Massacre de l’hôtel Ivoire en 2004 : 20 ans après, les victimes réclament justice et réparations
CÔTE D'IVOIRE :: GéOPOLITIQUE

CÔTE D'IVOIRE :: Massacre de l’hôtel Ivoire en 2004 : 20 ans après, les victimes réclament justice et réparations :: COTE D'IVOIRE

Le 9 novembre 2004, un événement tragique a marqué à jamais l’histoire de la Côte d’Ivoire. Ce jour-là, des soldats français de la force Licorne ont ouvert le feu sur des milliers de civils ivoiriens non armés rassemblés devant l’hôtel Ivoire à Abidjan. Bilan : 90 morts et plus de 2 500 blessés. Vingt ans après, les victimes, regroupées au sein du Collectif des patriotes victimes de la Licorne (Copavil), continuent de réclamer justice et réparations. Malgré les promesses et les efforts, leur quête de vérité et de reconnaissance reste un combat difficile.  

Le drame du 9 novembre 2004  
Le 9 novembre 2004, des soldats français de la force Licorne ont tiré sur des civils ivoiriens rassemblés pour protester contre la présence militaire française. Les victimes, majoritairement des jeunes patriotes, étaient venues défendre le président Laurent Gbagbo, alors menacé par une intervention étrangère. Le bilan officiel, initialement de 57 morts, a grimpé à 90 décès en 2009 après des recherches approfondies. Les blessés, nombreux, portent encore les séquelles de cette tragédie, avec des éclats d’obus dans le corps et des handicaps permanents.  

La création du Copavil  
Dès 2005, les victimes se sont organisées en créant le Copavil, un collectif destiné à défendre leurs droits et à obtenir justice. Leur objectif : faire reconnaître la responsabilité de la France dans ce massacre et obtenir des réparations. Malgré les promesses d’assistance médicale et de soutien du gouvernement ivoirien de l’époque, beaucoup de victimes ont été abandonnées à leur sort, confrontées à des difficultés économiques et sociales liées à leurs blessures.  

Les promesses non tenues  
Si le gouvernement de Laurent Gbagbo a initialement pris en charge les soins médicaux des victimes, cette assistance s’est rapidement essoufflée. Les blessés ont été confrontés à des licenciements, à la perte de leurs moyens de subsistance et à l’absence de suivi médical. Malgré les efforts du Copavil pour obtenir des dossiers médicaux et des compensations, les victimes n’ont jamais reçu les documents nécessaires pour justifier leurs absences ou leurs handicaps.  

Les tentatives de plainte contre la France  
En 2004, des avocats ivoiriens et internationaux ont tenté de porter plainte contre la France devant la Cour internationale de justice. Cependant, le gouvernement ivoirien a rapidement démenti toute implication dans cette démarche, laissant les victimes sans soutien officiel. L’avocate franco-camerounaise Lucie Bourthoumieux, mandatée pour négocier un arrangement à l’amiable avec la France, a échoué dans sa mission et a quitté le pays, laissant les victimes dans l’impasse.  

La position de Laurent Gbagbo  
Aujourd’hui, l’ancien président Laurent Gbagbo affirme que l’État ivoirien devrait indemniser les victimes de toutes les crises qu’a traversées le pays. Bien qu’il reconnaisse l’importance de la question, il n’a pas pris de mesures concrètes pour soutenir les victimes du massacre de l’hôtel Ivoire pendant son mandat. Son appel à l’indemnisation par l’État ivoirien reste une promesse non tenue.  

La mobilisation internationale  
Face à l’indifférence des autorités ivoiriennes et françaises, les victimes se tournent désormais vers la communauté internationale. Avec l’aide d’avocats rwandais, arméniens et français, elles envisagent de porter plainte devant l’ONU pour la création d’un tribunal pénal international chargé d’enquêter sur les violations des droits de l’homme en Côte d’Ivoire en 2004. Une pétition en ligne sur Change.org a déjà recueilli plus de 4 000 signatures, montrant un soutien croissant à leur cause.  

Vingt ans après le massacre de l’hôtel Ivoire, les victimes continuent de se battre pour obtenir justice et réparations. Leur combat, marqué par des promesses non tenues et des obstacles politiques, reste un symbole fort de la quête de vérité et de reconnaissance. Alors que la mobilisation internationale prend de l’ampleur, l’espoir d’un procès équitable et d’une indemnisation juste demeure vivace.  

Lire aussi dans la rubrique GéOPOLITIQUE

Les + récents

partenaire

Vidéo de la semaine

évènement

Vidéo


L'actualité en vidéo