La question de la vacance du pouvoir se pose après 48 jours d'absence de Biya
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La législation camerounaise a prévu des mécanismes constitutionnels en cas d’absence prolongée du président de la République, chef de l’État. Et c’est cette situation de crise-là que l’on appelle la vacance.
De la démission

La démission fait effectivement partie des conditions de la vacance. En effet, le 4 novembre 1982, Ahidjo avait officiellement démissionné. Laissant place à un mécanisme institutionnel qui n’avait duré que deux jours, puisque son successeur constitutionnel —qui était son Premier ministre— avait ensuite prêté serment le 6 novembre de la même année…

Paul Biya ne démissionnera pas, je vous rassure tout de suite ! Car depuis une quarantaine d’années que je suis sur Terre, cette suggestion ne lui a même jamais traversé le cerveau. Paul Biya est un dirigeant qui a soif de gouvernance, même lorsque cela ne se fait pas dans l’intérêt du peuple qu’il est pourtant censé représenter. Et c’est pour cette raison que nous ne connaissons pas son dauphin —il n’en a pas !—, c’est pour cette raison qu’il ne perdra jamais une élection présidentielle au Cameroun tant qu’il sera candidat et tant qu’il sera président de la République. Il sera toujours le « candidat naturel » du RDPC, puisque c’est intentionnellement mentionné dans les statuts de ce parti au pouvoir…

Du décès

On ne souhaite pas la mort de quelqu’un. Mais, comme mon ami Pierre La Paix Ndamè et moi-même, Paul Biya décèdera indiscutablement un jour. Et je ne comprends pas pourquoi ses thuriféraires ne font que vociférer en public, comme si notre chef de l’Etat était un individu immortel. Pourtant, il subit déjà le poids de l’âge (il a quand même quatre-vingt-onze ans hein), il subit certainement certaines maladies comme la plupart des humains de cette planète, et je ne prendrais pas beaucoup de risques si je vous disais qu’il lui reste moins de cinquante ans à vivre encore ici sur Terre…

Donc, Paul Biya mourra. Et donc son décès ouvrira très certainement une grande période de vacance (puisque je vous ai dit qu’il mourra au pouvoir), et donc nous espérons que cette période-là se déroulera de manière intégralement constitutionnelle.

On ne veut pas voir les scénarios à la Omar Bongo, à la Gnassingbé Eyadema ou encore à la Idriss Deby Itno. Non, non et non. Nous voulons une période de transition pacifique, sans magouilles et sans artifices, mais surtout sans intimidations de la part de nos forces de défense. Parce que le véritable enjeu du décès d’un chef d’État en exercice, ce sont les risques de troubles à l’ordre public. Et Dieu seul sait combien ils sont nombreux à vouloir succéder à notre Nkukumah national ! J’ai souvent peur que cette guerre de clans ne débouche sur un véritable affrontement sur le plan national voire sous-régional.

De l’empêchement définitif

L’empêchement définitif est une situation dans laquelle le président de la République, chef de l’État, est mécaniquement incapable de gouverner. Cela peut être dû à son âge, à ses maladies mentales ou somatiques, ou encore à un état de fatigue ou un handicap quelconque qui l’empêcherait de pouvoir bien diriger, ou en tout cas de savoir prendre de bonnes décisions.
Dans le cas du Cameroun, ce cas de figure est quasiment inenvisageable. Car que ce soient les ministrons ou les ministres, tous disent : « Le chef de l’État se porte merveilleusement bien, et il travaille inlassablement pour le bien de notre Nation. »

Sauf que ce chef de l’État qui prépare visiblement les futurs Jeux olympiques, n’est toujours pas apparu en public depuis le 2 septembre 2024 ! Cela fait exactement quarante-huit jours hors du territoire national qu’il est pourtant censé gouverner. Une vraie incongruité. Car comment comprendre que dans un pays normal, un président de la République puisse s’absenter pendant aussi longtemps, sans que cela ne préoccupe aucunement ni les populations, ni les dirigeants de son Administration pléthorique, et encore moins les instances juridictionnelles qui ont pour mission de faire constater la vacance, et ensuite de déclencher le mécanisme de désignation d’un nouveau chef de l’État.

De la succession

La succession au Cameroun risque d’être brutale. Car comme je l’ai dit tantôt, Paul Biya ne s’est jamais désigné un dauphin, ni en public, ni – parait-il – en privé. Le type s’est même fait remarquer pour couper les ailes à tous les jeunes loups politiques qui sont très ambitieux, et qui rêveraient d’accéder à « sa » magistrature suprême. Paul Biya est si jaloux de son pouvoir que même à son propre fils, Franck Biya, nous ne sommes pas sûrs qu’il lui cèderait volontiers son strapontin. Car c’est un homme qui ne vit que pour le commandement, et qui cumule actuellement près de soixante-deux ans de haute administration sans discontinuité…

Paul Biya est un Père de la Nation qui ne souhaite pas voir émerger un Fils de la Nation. C’est pour cette raison que ses acolytes, c’est-à-dire ses successeurs constitutionnels en cas de décès, de démission ou alors d’empêchement définitif, sont tous plus handicapés (physiquement et moralement) que lui. Et je ne vous parle même pas du président du Sénat qui est un modèle en la matière, d’ailleurs ce serait bien marrant de voir ce grabataire diriger notre pays pendant une seule demi-journée.

Puisque visiblement c’est ce valétudinaire qui aurait été sélectionné par notre chef de l’État.

De la vacance à la tête du Cameroun…

Et donc la législation camerounaise a bien prévu des mécanismes constitutionnels, en cas d’absence prolongée et répétitive de notre président de la République. Et c’est cette situation d’incertitude-là que l’on appelle la vacance…

De la transition ! Il y a plusieurs modes de changement de président à la tête d’un pays : certains sont pacifiques et d’autres sont indescriptiblement abominables. De l’alternance ! L’alternance à la tête de ce pays est une vue de l’esprit, tant que monsieur Paul Biya sera au pouvoir ; puisqu’il n’y a même pas de démocratie dans son propre parti politique pour commencer. De la vacance à la tête de l’État du Cameroun, puisque c’est bien de ça qu’il s’agit depuis que notre président de la République est complètement porté disparu.

Dans un pays normal, la Cour constitutionnelle aurait déjà constaté cette absence, et le président du Sénat aurait eu entre vingt et cent jours pour procéder à une nouvelle élection présidentielle. Les candidatures auraient été reçues librement, et l’Armée garantirait la bonne tenue de ces élections dans le respect inconditionnel du verdict des suffrages exprimés.

Mais que voulez-vous, puisque nous ne sommes pas dans un pays normal ! Et au lieu de la vacance à la tête du pays, nous allons plutôt fonctionner sans président de la République comme nous le faisons depuis le 6 novembre 1982.

C’est-à-dire en mode pilotage automatique…

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