L'Ambassadrice du Cameroun aux Pays-Bas célèbre la 59e Fête de la Jeunesse | Vision & Perspectives
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L'Ambassadrice du Cameroun aux Pays-Bas célèbre la 59e Fête de la Jeunesse | Vision & Perspectives :: NETHERLANDS

À l’occasion de la 59ème édition de la fête de la jeunesse camerounaise, célébrée chaque année le 11 février, nous avons le privilège de recevoir Madame Liguemoh Ondoua Madeleine, Ambassadrice du Cameroun auprès du Royaume des Pays-Bas et du Grand-Duché du Luxembourg. Cette journée symbolique, dédiée à la jeunesse, est l’opportunité de mettre en lumière le rôle crucial des jeunes dans le développement du Cameroun, ainsi que les initiatives visant à renforcer les liens entre la diaspora et le pays.

Quel est le sens profond du thème de la Fête de la Jeunesse 2025 : « Jeunesse, Maturité et Responsabilité pour la Consolidation de la Paix, de la Sécurité, de la Croissance Économique et du Processus Démocratique » ?  

Je voudrais commencer mon propos en exprimant ma satisfaction à la suite du message clairvoyant que le Chef de l’État, Père de la Nation, a adressé ce soir à ses filles et fils du Cameroun, tant à ceux vivant sur le territoire national qu’à ceux de la diaspora. Dans ce cadre, je me réjouis particulièrement des deux éléments saillants sur lesquels il s’est appesanti, à savoir la formation et les stratégies de création d’emplois en faveur des jeunes.  

Après cette adresse structurante du Père de la Nation, il me plaît de revenir à notre échange pour dire, en réponse à votre première question, qu’elle m’inspire deux choses.  

Premièrement, la thématique reflète la structure de la pyramide démographique de notre pays, constituée d’environ 60 % de jeunes de moins de 25 ans. Deuxièmement, cette jeunesse représente une force active et un élément majeur d’attractivité lorsqu’elle est bien formée. De ce point de vue, la jeunesse, généralement considérée comme le fer de lance de la Nation, peut également être une source de tension. En tant que telle, cette frange de la population, parfois vulnérable, constitue un levier structurant de la paix, de la sécurité, de la croissance et même du processus démocratique si elle est bien encadrée.  

Ainsi, une jeunesse faisant preuve de maturité par son éducation et de responsabilité par la maîtrise de ses devoirs civiques et de nos valeurs africaines peut mieux œuvrer à la consolidation de la paix. Elle peut devenir un acteur influent de la sécurité en respectant les institutions et un acteur actif en étant capable de défendre le pays et l’intégrité de nos frontières nationales, que ce soit dans un contexte de conflit ouvert ou latent. De même, en temps de paix, si elle a une parfaite connaissance de ses devoirs civiques, elle pourra pleinement jouer son rôle démocratique par le vote, d’autant plus que la majorité électorale est fixée à 20 ans.  

Comment ce thème s’inscrit-il dans les priorités actuelles du Cameroun en matière de développement et de stabilité ?  

Le choix de ce thème n’est pas fortuit. Il est absolument conjoncturel et s’inscrit dans le contexte global des réalités multiples du Cameroun à l’heure actuelle. Dans ce cadre, nous ne pouvons que saluer la pertinence de cette thématique, car elle rappelle les priorités du Cameroun, telles qu’inscrites dans la Stratégie Nationale de Développement (SND30). Ce programme politique préconise la transformation structurelle de l’économie du Cameroun à travers son industrialisation, la lutte contre le chômage et l’émergence de notre pays.  

Les termes constitutifs de cette thématique soulignent bien les défis à relever, notamment la préservation de la paix, mise à rude épreuve par la situation déplorable dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, mais aussi dans le septentrion, où la secte Boko Haram, bien que considérablement affaiblie, requiert toujours des actions de veille opérationnelle et stratégique, avec nos forces de défense et de sécurité en première ligne. Or, nous savons que sans paix ni sécurité, aucune croissance n’est possible, tout comme aucun processus démocratique libre et transparent ne peut se dérouler sereinement.  

