J’ai reçu de nombreuses interpellations de militants et sympathisants de l’opposition camerounaise, sur la compréhension que j’ai pu avoir des « DIX COMMANDEMENTS POUR ETRE CONSIDÉRÉ COMME SOUTIEN DE Maurice Kamto » et spécialement du quatrième commandement : « Respecter les opinions et les choix des autres camerounais ».
  
Soupçonnant ce quatrième commandement d’inoculer dans l’opinion camerounaise un Pacifisme intellectuel qui susurre l'idée selon laquelle, le régime BIYA, n’étant finalement incarné que par des Hommes, il faudrait leur apporter AMOUR, COMPRÉHENSION et RESPECT.

Ainsi compris, Militer se réduirait donc à DÉBATTRE avec une dictature qui a refusé tout débat avec son opposition, avec son Peuple, qui a renoncé à toute intelligence politique dans la résolution des problèmes camerounais dont le plus crucial est la Crise Anglophone ?

La Politique de ce point de vue, apparaîtrait donc comme un art froid, déshumanisé, détaché, déconnecté de la "gravité" économique et sociale pour n’être qu’un jeu de dupes, insipide, un sédatif qui ne servirait qu'à déminer les esprits de cette charge dramatique qui fonde la colère légitime du militant et du Peuple opprimé.

Pour rester une science au service de l'humain, la Politique dans une dictature comme le Cameroun, doit pouvoir s'écrire avec la sueur et le sang de ce Peuple, écrasé par la vie, massacré par l'égoïsme des puissants, chosifié par la méchanceté d'un pouvoir ivre qui ne rêve plus que de se reproduire, de se pérenniser avec l'aide d'une partie de ce même Peuple.

Une compréhension de la communication de Maurice KAMTO qui dédramatiserait, banaliserait les crimes de la dictature Camerounaise voudrait simplement dire que le leader de l’opposition a renoncé à son combat. Ce qui évidemment est absurde. 

À la méchanceté, à la barbarie, à la sauvagerie, à l'égoïsme du Régime BIYA, le Peuple Résistant doit pouvoir opposer une colère saine, qui exprime dans toute la violence ressentie, sa douleur. 

La communication de Maurice KAMTO n’a donc pas vocation à décharger le Peuple du Changement de cette adrénaline militante qui l’arme moralement dans sa quête de Liberté, de Justice et de Démocratie. Au contraire, elle se veut une boussole, une aide à la formation militante, gage d’efficacité.

Maurice KAMTO de ce point de vue ne saurait demander au Peuple épris de liberté, de geler sa colère, de souffrir et gémir sans crier... On ne va pas au ciel comme si on n'était pas passé par la terre. 

Les Dix commandements de Maurice KAMTO ne réduisent donc pas la politique au règne du tout relatif, où les frontières entre le bien et le mal n'existeraient plus. Mieux, la Politique est une science au service des Peuples dont elle a vocation à promouvoir l'émancipation et le bonheur. Pour cela, elle doit se montrer respectueuse de ces derniers, humiliés, réduits, affamés, dépouillés par la plus vieille dictature au monde.

Militer contre un régime despotique, totalitaire et barbare, c'est absolument promouvoir le CHANGEMENT et non la COMPOSITION avec un pouvoir qui tue. On ne débat pas avec une dictature, on la combat. On s'évertue à sauver le Peuple, tout le Peuple y compris cette frange qui soutient la dictature. On le fait malgré elle, sans elle et peut être contre elle. Mais ce sera pour le bonheur de tous, y compris le sien. On doit y parvenir sans devenir le sauvage qu'on combat, sans se laisser contaminer par sa haine, par sa violence. Mais on doit le faire fermement, radicalement...

Dans cet ordre d'idées, ceux qui perçoivent « le changement dans la paix » prôné par Maurice KAMTO comme une forme d'angélisme ou de naïveté, sous-estiment sans doute la compréhension que ce dernier a des contingences politiques camerounaises.

ON NE DÉBAT PAS AVEC UNE DICTATURE, ON LA COMBAT.