Crise anglophone : le piège de la présidentielle de 2025, une chronique de Joël constant Tchoegnia
CAMEROUN :: POINT DE VUE

CAMEROUN :: Crise anglophone : le piège de la présidentielle de 2025, une chronique de Joël constant Tchoegnia :: CAMEROON

Sauf en cas de ruse politique, la présidentielle au Cameroun doit se tenir en octobre de cette année. L’attention est focalisée sur le profil du candidat à même de challenger le président sortant, Paul Biya. Ce candidat « naturel » du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc, 92 ans) qui totalise 43 ans à la tête de l’Etat du Cameroun. Mais qui en réalité a déjà passé près de 63 ans dans les sphères de décision au sommet de l’Etat. C’est donc l’un des plus renseignés, sinon le plus renseigné sur les affaires structurelles et différentes crises qui traversent le Cameroun, notamment la crise anglophone qui depuis 10 ans environ met le Cameroun en mal.

Les appels se multiplient en faveur de Paul Biya à se représenter à cette élection cruciale pour le Cameroun. Le dernier en date étant l’appel des chefs traditionnels du Sud-ouest suggérant à Paul Biya de lancer sa campagne dans cette région. Cette main tendue se fait le samedi 22 février dernier à Limbe (chef-lieu du département du Fako), lors de l’assemblée générale élective de la conférence des chefs du Sud-ouest.

L’assemblée générale élective des chefs du Sud-ouest (Swecc) est tenue sous le patronage du Premier ministre chef du gouvernement, représenté à l’occasion par son directeur de cabinet, Confiance Ebune. Au terme de cette consultation, le chef Ndian, Dr John Mokube est élu président du Swecc.

La déclaration finale dispose qu’ « en vue de la prochaine élection présidentielle de 2025 et des efforts visant à garantir la paix dans notre nation bien-aimée; les chefs de la région du Sud-ouest déclarent par la présente ce qui suit : appelons Son Excellence Paul Biya à présenter sa candidature à l’élection présidentielle de 2025 ; l’invitons à lancer sa campagne présidentielle dans la région du Sud-Ouest».

Des réactions des personnalités ont suivi cette réunion de Limbe. C’est le cas de l’écrivaine Calixthe Beyala qui pose que l’« on s’achemine résolument vers une catastrophe humaine lors des élections présidentielles qui se tiendront au Cameroun en 2025. Les mêmes odieux acteurs mettent en place leur odieuse machinerie. Biya sera déclaré vainqueur car il n’organise pas les élections pour les perdre ; l’opposition protestera, en vain. Le peuple qui en a bien marre de ces 43 ans de vicissitudes, manifestera. S’il est peu nombreux dans les ruelles, certains seront jetés en prison, à moins qu’il y ait une marée humaine sur toute l’étendue du territoire…Il faut être abscons pour s’imaginer que les choses se passeront différemment. Les mêmes tueurs en série, les mêmes pilleurs des caisses l’Etat mèneront cette campagne avec leur dernière énergie pour garder le pouvoir. Parce que pour eux, c’est une question de survie. Ils ne feront aucun cadeau, ni pendant ni après la campagne. Ils ne veulent pas avoir à répondre de leurs méfaits devant la justice de leur pays…».

Pour nombre d’internautes, c’est vraiment pitoyable de manipuler l’opinion en faisant croire qu’il y a la paix dans la région du Sud-ouest. « Ces chefs qui sont totalement insensibles au sort des leurs populations et font tout ce cinéma pour recevoir quelques billets de banque. Voilà le mal camerounais ». Cet internaute fait allusion au sous-préfet de l’arrondissement d’Idabato, département du Ndian dans la région du Sud-ouest, Roland Ewane, qui a été enlevé un mardi 1er octobre 2024 aux encablures de 02 h 15. L’ironie du sort étant que le chef élu du Swecc est du département du Ndian où officiait Roland Ewane. 

Jusqu’ici, aucune information ne filtre sur son état actuel. Est-il en vie, n’est-il pas en vie ? L’on ne saurait en parler avec précision.

Les deux régions en crise profonde Sud-ouest et Nord-ouest ne cessent d’enregistrer les cas de tuerie et de rançon après enlèvement. C’est le cas de l'adjointe au maire de la commune de Bamenda II, département de la Mezam, région du Nord-ouest, Joko Frida qui a été tuée alors qu’elle faisait partie des responsables en charge de l’organisation de la cérémonie de projection publique du film documentaire, « Paul Biya grand homme d’Etat au destin prodigieux », réalisé par la nièce de Paul Biya (Cathy Meba). Les autorités locales ont informé que la mairesse est enlevée à son domicile par des combattants séparatistes présumés.
 
L’on se demande comment les populations issues de ces régions enclines à cette crise profonde peuvent aller et revenir comme elles le souhaitent le jour du scrutin sans courir le risque d’être tuées ou enlevées. La légitimité du prochain président de la République semble se dessiner sur le déroulement des élections dans ces deux régions. En 43 ans, Paul Biya cherche encore les solutions devant résoudre la crise.

De leur côté, les séparatistes anglophones croient à leur projet de scission. Si d’aventure leur projet est réalisé, le Cameroun perdra une zone stratégique de son territoire comme cela a été grignoté lors du partage des territoires africains en 1884 à la Conférence de Berlin. 
 

Lire aussi dans la rubrique POINT DE VUE

Les + récents

partenaire

Vidéo de la semaine

évènement

Vidéo


L'actualité en vidéo