Je pense que le simple fait de choisir ce thème constitue un appel du Gouvernement à sa jeunesse afin qu’elle maintienne son réarmement patriotique et qu’elle devienne un vecteur de paix et de stabilité. De plus, il s’agit aussi d’une invitation à participer activement aux divers chantiers de valorisation de nos produits locaux, de transformation de nos matières premières et à l’opérationnalisation de la politique d’import-substitution. L’objectif est d’accroître la valeur ajoutée de notre production locale grâce à la création d’une base industrielle domestique et, par ricochet, de réduire les importations incontrôlées.  

Ces initiatives, si elles portent leurs fruits, généreront suffisamment de richesses pour favoriser l’emploi des jeunes et assurer des ressources supplémentaires afin de mener à bien tous les projets de développement, qu’il s’agisse d’infrastructures ou de la provision des services sociaux de base. Toutes ces actions contribueront à maintenir le pays dans une stabilité politique, sociale et économique, renforçant ainsi son influence à l’échelle régionale et sous-régionale.  

Quelles initiatives concrètes sont mises en place pour encourager leur engagement dans ces domaines ?  

Des initiatives institutionnelles ont été mises en place par le gouvernement afin de mobiliser cette force de proposition et de développement en l’impliquant dans les projets de développement du Cameroun. À cette fin, le Ministère des Relations Extérieures a été doté d’une direction chargée des Camerounais de l’étranger. De même, le Ministère de la Jeunesse et de l’Éducation Civique, en synergie avec d’autres départements ministériels, propose plusieurs programmes dédiés à la jeunesse, y compris à la diaspora.  

On peut citer, à titre d’illustration, quelques exemples parmi de nombreux autres, notamment le PAJER-U (Programme d’Appui à la Jeunesse Urbaine et Rurale) et le PARIJEDI (Programme d’Appui à la Réinsertion des Jeunes de la Diaspora). Ce dernier est un mécanisme de mobilisation des jeunes Camerounais de la diaspora en vue de leur retour et de leur insertion socio-économique, ainsi que de la promotion de leur participation à l’œuvre de construction nationale, par le biais d’une gestion concertée du phénomène migratoire et de ses conséquences en milieu jeune.  

Il convient de rappeler qu’en 2022, le gouvernement avait mis en place le Plan Triennal Spécial Jeunes, qui a permis le financement de 8 430 projets, suivi de la création d’un Observatoire National de la Jeunesse.  

Toujours dans le cadre des initiatives institutionnelles, la mobilisation des chefs de départements ministériels lors des événements impliquant la diaspora, organisés par les ambassades, constitue un élément clé de la politique volontariste de l’État visant à accompagner ses ressortissants vivant à l’étranger dans leurs efforts d’implication au développement du pays. Ce fut le cas du Ministre des Relations Extérieures (MINREX) aux Pays-Bas lors de la Semaine économique et culturelle du Cameroun, tenue du 10 au 15 mai 2022 à La Haye, ainsi que de la Ministre de la Promotion de la Femme et de la Famille (MINPROFF), qui a participé à une conférence organisée par les Camerounais du Luxembourg sur l’autonomisation des femmes en 2023.  

En parallèle à ces initiatives institutionnelles, il convient de souligner que des actions individuelles ou privées, émanant de la diaspora, sont des leviers permettant aux jeunes de contribuer à la promotion des valeurs mises en avant dans le thème de la 59ᵉ fête de la jeunesse. La diaspora des Pays-Bas et du Luxembourg en est un parfait exemple, notamment à travers les missions économiques initiées par ces deux pays en direction du Cameroun.  

