’a jamais été un chemin viable vers le pouvoir. Depuis les années 50, l’opposition peine à adopter une stratégie efficace pour accéder au pouvoir. La tentation de la violence et de la confrontation directe avec le régime a toujours mené à des impasses. Ils deviennent plus violent que jamais.
Pourtant, le véritable levier du changement ne repose pas sur des actes de défiance désordonnés, mais sur la capacité à structurer une alternative politique crédible, fondée sur des arguments stratégiques et une vision claire. C’est là que réside l’erreur fondamentale de certains mouvements contestataires, comme la BAS, dont les méthodes semblent plus relever d’une agitation stérile que d’une démarche réellement politique. Et même si Maurice Kamto venait à accéder au pouvoir, ces factions radicales verraient rapidement leur influence s’effondrer parce c’est d’abord eux qu’il va maitriser violemment et discrètement. Mais ces gars ignorent cela. Avec cette déclaration percutante, Paul Atanga Nji laisse entrevoir un durcissement définitif du ton. Et je reste certain qu’il n’est pas entrain de blaguer.
La suite des événements pourrait bien confirmer que les règles du jeu pour 2025 seront implacables. À travers ce communiqué, tout porte à croire que l’un des principaux visés n’est autre que Maurice Kamto, un peu Cabral Libi qui de temps en temps cause des problèmes au parlement camerounais. L’avenir de sa candidature semble de plus en plus incertain, et la maxime juridique invoquée par le ministre – « Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude » – pourrait bien servir d’argument pour l’évincer de la course. L’histoire politique camerounaise nous enseigne une chose : les partis d’opposition trop radicaux, revêches, ont été matés, ils n’ont jamais réussi à s’imposer durablement. Les figures de la contestation doivent en tirer les leçons et repenser leur stratégie s’ils espèrent réellement peser dans le futur politique du pays.
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