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© AFRIKSURSEINE : Calvin DJOUARI
- 19 Jan 2025 06:58:29
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CAMEROUN :: Maître Alice Nkom, une icône indomptable :: CAMEROON
À l’aube de ses 80 ans, Maître Alice Nkom, doyenne du barreau camerounais, a adressé un message d’amour et de gratitude à ses compatriotes. Elle a choisi une simplicité désarmante pour exprimer la profondeur de ses sentiments : « Pour les milliers de messages, de mots, de pensées, pour les vidéos, les textes et les images que vous m’avez offerts hier, en ce jour où j’ai célébré le début de mes 80 printemps. Vous m’avez véritablement gâtée, et chacun de vos gestes, chargé d’amour et de générosité, a touché mon cœur avec une intensité que je ne saurais décrire. Votre amour, si lumineux, est une force qui me porte et m’élève. (…) Nous sommes ensemble, vous et moi, bâtisseurs de ponts qui enjambent l’obscurité pour nous mener vers la lumière. »
Ces mots, chaleureux et rassembleurs, résonnent comme une hymne à la dignité humaine, une invitation à l’unité dans un Cameroun en quête de lumière. Mais au-delà des célébrations et des hommages, c’est l’histoire d’une femme qui transcende son temps, sa génération, et même sa profession. Alice Nkom, je l’ai rencontrée en 2001. C’est mon frère ainé qui m’avait envoyé la rencontrer, je n’avais jamais entendu parler d’elle, je devais lui remettre un courrier. Dès que j’ai franchi le seuil de son bureau avec simplicité, mais ce que je découvris dépassait toutes mes attentes. Alice Nkom n’était pas qu’une femme, elle était une présence.
Une aura rare, presque irréelle, enveloppait cet espace de son cabinet, assise avec grâce souveraine telle une souveraine. Son regard était d’un éclat vif, qui me donnait des réponses à mes doléances. Il y avait en elle cette force douce qui ne s’impose pas mais s’imprime, comme une force lumineuse. Son regard ne se contentait pas de rencontrer le mien ; il me traversait, sondait mes profondeurs, révélait mes silences. Sa beauté était d’une somptuosité rare, mais jamais arrogante. Elle éblouissait, comme un soleil qui éclaire au crépuscule. Cette femme avait compris l’effet qu’elle produisait ce jour-là dans son bureau : j’ai eu devant elle, ce mélange de fascination et d’admiration qui fait vaciller. Et elle jouait de cette élégance naturelle, non pas pour dominer, mais pour inspirer.
J’avais l’impression de me tenir face à une reine, une souveraine qui, sans trône ni couronne, régnait par la seule puissance de son regard. Alice Nkom parlait peu, et lorsqu’elle le faisait, chaque mot pesait, sculptait mon être. Mais c’était son silence qui captivait le plus : un silence vertueux d’une seine assurance. Elle n’avait pas besoin de hausser la voix ; son charisme imposait l’écoute, il y avait des frères présents, mais sa seule présence suffisait à remplir la pièce. Alice Nkom fait partie de ces rares femmes qui marquent une vie, ces figures intemporelles que l’on rencontre une fois et qui, pourtant, vous accompagnent à jamais. Au Cameroun, où tant d’ombres peuvent obscurcir le chemin, Alice Nkom était et reste une conscience. Une combattante qui, dans sa profession, illumine l’âme de ceux qui avaient la chance de croiser son chemin.
Un symbole de justice et d’intransigeance
Maître Alice Nkom n’est pas qu’une avocate ; elle est une institution, un pilier. Première femme à intégrer le barreau du Cameroun, elle s’est imposée dans un univers autrefois réservé aux hommes, portant haut l’étendard de l’équité et de la défense des droits humains. Mais son combat dépasse le cadre juridique. Elle a milité sans relâche pour les minorités, les opprimés et les sans-voix, défiant des pouvoirs qui, bien souvent, cherchent à museler les consciences éclairées. Dans les années 90, le pouvoir politique tenta de l’associer à ses ambitions en lui proposant un poste ministériel. Elle déclina. Ce refus, teinté d’un courage rare, symbolisa sa loyauté envers ses idéaux et son indépendance farouche. Depuis, elle incarne cette figure historique qu’on trouvait autrefois au 19ème siècle au Bénin appelée les amazones : c’est une femme debout, libre, forte et belle, cultivée et intraitable qui se dresse face à l’injustice.
Une grand-mère nationale au cœur d’un combat judiciaire
À 80 ans, Maître Alice Nkom est une juriste accomplie. Elle est une grand-mère nationale, une figure tutélaire respectée, presque sacrée, dans un Cameroun où la tradition confère aux aînés une autorité morale indiscutable. Pourtant, malgré son âge et son statut, elle se trouve aujourd’hui confrontée à un rapport de force inutile et périlleux pour ceux qui s’acharnent contre elle. Les convocations répétées qu’elle reçoit de la police camerounaise, dans une tentative à peine voilée de l’intimider, témoignent d’une méconnaissance de ce qu’elle représente. Dans nos traditions, toucher aux aînés, surtout à une figure aussi emblématique, c’est attiser un feu dormant. Ce feu, alimenté par l’indignation populaire, peut facilement se transformer en brasier incontrôlable. Un observateur averti ne manquera pas de rappeler que l’Histoire, même dans ses détails les plus anodins, est parfois façonnée par de tels moments : l’effet papillon d’une injustice mal calculée.
Le droit face à la force : une bataille perdue d’avance
Maître Alice Nkom ne se bat pas uniquement avec des mots ; Elle est armée du droit, ce pilier sur lequel repose toute société civilisée. S’attaquer à elle, c’est s’engager dans une guerre asymétrique où la force brute de l’État risque de se heurter à la finesse de l’intelligence juridique et à la légitimité morale. Le droit, en effet, ne se réduit pas à une simple application des textes. Il est aussi une force spirituelle, un vecteur de justice et de réparation. Dans l’affaire qui l’oppose à la police, Maître Nkom ne défend pas seulement sa personne ; elle défend un principe : celui de l’État de droit face à l’arbitraire. Et dans cette bataille, elle devient un rempart ; chaque attaque renforce sa stature et amplifie la résonance de son combat.
Une sagesse ancrée dans le temps
Loin d’être affaiblie par l’âge, Alice Nkom est portée par la sagesse de ses 80 ans et la lucidité de son expérience. Il faut l’entendre raisonner. C’est fascinant. Elle a appris que les luttes ne se gagnent pas par la confrontation directe mais par la résilience, la persévérance et la foi en des valeurs intemporelles. À travers elle, c’est toute une génération qui retrouve sa voix. Et si les autorités camerounaises persistaient à la défier, elles s’exposeraient à un revers historique. Comme l’exprime un sage proverbe africain : « On ne lutte pas contre un baobab avec un simple bâton. »
Un appel à la raison
Dans un Cameroun divisé et en quête de réconciliation, s’attaquer à Maître Alice Nkom serait une erreur aux conséquences imprévisibles. Il est inutile, et même dangereux, d’ouvrir plusieurs fronts simultanément. Au contraire, il est temps de reconnaître sa grandeur et de s’inspirer de sa vision pour bâtir des ponts, non des murs. Car, au final, comme elle l’a écrit elle-même : « Nous sommes ensemble, bâtisseurs de ponts qui enjambent l’obscurité pour nous mener vers la lumière. » Que cette lumière éclaire le chemin du Cameroun vers une justice véritable et une paix durable.
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