Crise Anglophone: UNE POSITION CLAIRE S’IMPOSE
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La crise sécuritaire entraînée par les revendications sécessionnistes dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, constitue incontestablement une lourde hypothèque sur l’unité nationale, et un véritable caillou cette fois-ci, dans la chaussure d’un Etat camerounais cohérent, beaucoup plus menaçant que le caillou bamiléké imaginé par le colonialisme.

LE CAS AYABA CHO LUCAS ET DES AUTRES

C’est un grand responsable du mouvement sécessionniste qui vient d’être arrêté dans un pays européen, mais c’est surtout une étape très importante qui vient d’être franchie dans la chasse engagée par l’Etat camerounais, contre les promoteurs de la violence, des tueries terribles et des destructions aveugles qui ont achevé de convertir deux régions jadis paisibles, en terre de flammes, de peur et de mille incertitudes. C’est aussi, et finalement, un très grand message adressé à tous ceux qui en doutaient encore, sur les privilèges, les prérogatives, les pouvoirs ordinaires et extraordinaires d’une institution étatique consacrée internationalement et reconnue diplomatiquement comme nantie des attributs de police, de maintien de l’ordre, de garant de la sécurité des biens et des personnes sur son territoire.

Cette nouvelle tombe, au même moment où des images circulent sur la destruction des écoles, les assassinats des membres des forces de sécurité, l’incendie des taxis, l’assassinat des opérateurs économiques et des enlèvements des agents de l’Etat. Nous avons en mémoire, les écoliers de Kumba découpés à la machette dans leur salle de classe, la gardienne de prison Ayafor décapitée barbarement, les maires et chefs traditionnels liquidés cruellement. 

J’attends toujours celui qui se présentera pour défendre ou produire quelques justifications pour ces actes. Jamais notre conscience d’être humain, de responsable, de parents ou tout banalement de citoyen attaché au pays, n’excusera la légèreté avec laquelle, certains discours attentatoires au bon sens élémentaire, ont cru ou continuent de croire qu’il pourrait exister une justification. Le Cameroun n’est ni Gaza, ni le Sud-Soudan, ni le Yémen, ni la Catalogne, ni la Corse et le sera jamais. Les auteurs intellectuels, matériels, doctrinaux et idéologiques de ces affres sanguinaires, qu’ils soient structurés ou opportunistes, doivent et devront payer le prix de leurs crimes. Ce n’est d’ailleurs pas réellement des droits d’un peuple ou d’une fraction d’un peuple qu’ils défendent, ce sont des réseaux de criminels dont les tentacules ne se trouvent pas seulement à l’étranger mais aussi au Cameroun, sur place. Les piètres juristes qui se sont déjà mis au travail pour défendre ou contester dans un langage de traitrise mêlé d’ignorance à peine voilée, l’extradition de l’individu qui vient d’être mis aux arrêts, devraient se taire. Le mis en cause revendique ouvertement non seulement son appartenance comme un des chefs, au groupe ou mouvement auteur originel du discours et des doctrines de sécessionnisme, mais mieux, il assume et applaudi les actes criminels des bandes de tueurs sur le terrain. 

AYABA CHO LUCAS sera extradé au Cameroun et ce sera conforme aux convenances et prescriptions normatives de tous les systèmes juridiques nationaux et internationaux.

Cela dit, comme nous l’avons exprimé en postulat au départ, la situation d’ensemble, mérite une position claire, dans une démarche solidement et honnêtement soutenue par des arguments non seulement d’histoire et de droit, mais également d’éthique, de raison, de bon sens, de transparence et surtout d’humilité. 

QUE FAIRE VRAIMENT ? LA GUERRE ETERNELLE ? LA PAIX RELATIVE OU LA PAIX DEFINITIVE ARRANGEE AU BOUT D’UN DIALOGUE SUR LE MINIMA AVEC QUELQUES TETES DE PROUE ?

A la réalité, on ne tue pas une demande, une revendication, une proclamation de séparation ou une ambition de divorce avec le marteau, le fusil, le bâton, la machette ou le dédain. Dans la longue et interminable histoire de l’humanité, des gens se sont toujours levés pour protester, pour marcher, pour lutter et mourir pour une cause juste ou sale à laquelle ils croyaient honnêtement ou à laquelle ils étaient poussés à croire sans conviction. Mais toujours, des causes justes, des revendications légitimes ont été récupérées, travesties, avilies et détournées, pour devenir un champ de crimes, une opportunité pour des bandits et des criminels patentés sans foi ni loi. Il semblerait que c’est en partie ce que nous connaissons dorénavant dans les deux régions troublées de notre pays. Ce constat ne nous exonère cependant pas, d’une réflexion continue et approfondie, pour une démarche articulée sur des stratégies nouvelles et audacieuses de dialogue, en vue d’une sortie de crise et le retour à une paix définitive. Nous devons tous reconnaître qu’il existe en dépit de toutes les réserves et insinuations, un problème.

