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© Camer.be : Paul Moutila
- 09 Jan 2025 12:06:05
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CAMEROUN :: Malversations et népotisme : enquête sur la construction de l'autoroute Yaoundé NSIMALEN :: CAMEROON
L'autoroute Yaoundé-NSIMALEN, un projet crucial pour la capitale camerounaise, a fait l'objet de nombreuses préoccupations concernant sa qualité et sa construction. En 2021, l'attention de Mme KETCHA Célestine, Ministre de l'Habitat et du Développement Urbain, avait été attirée par un signalement concernant des malversations techniques sur la section rase campagne (NSIMALEN-AHALA). Les malfaçons dans ce projet d'envergure impliquaient plusieurs personnalités influentes : MOUFO Jean, Directeur Général du LABOGENIE, NGANOU DJOUMESSI Emmanuel, Ministre des Travaux Publics, et CHAMENI NEMBUA Célestin, Chef de Division des Infrastructures et des Marchés Publics dans les services du Premier Ministre.
En dépit des signalements, aucune action concrète n'a été entreprise, amenant certains à penser que Mme KETCHA Célestine protégeait ses collègues de la région de l’Ouest, où ces personnalités sont originaires. Les soupçons de népotisme et de tribalisme ont émergé, mettant en lumière un possible réseau de corruption au cœur de l’administration publique.
Des malversations techniques et financières dénoncées
En février 2022, une plainte a été déposée auprès du Parquet pour dénoncer les pratiques frauduleuses dans le cadre de la construction de l'autoroute. Le Procureur de la République a donné suite en transmettant l'affaire au Groupement de Gendarmerie du MFOUNDI. L’enquête a révélé plusieurs irrégularités techniques, notamment sur la qualité des matériaux utilisés pour les travaux, tels que le béton hydraulique et les armatures en acier.
Les irrégularités dans le processus de construction
L'un des principaux problèmes identifiés était l'utilisation d'une eau de marécage pour la fabrication du béton, une pratique strictement interdite par les normes de construction. De plus, les granulats utilisés pour la construction étaient de mauvaise qualité, compromettant la solidité de l'infrastructure. Les armatures en acier étaient rouillées, ce qui affaiblit considérablement la résistance du béton armé.
Les conditions de construction n'ont pas respecté les normes internationales de qualité. Par exemple, le pont de PK 10+500, un ouvrage d'art clé dans la phase de la rase campagne, n’a pas été construit selon les exigences strictes de sécurité, mettant en danger la viabilité de l'ensemble du projet.
L'implication du LABOGENIE et des responsables
Le rôle du LABOGENIE dans ce projet est également remis en question. Le Directeur Général MOUFO Jean semble avoir joué un rôle central dans la validation des matériaux et des tests techniques, malgré les faibles résultats des analyses. Il est également noté que plusieurs des responsables du contrôle technique, comme TCHAMKO Jacques et SIKALI Florent, ont des liens étroits avec le LABOGENIE, soulevant des questions de conflits d’intérêts.
Les erreurs de conception et de réalisation sont d'autant plus graves que les résultats des tests effectués par le LABOGENIE semblent avoir été manipulés, permettant de valider des matériaux non conformes. Le coût total du projet, estimé à 177,5 milliards de francs CFA, est également suspect, d'autant plus qu'il exclut les coûts des déplacements des réseaux, entraînant ainsi un surcoût injustifié.
Une enquête toujours en cours
Malgré la gravité des accusations, le dossier a été transféré à la Légion de Gendarmerie du Centre, où il fait actuellement l’objet d’une enquête approfondie. L'enquêteur principal, le Lieutenant-Colonel AYISSI, a été confronté à des pressions de la part de sa hiérarchie pour étouffer l'affaire. Cependant, l'enquête se poursuit, et les autorités sont sous pression pour apporter des réponses claires et transparentes.
Les citoyens et les acteurs de la société civile attendent des réponses sur les malversations et un véritable processus de rétablissement de la justice et de la transparence dans la gestion des grands projets d'infrastructure au Cameroun.
Le projet d'autoroute Yaoundé-NSIMALEN est un exemple frappant de la manière dont la corruption et le népotisme peuvent s'immiscer dans des projets d'infrastructure vitaux pour le pays. L'implication de hauts fonctionnaires et d’organismes censés garantir la qualité des constructions met en lumière des failles profondes dans le système. Il est impératif que des enquêtes continues et une révision complète des contrats et rapports de construction soient menées afin de prévenir de futurs abus et garantir la sécurité des infrastructures publiques.
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