DANS LES ARCANES DE LA FRANCAFRIQUE LE RECIT DE ROBERT BOURGI
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FRANCE :: DANS LES ARCANES DE LA FRANCAFRIQUE LE RECIT DE ROBERT BOURGI

Le livre de Robert Bourgi s’impose indéniablement comme l’événement littéraire et politique de l’année. Cet homme à l’esprit vif, teinté d’une subtile ironie, partage ses souvenirs avec sobriété, mais une persuasion implacable. Ses mots, soigneusement choisis, apportent un éclairage nouveau à ceux qui peinent à comprendre les arcanes obscures de la politique africaine. Ce récit-choc dévoile sans détours des événements marquants : des rencontres entre Libanais sous le général de Gaulle, l’assassinat de Thomas Sankara en 1987, le bombardement du camp militaire français de Bouaké en 2004, l’argent acheminé par le canal du Djembé, le tam-tam burkinabè, et le rôle suspect de Pascaline Bongo dans le coup d’État ayant renversé son frère au Gabon, il y a un an.

C’est un véritable scandale qui éclate autour du rôle de Robert Bourgi dans la Françafrique. Il publie ses mémoires sous le titre « Ils savent que je sais tout, ma vie en Françafrique », où il dévoile sans détour son implication dans les coulisses du pouvoir. On y comprend que, depuis des décennies, l’Afrique n’a été que le théâtre d’humiliations répétées et d’intrigues politiques orchestrées par une France omniprésente et implacable dans ses manœuvres. Ce livre constitue une véritable révélation, jetant enfin la lumière sur ce que beaucoup soupçonnaient : la souffrance incommensurable d’un continent martyrisé par les ambitions et les intérêts égoïstes des puissants. En tête des ventes depuis sa sortie, cet ouvrage fait l’effet d’une bombe. Bien que je ne l’aie pas encore lu, les interviews récentes de l’auteur ne laissent aucun doute quant à la profondeur des révélations.

Le président Chirac, ainsi que son ancien Premier ministre, sont notamment vivement critiqués pour leur implication dans ces relations troubles entre la France et l’Afrique. Tout remonte à l’époque du général de Gaulle et de son directeur de cabinet Georges Pompidou, et se poursuit à travers des figures comme Dominique de Villepin et Claude Guéant. Aujourd’hui, les secrets de cette maison sombre sont enfin révélés, et le lecteur ne peut qu’être consterné par les agissements des responsables français, pris au piège de leurs propres intrigues. Interrogé sur les raisons profondes de ces révélations, Robert Bourgi n’hésite pas à affirmer que « les chefs d’État africains étaient souvent de petits naïfs ». Selon lui, il était grand temps de reconnaître la part de responsabilité de la France dans les maux infligés à l’Afrique.

Concernant la mort de Thomas Sankara, il rapporte que Jacques Foccart l’avait pourtant averti, mais que Sankara, icône révolutionnaire, n’avait pas pris ces avertissements au sérieux. C’est un continent martyrisé qui se dresse sous nos yeux, un continent dont la dignité a été piétinée pendant des décennies. Bourgi évoque également la Côte d’Ivoire, où il affirme que Laurent Gbagbo aurait véritablement remporté les élections, ainsi que Jean Ping au Gabon. Ces révélations suggèrent que le jeu politique en Afrique est encore loin d’être transparent. Pourtant, Bourgi promet de poursuivre ses révélations dans un second tome, qui s’annonce tout aussi explosif.

L’auteur livre également des confidences troublantes : selon lui, Omar Bongo aurait un jour dit au président Chirac : « Si je parle, il n’y aura plus de politique française. Arrêtez de faire ce que vous faites aux présidents africains.» Les chefs d’État africains, longtemps manipulés comme des pions, réussissaient pourtant à imposer des noms dans les gouvernements français, dans le cadre de politiques intérieures, que ce soit pour des raisons de sécurité ou de soutien financier. Bourgi déclare que l’Afrique, étranglée par des promesses non tenues, est devenue officiellement « pauvre », les dirigeants africains eux-mêmes contribuant à cet état de fait, complices d’un système qui leur échappe. Chaque année, l’Afrique s’enfonce un peu plus dans les labyrinthes du temps, prisonnière d’un monde bicéphale qui la maintient en arrière-plan.

Rien ne semble changer, et la transition politique de certains pays d’Afrique de l’Ouest ne mènera nulle part si ces nations ne se libèrent pas des éminences grises qui les conseillent dans l’ombre. Robert Bourgi affirme avoir cessé ses missions depuis 2012, mais la question demeure : d’autres acteurs de l’ombre continuent-ils à tisser ces mêmes intrigues ? Les relations entre la France et l’Afrique ont souvent été fondées sur l’intimidation, la mise au pas ou encore le blâme. Cette machinerie politique n’est qu’une succession de manœuvres subtiles où l’Afrique est exploitée puis rejetée une fois qu’elle n’est plus utile. Le résultat de cette manipulation est fait dans une très  grande échelle.

Un continent en souffrance, dirigé par des hommes manquant de rigueur et de vision. Cette situation n’est pas le reflet d’une incapacité intellectuelle ou des formes de gouvernance en place, mais bien le produit d’un système corrompu et déshonorant, où tout, absolument tout, respire la protection de pouvoir de pacotille. Les présidents africains, dans leur quête effrénée de pouvoir, continuent d’entraîner leurs pays dans le chaos, aveugles aux souffrances de leurs populations, tout comme l’ont fait leurs prédécesseurs pendant des décennies.

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