La reconnaissance de l’existence d’un problème, nous interroge sur sa gestion, sur la façon dont nous l’avons abordée jusqu’ici, sur les raisons qui l’ont fait surgir avec autant de brutalités et de drames depuis bientôt une décennie. J’ai la conviction profonde et sincère, qu’il existe d’autres chemins à explorer pour éviter que d’une part, des bandits et des assassins se présentent en sauveurs et en dignitaires respectables d’une « hypothétique lutte de libération », et que d’autre part des hauts commis de l’Etat s’installent dans un confort qui leur procure des gains quelconques, en perpétuant le sacrifice de jeunes soldats et d’innocents citoyens sous les feux de voyous drogués.

Faire la paix, est un exercice qui met en exergue, des oppositions parfois radicales à priori inconciliables, mais, avons-nous réellement commencé, et avons-nous réuni les conditions ? Sommes-nous prêts et disposés ? Certes, des mains couvertes de sang des écoliers de Kumba, seraient difficilement qualifiées pour prendre place autour d’une table. Pour autant, la paix si elle doit être le but, n’a plus de discrimination ni de comptabilité des morts et des mains sales, parce que bien souvent, les commanditaires voire certains autres soutiens, peuvent se situer dans les hautes sphères, selon une stratégie du cynisme satanique. Le premier octobre c’est dans quelques jours, et déjà, le doute, la peur et les regrets pour notre pays, pour la tranquillité des milliers d’enfants et de familles des deux régions, tétanisent les pensées.

Même s’ils ont peur, même s’ils nourrissent d’autres ambitions, alternatives et revendications strictement sectaires ou sournoises, les grandes figures politiques et civiles des deux régions, devraient prendre la parole dans les médias, donner de la voix, et recommander aux uns et aux autres, surtout aux parrains directs et indirects des assassinats et des destructions, de s’abstenir, d’abandonner leurs plans de désordre.

Et puis, que nous le voulions ou nom, la brève mais riche et complexe histoire de notre pays, fait apparaître des hauts commis de l’Etat influents venant des deux régions, à toutes les étapes, à tous les niveaux, dans toutes les combines, dans tous les partages et dans toutes les honorabilités. Que les premiers ministres anglophones successifs n’aient jamais jouit en termes globaux de tous les pouvoirs ainsi que de toutes les prérogatives du pouvoir, ne saurait constituer un alibi pour nourrir ou soutenir une cause de sécessionnisme vouée à l’échec. Le réalisme impose à nos compatriotes une position claire et précise, et une renonciation à l’esprit de réclusion. Il en va de soi pour nos compatriotes francophones, qui ne devraient en aucune façon et pour aucune raison, nier les graves entorses aux arrangements ou à l’esprit des arrangements de Foumban de 1961, tout comme et mieux, aux hypothèques institutionnelles que soulèvent les mutations successives de la forme de l’Etat à partir du référendum de 1972.

En tout état de cause, quoi qu’il advienne, la situation que nous vivons, même si elle est de plus grave et apparaît de plus en plus dangereuse et cruelle, n’est en rien irréversible. Tous, nous devons être clairs sur la volonté de construire une nation forte et prospère par le dialogue, et non animer des discours et des intentions de fracture pour la détruire. Le dialogue triomphera, et nous devons être disponibles pour tout mettre en œuvre à cette fin, sans réserves ni extrêmes conditionnalité. Tant que l’humilité, la sincérité et la transparence peuvent prévaloir, nous réussirons la réconciliation et gagnerons la paix.

Dans cette perspective, et si un même esprit de tolérance, d’humilité, de pardon et de sincérité peut rassembler tous les acteurs institutionnels officiels et privés, civils et militaires, spirituels et laïcs, locaux et expatriés, alors rien ne sera laissé de côté dans une démarche inclusive. Tout devra être mis sur la table et discuté, sans aucun tabou ni interdit, y compris  le système de gouvernance et conséquemment la forme de l’Etat./.

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