Lorsque des membres de la diaspora facilitent l’arrivée d’investisseurs et d’acteurs culturels au Cameroun, ces derniers sont reçus par les plus hautes autorités ministérielles, techniques et municipales, qui leur apportent des appuis multiformes pour la concrétisation de leurs projets. À titre d’exemple, plusieurs entreprises luxembourgeoises ont été accueillies dans ce cadre, parmi lesquelles :  

- eProseed  
- Vallair (MoU signé en 2024 avec le CCAA ; deux Camerounais recrutés au sein de Vallair France ; formation prévue en septembre prochain pour 20 Camerounais, dont une partie sera recrutée)  
- Koosmik  
- Le cluster maritime  
- AdwaisEO (MoU signé entre l’ONACC et ACRI-TS)  
- What Water, une organisation humanitaire investie dans la construction de forages d’eau (MoU avec le FEICOM et les CVUC ; 19 forages construits entre 2021 et 2024)  

S’agissant des Pays-Bas, plusieurs entreprises ont également signé des accords, notamment :  

- Une entreprise de BTP, ayant conclu une dizaine de MoU avec des mairies au Cameroun  
- Le projet Minkouma, portant sur les barrages hydroélectriques  
- Digi Afric, qui a signé un MoU avec CAMTEL pour la digitalisation des services de télécommunication  
- Jangolo, en cofinancement avec le PADFA pour un projet de digitalisation des acteurs des chaînes de valeur du riz et de l’oignon  
- TeknAfrik, en cofinancement avec le PADFA pour la recherche, le stockage et la conservation de l’oignon dans le septentrion  
- Kastrucks, spécialisé dans le négoce de camions et d’engins de construction, la vente de pièces détachées pour poids lourds, la réparation de poids lourds et la création d’une école de formation aux métiers de l’automobile  
- Italcam, une entreprise de BTP et de commerce de matériaux de construction basée à Yaoundé  
- Spirit Solar Lighting, une entreprise d’énergie solaire située à Douala  
- The Hanseatic Institute of Technology and Applied Sciences (HITAS), un établissement privé d'enseignement supérieur spécialisé en management, ingénierie, informatique et paramédical  

Hors de cette zone géographique, on peut également mentionner des initiatives comme Cocoa Valley (chocolaterie) et Utamtsi (café bio Blue Mountain).  

Un groupe de membres de la diaspora coorganisera avec la mairie de Kribi l’événement Festival Ndjembe ExpoPME 2025, qui se tiendra du 12 au 18 mai 2025 à Kribi. Le groupe Ndjembe du Sénégal y prendra également part. Il est essentiel de poursuivre sur cette lancée.  

Le plus important est de maintenir cette dynamique, comme nous y exhorte le Président de la République. Rappelons qu’il ne cesse de mobiliser la jeunesse lors de ses discours du 10 février, à la veille de la fête nationale de la jeunesse célébrée chaque 11 février. Il avait déjà encouragé les jeunes à oser et à proposer des initiatives, soulignant notamment lors de la 56ᵉ édition de cette fête :  

> « Une participation plus manifeste des jeunes de la diaspora à la construction de notre pays. Le Gouvernement a mis en place un cadre incitatif favorable à leurs initiatives entrepreneuriales (…) »  

Et d’ajouter :  

> « Le Cameroun a besoin de tous ses fils, y compris ceux de sa diaspora, qui désirent s’impliquer et s’engager dans la dynamique nationale et républicaine de l’émergence de notre pays. »  

Comment le Cameroun et ses partenaires internationaux, comme les Pays-Bas, peuvent-ils collaborer pour renforcer l’éducation et la formation des jeunes, notamment dans les secteurs porteurs d’innovation et d’entrepreneuriat ?  

Le Cameroun et les Pays-Bas collaborent déjà. Le canal diplomatique est le moyen le plus efficace pour les États souverains de coopérer. L’établissement des relations diplomatiques avec les Pays-Bas en 1960 constitue la base fondamentale de cette coopération. Le reste relève de l’action des missions diplomatiques, du gouvernement, de la diaspora et des individus.  

