Répression massive des manifestations du MRC : 3 ans après, la justice se fait attendre
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Trois ans après la plus importante rafle politique de l'histoire récente du Cameroun, les militants du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) attendent toujours que justice soit rendue. Le 22 septembre 2020 restera gravé dans les mémoires comme le jour où les manifestations pacifiques ont été brutalement réprimées dans plusieurs villes du pays.

Ce jour-là, les rues de Bafoussam, Bandjoun, Baham, Bafang, Bangangté, Mbouda, Dschang, Nkongsamba, Mbanga, Melong, Njombé, Douala, Yaoundé, Bertoua et Ebolowa ont été le théâtre d'arrestations massives. Les militants et sympathisants du MRC, qui manifestaient pour la transparence électorale et la fin du conflit dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, se sont retrouvés pris dans un vaste coup de filet policier.

Selon les relevés du Collectif d'avocats Sylvain SOUOP, pas moins de 593 personnes ont été arrêtées ce jour-là, réparties dans 29 unités de police et de gendarmerie à travers le pays. Parallèlement, un siège armé était installé au domicile du Président National du MRC, illustrant l'ampleur de la répression.

Trois ans plus tard, le bilan reste lourd. Le Collectif Sylvain SOUOP recense actuellement 41 cas de privation de liberté : 5 à la Prison Centrale de Douala New Bell et 33 à la Prison Centrale de Yaoundé Kondengui. Les procédures judiciaires se poursuivent, avec 36 cas pendants devant la Cour Suprême du Cameroun et 5 devant la Cour d'appel du Littoral.

La communauté internationale n'est pas restée silencieuse face à cette situation. En novembre 2022, le Groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations Unies (GTDA-ONU) a émis un avis demandant la libération immédiate de tous les détenus. L'organisme a jugé que les arrestations, détentions et jugements n'étaient pas conformes aux règles du droit international relatives aux Droits de l'Homme et au procès équitable.

Malgré cet avis, les détenus continuent de purger ce qu'ils considèrent comme des "peines politiques". Ils se voient comme des otages de leurs adversaires politiques et du système actuel de gouvernance au Cameroun.

L'espoir d'une résolution judiciaire repose désormais sur la Cour Suprême du Cameroun, saisie de plusieurs pourvois en cassation et en main levée des mandats d'incarcération. Sans une décision favorable de cette instance, les détenus n'ont aucun moyen de se libérer de ce qu'ils appellent leurs "chaînes politiques".

Cette affaire soulève des questions cruciales sur l'état de la démocratie et des droits de l'homme au Cameroun. Elle met en lumière les défis auxquels font face les mouvements d'opposition dans le pays et la nécessité d'un dialogue politique inclusif pour résoudre les tensions persistantes.

Alors que le Cameroun se prépare à commémorer cet événement, l'attention se tourne vers la Cour Suprême. Sa décision pourrait non seulement déterminer le sort des détenus, mais aussi influencer l'avenir de la liberté d'expression et de manifestation dans le pays.

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