Shanda Tonme: "A propos de monsieur Elimbi Lobè et de tous les autres"
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Ernest Ouanjié ne serait qu’un piètre bandit. Les Bamilékés auraient bénéficié de faveurs pour être riches. Les Bétis seraient des paresseux et des voleurs. Les Bassas seraient très méchants. Les bamouns seraient des feymens. Les nordistes seraient des pouvoiristes qui ne savent rien faire d’autre, les Bamendas seraient des trafiquants et des terroristes. Tel ou tel autre serait très beau et très intelligent. Un dernier serait tout simplement le dieu sur terre. Voilà où nous en sommes, et nous hypothéquons l’éducation de nos enfants avec ces inepties.

Si nous n’arrêtons pas la spirale de ces conneries indignes d’une nation de la hauteur de nos intelligences et de nos compétences connues et respectées à travers le monde, nous allons manquer beaucoup d’opportunité historiques, et nous allons prendre le chemin inverse du progrès et de la modernité, pendant que d’autres nations avancent inexorablement.

Je ne connais pas un seul peuple, un seul clan, groupe d’individus ou communauté humaine, où l’on ne retrouve pas tous les genres aussi bien positifs que négatifs du caractère humain. La vérité c’est que chaque individu ou chaque groupe humain, placé dans des conditions particulières ou dans un contexte social, économique, géographique et historique spécifique, produit des résultats et cultive un style de vie, de travail, de subsistance, de bonheur et d’évolution adapté. Tout cela relève de l’anthropologie et personne ne peut contredire les réalités qui en résultent et qui s’imposent à nous, que l’on soit en société européenne, asiatique, américaine ou africaine.

Que ce soit monsieur Elimbi Lobè à propos d’Ernest Ouanjié ou que ce soit tous les artisans directs ou indirects des émeutes haineuses qui se produisent par intermittence dans toutes les régions du pays sans exception, rien n’est au final extraordinaire. Certes, la répulsion, la réprobation et la condamnation ne doivent jamais faire défaut, mais à trop en faire un ordre du jour unique de notre discussion quotidienne, nous nous perdons et accordons de l’importance à de pauvres individus dont certains seraient de véritables malades mentaux. Que notre compatriote Samuel Eto’o fils, reçoive ici, en dépit de tout, mes félicitations pour sa réaction prompte, juste et patriotique.

Feu Monseigneur Jean ZOA, Archevêque métropolitain de Yaoundé avait un conseil face à la grossièreté de la faute : « pardonne-le-lui mon frère, il a manqué de jugement ». J’ai toujours considéré ce conseil du pasteur d’exception qu’il fut, comme une sagesse universelle.

Il est important de pardonner et si vous ne pouvez pas, ne savez pas ou ne voulez pas le faire, faites l’effort d’apprendre à le faire, parce que vous serez bien dans votre tête, libre et tranquille. Les génocides dont j’entends parler au quotidien n’est certes pas une pure vue de l’esprit, mais il ne faudrait permettre à personne, de s’accrocher sur les dérapages de quelques fous, égarés et irresponsables, pour allumer des feux, justifier de nouvelles fractures et entretenir la propension de la haine. Monsieur Elimbi Lobè ne changera rien à l’histoire du Cameroun, et ni lui ni le député ni quiconque, ne représente à lui tout seul, la référence pour le façonnement du destin de notre pays.

La vérité c’est sans aucun doute que nous avons pris trop de liberté avec certaines valeurs cardinales, au point d’assister parfois impuissants et refroidis, à des actes et des déclarations presque impensables il y a quelques décennies en arrière. C’est donc plus un problème de gouvernance, d’éthique et de responsabilité collective, qu’une question d’individus et de tribus./.

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