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© AFRIKSURSEINE : Calvin DJOUARI
- 14 Jan 2025 14:45:33
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FRANCE :: La diaspora, levier de développement économique : la vision de Monsieur Jéhu Ndoumi
Monsieur Jéhu Ndoumi, entrepreneur camerounais de renom, a su conjuguer une riche expérience acquise entre les continents avec une ambition stratégique au service de son pays. Fort de son implantation dans plusieurs pays européens – notamment en France, en Belgique et au Luxembourg – il a choisi de mettre en œuvre au Cameroun l’essentiel de sa vision économique, jouant ainsi le rôle d’un véritable créateur de valeur. Jéhu Ndoumi rejette fermement l’idée selon laquelle le retour au pays d’origine serait une obligation absolue pour la diaspora. Selon lui, l’essentiel ne réside pas dans un retour précipité, mais dans la capacité à concevoir et à développer des projets concrets pour contribuer au développement économique du pays.
Il suggère sur l’éventualité de maintenir un ancrage en Europe, où les opportunités d’emploi et d’acquisition de compétences sont souvent accessibles à un coût proportionnel à l’effort et à l’expertise investis. Cet accès privilégié au marché du travail européen constitue une ressource stratégique qui peut être mobilisée pour maximiser l’impact au niveau national. Pour Jéhu Ndoumi, le retour doit être une démarche programmée et stratégique, axée sur l’investissement productif. L’objectif principal est de créer des entreprises capables de générer des emplois, contribuant ainsi à l’absorption du chômage structurel qui affecte les économies des pays d’origine. Ce processus repose sur une approche duale : préserver les atouts acquis à l’étranger tout en utilisant ces ressources pour bâtir des solutions locales durables.
En somme, il plaide pour un retour réfléchi et orienté vers des résultats tangibles, où chaque membre de la diaspora joue un rôle de catalyseur économique, c’est-à-dire transformer le savoir acquis à l’étranger en moteurs de croissance pour leur pays. Selon lui, la diaspora doit être positionnée comme un pilier central du développement macroéconomique. Son rôle dépasse le simple rapatriement de compétences : elle doit devenir un moteur d’innovation et un accélérateur de croissance économique. Pour ce faire, la diaspora doit se concentrer sur la création de valeur ajoutée à travers l’entrepreneuriat. Ce rôle n’est pas de concurrencer les ressources humaines locales ou de s’approprier des emplois existants, mais de générer des opportunités qui stimulent l’économie nationale.
Jéhu Ndoumi rappelle que les membres de la diaspora, après avoir acquis savoirs et compétences dans leur parcours international, ont une responsabilité envers leur pays d’origine. Celui-ci a, en quelque sorte, investi en eux à travers l’éducation ou d’autres formes de soutien indirect. Leur retour devrait être marqué par un engagement productif, soutenu par l’accès à des crédits et des réseaux internationaux. Ces avantages stratégiques leur permettent souvent de rivaliser à des niveaux de direction ou de souveraineté économique, ce qui rend parfois la compétition difficile pour ceux qui se sont formés localement, souvent avec des moyens limités.
Pour Monsieur Ndoumi, le véritable impact de la diaspora ne réside pas dans de beaux discours, mais dans la matérialisation de projets d’envergure, notamment par le biais d’investissements structurants. Il insiste sur la nécessité de se tourner vers des industries et des entreprises capables d’avoir un effet multiplicateur sur l’économie nationale. Ces initiatives devraient aller au-delà des secteurs traditionnels tels que l’élevage de poules ou de poissons, ou encore l’agriculture de subsistance. Il préconise plutôt la mise en place de chaînes industrielles, comme des unités de production de farine, des chocolateries, des charcuteries, des chaînes hôtelières, des grandes écoles, ou encore des moyennes et grandes entreprises employant entre 100 et 200 personnes. Ces structures permettraient d’intégrer les productions agricoles et d’élevage locales dans un système économique plus vaste, ce qui offre ainsi des débouchés et une valeur ajoutée significative.
Enfin, Jéhu Ndoumi souligne que les politiques d’intégration de la diaspora ne devraient pas se limiter à ouvrir les portes de l’emploi. Elles devraient plutôt faciliter l’accès à des documents administratifs nécessaires à l’investissement et à la création d’entreprises. Certaines exceptions peuvent être envisagées pour des secteurs stratégiques comme l’enseignement et la médecine, où les professionnels de la diaspora peuvent opérer à travers des cabinets ou établissements privés ; ils contribueront ainsi au système de santé tout en valorisant leurs compétences, car le rôle de la diaspora est d’être un acteur majeur du développement économique à travers des investissements audacieux et ordonnateur. L’avenir du Cameroun repose en partie sur cette capacité à transformer le potentiel de la diaspora en une dynamique de croissance durable et inclusive.
(Pour mémoire, Jehu Ndoumi est PDG de Yunus SA, Net Oil,Cameroun)
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