Shanda Tonme : « la grâce présidentielle que l’on attend et qui n’arrive pas »
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Le sort des nations, les traits caractéristiques des nations, les mœurs des nations ainsi que les valeurs qui les différentient des autres, tiennent souvent à très peu de choses. Il en est ainsi, exactement comme de la diplomatie, où l’art du professionnel du métier, va chercher tout près, là où on ne pense pas ou ne soupçonne pas du tout, sur des détails insignifiants.

En ce début d’année, on apprend qu’en république voisine de Centrafrique, quatre cent (400) détenus ont été graciés. L’année dernière à la même période, c’était en Côte d’Ivoire que cela se passait, et avait concerné près de trois mille détenus. Comparaison n’est jamais raison, mais aucun jugement ni évaluation, ne se fait dans l’absolue ou même dans la relativité, sans comparaison.

Année après année, et ce depuis près de cinq ans, j’ai essayé de mobiliser l’opinion, d’inviter les leaders politiques et sociaux pour la cause de cet exercice, pour les rallier à un mouvement national en vue de la grâce présidentielle. J’ai tout fait pour capter l’attention des fameux conseillers, ceux tout près et ceux loin du centre du pouvoir, explicitement et implicitement.

Hélas, année après année, c’est le silence plat, c’est l’indifférence. Ceux qui respirent l’air libre aujourd’hui et vaquent tranquillement à leurs occupations, ont-ils perdu de vue la réalité selon laquelle, la prison c’est comme le cimetière, c’est pour tout le monde. Plus de dix ans sans grâce présidentielle, est-ce normal ?

Voilà en quoi nous sommes le Cameroun et restons le Cameroun, seulement le Cameroun, un cocktail d’égoïsmes, de sectarismes, de méchancetés, de haines et de subjectivismes, un modèle achevé et rare qui n’exprime et ne cultive aucune vraie solidarité, aucune compassion effective. Tout est opportuniste chez nous. Mon indignation est totale. J’attends toujours et encore, chaque jour, des hautes instructions qui enclencheraient un mouvement large de grâces et de réductions des peines.

Comment un pays peut-il être apaisé, lorsque la culture du pardon, de la tolérance et de l’humilité n’existe pas ou plus ? Chez nous, on est plutôt content de savoir que des gens croupissent en prison, et on souhaite même qu’ils finissent leur séjour sur terre derrière les barreaux, loin de leurs familles, loin de leurs souvenirs, loin de toute normalité progressiste et vivante. Voilà en quoi nous sommes et restons le Cameroun, un modèle rare, très rare, où chaque faux pas ou soupçon de faux pas, vous conduit à la mort mentale, psychologique, affective et éthique, avant la mort physique.

Surtout, que personne ne condamne le président. Acharnez-vous plutôt sur ses conseillers, ces hommes et ces femmes qui font la pluie et le beau temps, et dont la vraie marque dans l’histoire, demeure et demeurera uniquement l’immensité de leurs fortunes et non la qualité et le contenu des notes salvatrices rédigées et soumises au patron. Un président, ne connaît le cours des produits sur le marché, qu’à partir des notes reçues. Il en est de même de l’urgence, de l’utilité, de l’exigence et du caractère crucial des grâces et des remises des peines pour apaiser le pays, ressouder une nation déchirée par des haines, et réconcilier les cœurs meurtris.  La grâce présidentielle, nous ne voulons plus en entendre parler seulement ailleurs, dans d’autres pays, nous voulons la voir et la vivre au Cameroun. Ce n’est plus seulement un souhait, c’est une demande populaire dorénavant pressante, et elle doit intervenir urgemment. Le pays a besoin d’apaisement./.

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