Cette collaboration doit s’effectuer à plusieurs niveaux. Il ne s’agit pas seulement de la responsabilité d’un État, mais aussi de celle des individus, notamment des membres de la diaspora, qui jouent un rôle clé dans les relations bilatérales entre les deux pays. Une fois ces éléments structurels mis en place, le développement de la coopération sectorielle dans les domaines de l’éducation et de l’entrepreneuriat peut être organisé grâce aux échanges et aux demandes exprimées par un État. Ces initiatives s’articulent autour du ministère des Affaires étrangères/Relations extérieures et des ministères sectoriels. Cette collaboration s’inscrit dans le cadre d’un dialogue politique, de commissions mixtes ou encore de rencontres officielles, à l’instar de celles qui ont eu lieu lors de la Semaine économique et culturelle à La Haye en 2022.  

Ces mécanismes permettent de mettre en place des initiatives de coopération en fonction des priorités de chaque pays, des besoins spécifiques et des avantages comparatifs ou technologiques. En l’occurrence, les Pays-Bas disposent d’un savoir-faire reconnu en matière d’éducation, notamment dans les secteurs liés à l’innovation technologique, à l’entrepreneuriat et à la finance.  

Inversement, le Cameroun propose également des opportunités de coopération qui peuvent se traduire par des investissements ou des affaires dans les secteurs où il possède un avantage comparatif. C’est le cas, par exemple, des ressources naturelles nécessitant une transformation, ainsi que des matières premières agricoles et alimentaires répondant aux besoins du marché néerlandais. Il s’agit donc d’un espace marchand régi par la loi de l’offre et de la demande, où le gouvernement, via les ambassades, peut développer des partenariats économiques bilatéraux mutuellement bénéfiques.  

Toutefois, la collaboration se joue aussi au niveau des instances multilatérales, où les objectifs communs peuvent se croiser. Grâce à une bonne entente, les avantages de cette diplomatie multilatérale sont exploités pour atteindre des objectifs de développement national ou de paix internationale. À cet effet, des sessions de formation sont régulièrement organisées par des organisations internationales basées aux Pays-Bas, auxquelles nos compatriotes participent grâce aux bourses de l’Académie de droit international ou aux formations financées par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), entre autres. La présence d’une dizaine de Camerounais au sein du personnel de la Cour pénale internationale (CPI) et d’un greffier à la Cour internationale de justice (CIJ) constitue un exemple éloquent d’un partenariat multilatéral bénéfique pour notre pays.  

Comment encourager les jeunes Camerounais de la diaspora, notamment aux Pays-Bas et au Luxembourg, à contribuer activement au développement économique et social de leur pays d’origine ?  

Outre les initiatives institutionnelles évoquées ci-dessus, toutes les initiatives personnelles de la diaspora et des jeunes Camerounais des Pays-Bas et du Luxembourg sont encouragées et s’intègrent bien dans les programmes politiques dédiés à la jeunesse, ainsi que dans les efforts du gouvernement pour lutter contre le chômage, qui est, soit dit en passant, un fléau mondial.  

Comment encourager les jeunes ? Par le dialogue, un rapprochement avec la diaspora, la construction d’une synergie, ainsi que le soutien et l’accompagnement de leurs initiatives. Il ne faut pas penser que l’accompagnement doit toujours être financier, dans la mesure où, bien souvent, certains n’ont pas besoin de financement particulier ; ils ont seulement besoin d’un soutien administratif pour se rendre au pays avec leurs partenaires économiques.  

Nous réalisons ce travail à l’Ambassade, en synergie avec les compatriotes des Pays-Bas et du Luxembourg. C’est une démarche porteuse, et les résultats sont encourageants.  

Comment les partenariats entre le Cameroun et des pays comme les Pays-Bas peuvent-ils soutenir ces efforts de paix et de sécurité, tout en renforçant les capacités locales ?  

La Haye est réputée pour être la ville de la paix. Elle abrite en effet un certain nombre d’organisations internationales dont la mission est d’œuvrer à l’instauration d’une culture de paix. Les efforts en matière de paix et de sécurité passent notamment par des formations dispensées à l’Académie de Droit International et à l’Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques (OIAC). Ces formations comprennent des sessions de renforcement des capacités destinées aux jeunes, leur permettant de mieux connaître le droit, de comprendre la dangerosité des armes chimiques et d’évaluer les risques liés à leur utilisation. Le Cameroun, comme plusieurs autres pays, a souvent bénéficié de ces sessions de formation.  

