9 Ans Sans Roger Moudio. Souvenirs d’un artiste généreux
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FRANCE :: 9 Ans Sans Roger Moudio. Souvenirs d’un artiste généreux

Je me souviens de Roger Moudio, artiste camerounais décédé il y a 9 ans. Ce n’est pas la date d’anniversaire de son décès, mais il s’agit en ce début d’année de se remémorer des camarades disparus, pour rappeler à quel point leur absence peut être retentissante. Roger Moudio a été mon camarade de classe au collège  Matamfen à Yaoundé. il était  assis tout juste derrière moi. Nous avions de très bonnes relations, d’autant plus qu’il était venu chez nous et je connaissais leur maison. Dans la vie scolaire, lorsque deux  camarade se rendent visite à domicile, c’est qu’ils ont une haute estime de leur amitié.

Il était le chanteur principal du collège et parlait beaucoup de musique, notamment de Dina Bell, Ben Decca, Moni Billé,Jacky Doumbè et Djené Djento, les chanteurs de sa jeunesse, qu’il reprenait souvent dans les concerts scolaires. Puis, nous nous sommes perdus de vue pendant plus de 26 ans. Je ne le revis qu’à la télévision, où il présentait ses œuvres. À cette époque, je vivais en Italie. Après lui avoir écrit, il me répondit quelques heures plus tard, me demandant de lui communiquer mon adresse. Trois jours après, il m’envoyait son CD, dédicacé. C’était mon premier courrier en Occident. Il ajouta : « Dans les prochains jours, je t’appelle pour qu’on se voie et qu’on reparle de nos souvenirs de jeunesse. » Mais non seulement il ne m’appela pas, mais je ne le revis jamais.

Ce fut sur les réseaux sociaux que j’appris son décès. Pourtant, à ce moment-là, j’étais déjà installé à Paris. Le 11 juillet 2016, la musique camerounaise perdait une étoile montante, un fervent défenseur du Makossa pur, tel que l’ont incarné les artistes qu’il admirait tant. Roger Moudio s’en allait, après avoir laissé  derrière lui un héritage ineffaçable  et une peine immense qui étreint nos cœurs à ce jour. Roger, je l’ai connu comme une âme généreuse, un visionnaire, un bâtisseur de rêves. Sa voix et son imagination infinie portaient des graines d’espoir. Avec une ferveur rare, il voulait insuffler un souffle nouveau au courant du Makossa originel.  Disait un de ses amis après sa mort.  Je me souviens de ces moments précieux que nous avons partagés, des discussions simples entre jeunes collégiens, et surtout de nos amis communs, comme Joseph Ngueté à Londres, ou encore du souvenir marquant de notre professeur d’histoire, Justin Choga. Je n’ai jamais été son partenaire de création.

Il était un camarade, un frère. Je pense à Moukengue, ce projet qui lui tenait tant à cœur. il me l’avait présenté. Il avait développé le concept : une œuvre vivante, témoignage de son génie créatif. Aujourd’hui, je me demande : que deviendra ce projet, alors qu’il n’est plus là ? Roger a apporté une contribution inestimable à la culture camerounaise. À son actif, la création de Moukengue la Marque décrite plus haut, il a produit  des  jeunes talents comme Andy Jemea, et le soutien indéfectible à d’innombrables projets artistiques. Il a été le mentor de plus d’un. Selon certains témoignages recueillis sur sa page Facebook créée à titre posthume, il avait un projet ambitieux : recréer les ambiances des concerts scolaires et les immortaliser sur CD.

Une idée géniale ! En tant qu’écrivain, je comprends l’importance de préserver les traces de l’enfance. Eh bien, c’était ça, l’homme : un visionnaire. Aujourd’hui, souvenons-nous de lui, lisons ces pages, et accordons-lui une minute de silence. C’est en ce moment que je revois ses rires, et que j’écoute ses  chansons, en regardant son  visage affable. À sa famille, à ses proches, nous envoyons nos pensées les plus sincères. Puisse nos souvenirs faire revivre un instant de sa vie. Eh oui, l’artiste ne meurt pas. Il disparaît, mais son œuvre demeure. Que la paix éternelle t’accompagne, Roger.

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