Le critique musical Joseph Owona Ntsama donne son opinion sur la question du statut de l’artiste camerounais
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Le critique musical Joseph Owona Ntsama donne son opinion sur la question du statut de l’artiste camerounais :: CAMEROON

Le statut légal de l’artiste fait débat… Pour bien comprendre la question il est important de rappeler que la problématique a un background historique dont l’année 1985 fixe le point d’ancrage institutionnel de départ avec son inscription comme l’une des directives fortes prescrites par le Chef de l’Etat dans l’agenda gouvernemental. A la suite de ça, il y aura les états généraux de la culture en 1991 avec toute une Commission chargée de la nourrir davantage avec pour rapporteur l’actuel Ministre des Arts et de la Culture à l’époque directeur de l’Institut de l’Institut de la Jeunesse et des Sports (INJS).

Et cette réflexion stratégique qui montrait déjà tout l’intérêt des pouvoirs publics pour l’avènement d’un cadre normatif en rapport direct avec les activités consubstantiellement liées aux différents corps de métiers artistiques, allait se poursuivre avec des avancées significatives sur le plan de la réflexion pointue, etc. Cela donc jusqu’en 2023 lorsque des représentants des 26 pôles artistiques dont la tutelle est le Ministère des Arts et de la Culture (MINAC), de nombreux artistes de diverses obédiences venus des fois de très loin de la capitale politique où se tenaient aussi tous les travaux, des responsables des organismes officiels de gestion des droits, des responsables syndicaux, des responsables de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS), du Ministère du Travail, de la représentation de l’Union Européenne, des membres du Groupe de Recherche, d’Animation Culturelle et de Critique d’Arts du Spectacle (GRACAS), la diaspora qui intervenait en ligne, des Députés de la Nation et des Sénateurs sensibles à la condition de l’artiste, etc. à des fins très exactement de conception d’une « Avant-Proposition de Loi » portant Statut de l’artiste camerounais. Ce qui est techniquement différent d’un « Projet de Loi » qui lui, et comme tout le monde le sait, est une proposition portée par le responsable en chef d’un département ministériel : ledit texte est directement défendu devant les commissions spécialisées de l’Assemblée Nationale et du Sénat. Ce qui n’est point le cas d’une « Avant-proposition de Loi » qui est un texte remis à qui de droit pour des fins non seulement de plaidoyer mais, aussi, afin qu’il fasse l’objet de discussions pointues au sein de l’hémicycle et qu’il soit en fin de compte adopté suivant les procédures en vigueur dans les chambres hautes et basses : ce qui nous intéresse ici puisque c’est ce dont il est en fait question. Et rien d’autre.

À quoi devrait-on attribuer ces réactions ?

A deux voire trois choses à mon humble avis. La première est une ignorance profonde relativement à comment ça « fonctionne » dans une République : la confusion entre les deux démarches auxquelles je viens de faire allusion, au demeurant une très malheureuse confusion sémantique que l’on relève quasiment dans toutes les prises de position des personnes qui querellent cette démarche et qui, pour certaines, respectables, se réclament pourtant « d’une posture républicaine et citoyenne » (sic) : comment peut-on être attaqué pour ce que l’on n’a pas fait en l’occurrence « proposer un Projet de Loi » ?? Je vous fais observer qu’aucune des personnes ayant travaillé sur la conception de cette « Avant-Proposition de Loi » n’est membre du gouvernement… La seconde est une mauvaise foi manifeste en ce sens que, malgré les annonces publiques sur l’organisation des différentes réunions qui elles-mêmes étaient toujours publiques avec une information abondamment relayée dans les médias en son temps, d’aucuns ont estimé, pince-sans rire, qu’ils n’étaient au courant de rien et qu’ils auraient dû être saisis par « courrier officiel » ; tandis qu’une autre franche se gaussera du fait que ce travail était de nul effet parce qu’elle n’y avait pas été associé à la conception et à l’évaluation ex ante… Ensuite, une troisième, la plus nocive aussi, porteuse d’un acte surréaliste puisqu’elle a décidé de butte en blanc de modifier un texte qu’elle n’était d’ailleurs pas censée avoir, document pourtant déjà porté à l’Assemblée Nationale et au Sénat…

Et tout ça pour quelle fin à votre avis ?

 Il est évident qu’il s’agit de montrer mesquinement que les artistes sont divisés sur ce qui les réunit pourtant de manière minimale : l’établissement d’un texte normatif voté à l’Assemblée Nationale afin d’encadrer l’exercice de leurs professions. Avec les conséquences néfastes que l’on peut aisément imaginer. Aussi simple que ça. Pourtant sans ce texte leur avenir restera toujours incertain et tout le monde le sait en commençant par ces Honorables qui le portent avec sérénité aujourd’hui à l’Assemblée Nationale. Une dernière chose est de rappeler ici que le Cameroun forme désormais des artistes à travers ses Instituts (Foumban, Nkongsamba, Mbalmayo, etc.) et qu’il est crucial que ces jeunes-là, de plus en plus nombreux, se sentent confortés par une telle mesure nécessairement salutaire pour eux.  

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