En 2021, par exemple, l’OIAC a organisé un séminaire sur la prévention et la gestion des attaques à l’arme chimique lors de grands événements, en prélude à l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations. En juin 2024, l’OIAC a tenu la 22ᵉ réunion régionale des Autorités Nationales de 45 États africains. Cette réunion a permis aux États parties de discuter des besoins, des priorités, des mesures prises et des meilleures pratiques en matière de mise en œuvre de la Convention sur les armes chimiques aux niveaux national, sous-régional et régional.

Quelles opportunités existent pour les jeunes Camerounais afin qu’ils participent activement à la croissance économique nationale ?  

L’organisation de l’État repose sur un gouvernement et ses instances. La plus grande opportunité consiste à mettre en place un système éducatif performant et en constante adaptation aux évolutions du temps et du monde, afin de rester compétitif. Heureusement, au Cameroun, nous disposons d’un système éducatif pluriel, constitué de l’enseignement général, mais aussi de l’enseignement technique et professionnel. C’est ce que le Chef de l’État a mis en exergue en affirmant : « La carte scolaire et universitaire n’a cessé de s’étoffer et de se diversifier, avec la création de nouveaux établissements dans l’enseignement primaire, secondaire et supérieur. » Il a d’ailleurs poursuivi en étant plus explicite sur l’ouverture régulière de nouvelles filières spécialisées dans les lycées et institutions universitaires.  

Nous ne pouvons donc que nous réjouir de la remarque du Président de la République, nous rappelant que : « La professionnalisation des curricula de formation se poursuit dans tous les ordres d’enseignement, afin de donner aux jeunes diplômés les compétences techniques susceptibles de faciliter leur accès au marché du travail. » Cela souligne la place centrale qu’occupe la formation dans la préparation des jeunes à une meilleure participation au processus de croissance de l’économie nationale.  

Aussi, peut-on être satisfait du fait qu’en marge de cette structuration des enseignements au niveau interne, le Cameroun tire également parti des avantages de la coopération internationale et bilatérale avec ses États partenaires, notamment à travers les bourses d’études à l’étranger, mais aussi celles proposées par les pays amis.  

Dans cette dynamique, il convient de saluer l’ouverture du système éducatif de nos pays d’accréditation aux candidats étrangers. Cela justifie la présence de nombreux étudiants camerounais inscrits à titre privé, mais aussi, peut-être, grâce à d’autres facilités mises en place par ces gouvernements.  

Par ailleurs, outre l’éducation, nous pensons que les compétences de la diaspora, dotée d’un savoir-faire avéré, représentent une excellente opportunité en termes de partage d’expérience et de soutien aux compatriotes restés au pays. À titre d’exemple, nous avons le club Dias’Invest, créé sous la tutelle du Ministère des Relations Extérieures, qui témoigne de la volonté de l’État du Cameroun de prendre de plus en plus en compte la diaspora dans sa stratégie de développement.  

Ce club a pour vocation de soutenir les projets des jeunes Camerounais issus de la diaspora entrepreneuriale grâce au dispositif déjà mis en place par le gouvernement. Il s’investit dans le mentorat et le conseil, la structuration d’un réseau d’affaires, la promotion des services et expertises de la diaspora, ainsi que dans un plaidoyer auprès des institutions et bailleurs de fonds, afin de mieux outiller les entrepreneurs de la diaspora.  

Quels secteurs économiques offrent le plus de potentiel pour l’emploi des jeunes, et comment les inciter à s’y investir ?

