LE SILENCE DE NGORO ET L’ADIEU A NGBONG LAZARE
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Ce week-end, de nombreuses personnes, venues des villages environnants ou des villes du pays, se sont rassemblées pour assister à l’enterrement de Ngbong Lazare, ancien premier adjoint au maire de Ngoro et ancien président de la sous-section RDPC de la même ville. Aujourd’hui, cette petite cité pleure l’un de ses plus illustres fils. La majorité des habitants du Mbam pleurent un homme dont le nom résonnera encore pendant des décennies. Un homme qui, par sa force d’âme, sa grandeur d’esprit et son humanité profonde, a marqué à jamais l’histoire de Ngoro : Ngbong Lazare.

Comme autrefois à Rome, c’est d’abord un lourd silence qui a envahi tout le village à l’annonce de sa disparition. Lazare n’est plus parmi nous, mais son esprit imprègne encore chaque recoin de la ville et chaque conscience est profondément touchée. Avant que Ngoro ne devienne cette  petite ville merveilleuse que nous connaissons aujourd’hui, elle était un grand village, et sa fierté se reflétait dans son équipe de football, « Unité de Ngoro ». Ngbong Lazare en fut le capitaine. Pour nous, qui avons grandi à Ngoro, jouer dans l’ »Unité » revenait à intégrer les « Lions indomptables ».

Et être capitaine de cette équipe conférait un prestige incomparable, car à l’époque, l’équipe nationale ne nous touchait pas autant que notre propre équipe du village. Ngoro était notre univers, et ni Yaoundé ni Paris ne signifiaient grand-chose pour nous. Notre joie, notre fierté se résumaient à Ngoro ou Yangba. C’était là notre monde, car la nature ne nous offrait rien de plus. C’est dire l’importance qu’avait un capitaine de cette équipe régionale.

Les années ont passé, et Ngbong est devenu célèbre. Il a débuté comme infirmier assistant, puis occupé divers postes, notamment celui de chef magasinier et responsable de la station de carburation, avant de prendre les rênes de la scierie comme chef du personnel. Mais Ngbong Lazare n’était pas seulement un homme de profession : il était un formateur, un mentor, un homme d’action qui protégeait la jeunesse, stimulant  le courage et la solidarité active. Il a traversé les épreuves les plus difficiles de la maladie durant la dernière année de sa vie, mais a su garder son cœur pur, rempli de compassion et d’amour pour ses proches. Élu maire, il a reçu le plébiscite du peuple, car il était un homme accueillant, prônant le vivre-ensemble et maîtrisant l’art des relations humaines. Sa voix, rare , a marqué sa carrière politique. Il a toujours montré qu’il était là pour servir et faire rayonner sa ville, triomphant des nombreux obstacles qui se dressaient devant lui. Il a prouvé que le calme n’est pas une faiblesse, mais une force invincible.

Ce qui frappe aussi, c’est l’amour que Lazare portait à son village. Bien qu’il ait eu des relations dans tout le pays, il avait choisi de rester à Ngoro, où il a passé la plus grande partie de son existence. Il n’en partait que pour mieux y revenir, préférant s’immerger dans les profondeurs de sa terre natale. Voilà ce qu’est l’amour véritable d’un homme à sa contrée. Aujourd’hui, alors que nous pleurons sa disparition, nous devons aussi célébrer la vie d’un homme qui a refusé de plier face à l’intimidation. Il inspire désormais des générations entières à se battre pour la vie. Sa vie n’a pas été vaine : il a travaillé pour son pays et reçu plusieurs distinctions, dont la plus haute, celle d’officier de l’Ordre de la Valeur. Voilà ce qu’est la vie bien remplie d’un homme.

Je crois qu’il a laissé une mission à la jeunesse : poursuivre son œuvre, maintenir vivante la flamme de générosité qu’il a allumée, et faire en sorte que ses idéaux continuent de guider les pas. Ceux qui sont aujourd’hui en charge doivent tendre la main à la jeunesse et suivre l’exemple éclatant de simplicité qu’il a incarné. Car dans nos contrées, un homme ne part jamais vraiment, et un homme de cette envergure ne meurt jamais totalement. Il vit à travers ses actions, dans chaque cœur qui bat, dans chaque âme qui aspire à laisser une trace. Ngbong Lazare est parmi nous, maintenant et pour toujours. Repose en paix, Lazare. Ton Ngoro, que tu aimais tant et que tu as servi, te pleure aujourd’hui, mais demain, inspirée par ton exemple, elle se relèvera et continuera à avancer sur le chemin des vertus que tu as tracé.

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