JEAN PIERRE SADI, AU TEMPS OU IL ETAIT GARDIEN DE BUT
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Jean-Pierre Sadi, un nom peu connu des jeunes générations, est  pourtant l’une des grandes figures du football camerounais. Issu du Centre Régional d’Éducation Physique et Sportive de Garoua, il a gravi les échelons avec une discrétion, il a fait gagner des titres continentaux à chaque palier des compétitions internationales. Ce n’était pas un homme des projecteurs, encore moins des honneurs tapageurs. Dans l’ombre, il œuvrait sans relâche pour la promotion du football au Cameroun, consacrant sa vie à la formation des jeunes et au développement de ce sport qui était pour lui bien plus qu’un simple jeu. Jean-Pierre Sadi n’était pas de ceux qui écrivent leur propre légende. Il faisait partie de ces esprits observateurs, dotés d’une sagesse tranquille, qui laissent aux autres le soin de conter leurs exploits. Pourtant, il aurait pu, s’il l’avait voulu, écrire une grande page de l’histoire du football camerounais, car derrière sa modestie se cachaient des récits épiques, marqués par des moments qui ont forgé sa carrière.

Sadi était un homme digne, à l’image de cette fierté silencieuse des Baboutés, qui préfèrent endurer la douleur sans plainte, sans larmes, sans jamais chercher la compassion du public. Je me souviens de l’avoir rencontré au Bénin, mais avant cela, une rencontre fortuite à Limbé m’avait marqué. Il était là, assis seul sur une pierre, plongé dans ses pensées. Nous avons longuement parlé de football ce jour-là, et je lui racontais des anecdotes que j’avais entendues à son sujet, notamment lorsqu’il gardait les buts de l’Étoile Filante de Garoua. Peu de gens savent qu’avant Atangana Ottou, Jean-Pierre Sadi fut le premier grand gardien de but du Cameroun.

Il aurait pu porter les couleurs de la sélection nationale, mais à cette époque, la préférence allait aux joueurs évoluant à Yaoundé ou Douala, laissant souvent dans l’ombre les talents des autres villes du Cameroun. Haoussa, le président des Baboutés à Paris, qui avait eu la chance de le voir jouer dans les années 60, se souvient de ses touches anecdotiques. L’une des anecdotes les plus marquantes sur Jean-Pierre Sadi était sa manière unique de déstabiliser ses adversaires lors des penaltys. Devant son but, il grattait  inlassablement le sol avec ses pieds, ses bras levés devant la poitrine, se déplaçant nerveusement de gauche à droite, fixant le tireur et le ballon.

Ce rituel, mystérieux et fascinant, perturbait tellement les tireurs qu’ils finissaient souvent par rater leur tentative. Le public, conquis par ce spectacle, attendait chaque penalty pour admirer cette danse singulière, faisant de Jean-Pierre une véritable attraction. Lorsque, par un réflexe fulgurant, il capturait le ballon, la foule en liesse envahissait le terrain pour l’embrasser, avant que le jeu ne reprenne. Ce geste, devenu légendaire, marqua à tel point les esprits que de nombreux gardiens de la région commencèrent à l’imiter. Mais le seul à l’avoir conservé semble-t-il de façon subtil, fut le grand Thomas Nkono qui habituellement frappait son pied avant de tirer les balles du 5m50.

Sous la direction de Sadi, après sa sortie du centre sportif de Garoua, l’Aigle de Nkongsamba avait remporté  pour la première fois le championnat d’élite, loin des dominations des équipes de Douala et Yaoundé. C’est dans cette équipe que brilla un jeune latéral prometteur, Michel Kaham, qui allait plus tard défendre les couleurs du Cameroun lors de la Coupe des Nations de 1972. Ainsi, Jean-Pierre Sadi, à travers son humilité, ses exploits passés et son dévouement pour le football, reste à jamais gravé dans l’histoire sportive du Cameroun, un exemple de grandeur silencieuse et de passion indéfectible pour un sport qui, pour lui, était un sacerdoce.

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