La détermination des secteurs prioritaires dépend des atouts de chaque pays et de sa vision de développement. Cela revient à examiner le potentiel de chaque pays selon les divisions traditionnelles des secteurs économiques, qui sont : le secteur primaire (l’agriculture) ; le secteur secondaire (l’industrie) ; et le secteur tertiaire (les services). Partout dans le monde, on constate que le secteur des services est le plus pourvoyeur d’emplois. C’est lui qui intègre toutes les technologies, le secteur digital, les médias, l’intelligence artificielle, les transports et autres. En fonction du potentiel de chaque pays, on peut identifier les emplois dans les secteurs où le pays présente un avantage et des atouts, comme mentionné précédemment.

En revenant au cas du Cameroun, nous sommes un pays agricole, avec beaucoup de terres arables, un climat favorable et une jeunesse active. De ce fait, nous produisons beaucoup, tant dans l’agriculture de rente que dans l’agriculture vivrière. Doté également d’une faune et d’une flore riches, on peut considérer que les métiers de la terre sont les plus pourvoyeurs d’emplois, car ils occupent une part significative de la population active. Il s’agit d’un avantage qui pourrait occuper une masse critique de jeunes, s’ils sont encouragés à s’y investir. Le Président de la République n’a-t-il pas toujours dit que « la terre ne trompe jamais » ? Les progrès enregistrés dans la commercialisation du cacao camerounais sur le marché international ont bien démontré que ce secteur est porteur, d’autant plus que ce produit s’intègre aisément dans les chaînes de valeur, de la culture à la transformation industrielle et artisanale, en passant par sa vente à travers les chaînes logistiques internationales.

Pour ce qui est du secteur secondaire (industriel), on sait que le Cameroun est un pays au tissu industriel embryonnaire. De ce fait, ce secteur, bien que hautement pourvoyeur d’emplois ailleurs, garde un potentiel qui mérite d’être développé. À ce stade, il semble avoir un impact marginal dans la création d’emplois, mais reste attractif pour la diaspora. Pour que ce secteur crée davantage d’emplois, il faut mettre en place des mécanismes pour le développer et former les jeunes aux métiers technologiques et industriels. C’est un processus à moyen et long terme. C’est pour cela que l’État a mis sur pied la politique d’import-substitution, afin de réduire les importations superflues et encourager les investissements capables d’amorcer la transformation de nos produits locaux. Tout ceci est soutenu par un cadre réglementaire incitatif et des mesures susceptibles d’améliorer régulièrement le climat des affaires, comme l’illustre bien la loi n° 2013/004 du 18 avril 2013, fixant les incitations à l’investissement privé au Cameroun.

Le secteur tertiaire, comme dans beaucoup de pays, est le plus attractif selon les experts. Dans ce secteur, on retrouve l’économie numérique et l’intelligence artificielle, qui en est une branche, ainsi que les transports, l’innovation technologique, le commerce des marchandises et des services, etc.

Pour ma part, il ne s’agit pas seulement de savoir quel secteur est le plus pourvoyeur d’emplois, mais plutôt de mettre en œuvre des politiques et stratégies pour que tant les secteurs existants que les secteurs innovants puissent porter la dynamique de création d’emplois.

Comment le Cameroun peut-il attirer davantage d’investissements étrangers, notamment des Pays-Bas et du Luxembourg, pour soutenir les projets portés par les jeunes entrepreneurs ?

La réponse ici peut avoir deux volets. Le premier est relatif à la responsabilité de l’État, et le second concerne la responsabilité des jeunes entrepreneurs.  

S’agissant du premier niveau, l’attraction des investissements relève d’une politique d’attractivité axée sur une amélioration constante du climat des affaires. Cela implique certes la mise en place de mesures incitatives spécifiques, mais surtout la préservation de l’essentiel, c’est-à-dire la paix, la sécurité, ainsi que la stabilité politique et sociale. En effet, personne, pas même l’investisseur le plus déterminé, ne saurait injecter ses ressources dans un environnement de chaos et de délitement de l’État.  

