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© Camer.be : Olivier Berhuse
- 06 Nov 2024 08:07:12
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Le 6 Novembre 1982, Paul Biya prêtait serment et devenait le deuxième Président du Cameroun :: CAMEROON
À 10 heures précises, ce 6 novembre 1982, un jeune homme à la voix fluette devient chef de l’État. C’est le début d’un règne à la longévité record, ponctué de règlements de comptes politiques violents. Retour sur son discours de prestation de serment
" Monsieur le président de l'Assemblée Nationale,
Je voudrais tout d'abord vous remercier des propos aimables et réconfortants que vous venez de prononcer pour me souhaiter la bienvenue dans cette auguste enceinte.
Je voudrais également vous remercier, Mesdames et Messieurs les Députés, pour l'accueil chaleureux et patriotique que vous me réservez en ce jour au Palais de l'Assemblée nationale.
Monsieur le président de l'Assemblée Nationale, monsieur le président de la cour suprême, mesdames et messieurs les députés, messieurs les membres de la cour suprême,
Au lendemain du message historique que Son Excellence Ahmadou Ahidjo, président de la République unie du Cameroun et président national de l'Union nationale camerounaise, a adressé avant-hier à la nation, et alors que le peuple camerounais, surpris, attentif et méditatif, cherche encore à comprendre l'événement, je viens, au nom des exigences de la loi, du bon ordre des choses et de la continuité de l'État, de prêter serment devant vous et, au-delà, devant la nation tout entière.
Vous le savez bien, à vrai dire, ce serment s'inscrit dans le droit fil de celui que, le 5 mai 1980, le président Ahmadou Ahidjo, après tant d'autres serments, avait prêté devant vous.
En cette circonstance solennelle et émouvante, circonstance sans précédent dans l'histoire de notre jeune nation, l'heure est à l'hommage, avant d'être à l'engagement et à l'expression de la fidélité. En effet, à mon illustre prédécesseur, mieux, à celui dont j'ai eu l'insigne honneur d'être pendant des années, le collaborateur, je dois un grand et vibrant hommage empreint de déférence et d'admiration. Digne et prestigieux fils de ce pays, père de la nation camerounaise, artisan de son unité et de son développement, le président Ahmadou Ahidjo se sera révélé à nos yeux comme un géant de l'histoire camerounaise, de l'histoire africaine, de l'histoire tout court.
À ce titre, sa brillante carrière d'homme d'État demeure, pour tous les Camerounais, un motif de fierté et un exemple d'engagement et de patriotisme. Devant vous et devant la nation, au moment où il quitte sa haute charge dans la dignité et l'honneur, je voudrais lui adresser, en mon nom personnel et au nom de la nation tout entière, les plus chaleureuses félicitations et l'assurer de notre loyalisme et de notre sympathie.
Mais, il n'y a sûrement pas meilleure manière de lui témoigner notre sympathie et notre loyalisme que de suivre son exemple, de suivre ses pas. Aussi, dans le cadre de ce serment, j'entends situer l'action des années à venir, sous le double signe de l'engagement et de la fidélité.
L'engagement, d'ordre constitutionnel, est la réaffirmation du serment que je viens de prêter. J'entends alors, avec l'aide de toutes les Camerounaises et de tous les Camerounais, et en ma qualité de président de la République, chef de l'État et chef du gouvernement, m'acquitter de ce devoir sacré que m'impose la Constitution : à savoir, veiller à son respect, comme à l'indépendance, à la souveraineté, à la sécurité et à l'unité de l'État, assurer la conduite des affaires de la République. Mon illustre prédécesseur n'a jamais failli à ce devoir. Je n'y faillirai point.
Quant à la fidélité, d'ordre politique, elle est celle à un homme, Son Excellence Ahmadou Ahidjo, celle à un peuple, le peuple camerounais, celle à des options.
S'agissant en particulier des options, qui sont celles de l'UNC depuis sa naissance, et dont l'application et les résultats font du Cameroun cet îlot de paix, d'unité, de stabilité, de justice et de progrès dans un monde aux prises avec les affres de l'instabilité, de la violence et de la pénurie, ces options, dis-je, je les rappelle, parce que les circonstances l'exigent, et pour m'en porter garant.
Ces options sont et demeurent, à l'intérieur, l'indépendance et l'unité nationales, la paix, le développement économique, social et culturel à travers nos choix de libéralisme planifié, de développement autocentré, de justice sociale et de maîtrise.
Elles sont, en Afrique, la non-ingérence dans les affaires intérieures des États, le respect de leur souveraineté et de leur intégrité territoriale, l'unité et la solidarité africaines, la lutte résolue et irréversible contre les derniers bastions du colonialisme et les méfaits de l'apartheid en Afrique australe, le développement du continent.
Elles sont, sur le plan international, la paix entre les nations, le non-alignement -j'entends un non-alignement authentique-et la coopération- j'entends une coopération rénovée-, dans la perspective d'un nouvel ordre économique mondial plus juste et plus stable.
Dans le cadre de ces options de politique extérieure, le respect de nos engagements et notre attachement aux organisations internationales - je pense notamment à l'UDEAC, et à l'OUA, au Mouvement des pays non-alignés et à l'ONU -ce respect et cet attachement demeurent constants.
Voilà, Mesdames et Messieurs les Députés, Messieurs les Membres de la Cour suprême, les orientations qui doivent continuer à guider l'action du gouvernement de la République tout au long du mandat en cours. La grande et longue œuvre de construction nationale, si bien conçue et si bien menée par Son Excellence Ahmadou Ahidjo, est une œuvre de tous et pour tous. Elle doit demeurer telle. Elle implique, dans les temps durs quo nous vivons, à la fois la rigueur dans la gestion, la persévérance dans l'effort vis-à-vis des manouvres et action internes ou externes de démoralisation, de démobilisation ou de déstabilisation.
J'invite donc, de manière solennelle, toutes les Camerounaises et tous les Camerounais à réaffirmer dans les faits leur attachement à cette grande oeuvre d'unité, de paix et de progrès, et à s'y maintenir résolument avec la légitime ambition de demeurer un grand peuple, un peuple uni et travailleur, un peuple aspirant à la prospérité et à la justice , un peuple ayant foi en son avenir, un peuple enfin jaloux d'être maître de son destin à l'intérieur comme à l'extérieur de ses frontières. En ce qui me concerne, avec la confiance et la collaboration de tous, je puis assurer que je m'y emploierai avec toute la force de mon patriotisme et de mon engagement.
Vive le Cameroun !"
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