Nous savons que le Cameroun dispose de l’une des politiques les plus attractives du continent, selon les experts. Cette politique incitative est notamment portée par l’Agence de Promotion des Investissements, l’action du Ministère de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire, ainsi que par un cadre légal très favorable, incarné par la loi de 2013 sur les incitations à l’investissement susmentionnée. Chaque jour, l’État s’attèle à améliorer les conditions d’investissement au Cameroun, par exemple grâce à des exemptions fiscales sur cinq ans en fonction du montant de l’investissement, à l’inclusivité et à la non-discrimination de l’investisseur, quelle que soit son origine. Actuellement, on assiste à la mise en place de zones économiques spéciales, ainsi qu’à des efforts de digitalisation et de renforcement de l’offre énergétique, en plus d’une politique de substitution aux importations. Toutes ces mesures sont susceptibles de doper les investissements directs étrangers, avec pour corollaire l’amélioration des capacités grâce à une meilleure formation des jeunes.  

Le deuxième niveau fait référence à l’individu et à sa volonté d’attirer les investisseurs. À cet effet, les jeunes entrepreneurs doivent proposer des projets porteurs et innovants, bien mûris et bancables, comme le soulignent les spécialistes. Par ailleurs, ils peuvent également exploiter leurs réseaux de partenaires en les incitant à investir au Cameroun, de manière directe ou via des joint-ventures.  

Comment le Cameroun compte-t-il impliquer davantage les jeunes dans les décisions politiques, notamment à l’approche des élections de 2025 ? Quelles mesures garantissent que leur voix sera prise en compte dans les choix qui les concernent directement ?

Le Cameroun a déjà organisé l’intégration de la jeunesse dans la vie politique. En ramenant l’âge électoral à 18 ans, l’État a impliqué les jeunes dans la définition de leur avenir politique. Lorsqu’ils exercent un choix par le vote, ils participent à la prise de décision concernant les personnes désignées au sommet de l’État pour conduire les affaires publiques et défendre leurs intérêts. C’est la meilleure façon de contribuer à la vie politique en déléguant le pouvoir à des représentants au niveau de l’exécutif, au niveau parlementaire et même au niveau local par des élections municipales.  

En outre, en mettant en place des institutions dédiées aux jeunes, comme le Ministère de la Jeunesse et de l’Éducation Civique, des instances dédiées à la diaspora au sein du MINREX et au Parlement à travers le REPCOD, le MINPROFF, ainsi que plusieurs dispositifs d’échanges avec les jeunes, comme le FODIAS, le Gouvernement témoigne de toute l’attention portée à sa jeunesse. C’est une façon de donner aux jeunes le pouvoir de s’exprimer ; des espaces d’expression, comme les activités commémoratives de la fête de la jeunesse, propices à un dialogue régulier sur les problématiques touchant à la vie des jeunes, en sont des exemples éloquents.  

La liberté d’expression, garantie au Cameroun par la Constitution, est un acquis solide. Il reste donc aux jeunes d’exercer ce droit légitime en toute responsabilité et dans le respect des lois républicaines. C’est ce qu’a tenu à préciser le Chef de l’État ce soir, en indiquant qu’« Il vous appartiendra, le moment venu, de faire votre choix en toute responsabilité, dans le calme et la sérénité », s’adressant ainsi à la jeunesse.  

Quel message souhaitez-vous adresser à la jeunesse camerounaise vivant à l’étranger, notamment aux Pays-Bas et au Luxembourg, pour souligner leur rôle crucial dans le développement du Cameroun ? Quelles initiatives sont déjà en place pour renforcer les liens entre les jeunes de la diaspora et ceux restés au pays ?

Mon message est celui de la Plus Haute Autorité de l’État, S.E.M. Paul BIYA, Chef de l’État. Les jeunes sont les enfants du Cameroun. Ils sont compétents et ont leur pierre à apporter pour construire un Cameroun solide et prospère qui nous honore tous. Ils sont les bienvenus et les mécanismes sont en place, comme il a été rappelé plus haut. Leur patriotisme ne doit en aucun cas être entamé et leur intelligence ne doit pas se figer. Ils doivent rester engagés pour le bien-être du pays. Nous sommes à leurs côtés à tout moment, pour les accompagner dans la poursuite de ce noble objectif.

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