Plaidoyer de Shanda Tonme pour le retour au Cameroun des restes de Germaine et Ahmadou Ahidjo
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Plaidoyer de Shanda Tonme pour le retour au Cameroun des restes de Germaine et Ahmadou Ahidjo :: CAMEROON


"Tous les bruits sur les élections, sur les arrestations, sur les remaniements, ne me semblent pas de nature à apaiser, à ressouder, à réconcilier et à rassembler à nouveau notre pays tant que Germaine et Ahmadou Ahidjo ne reposeront pas parmi nous, sur la terre de leurs ancêtres" écrit Shanda Tonme, Président de la Commission indépendante contre la corruption et la discrimination (COMICODI), Président du Mouvement Populaire pour le Dialogue et la Réconciliation (MPDR), dans une lettre parvenue ce jour à la rédaction de camer.be
 
Lire en dessous l'intégralité de son texte 

DECLARATION EXCEPTIONNELLE GAROUA ATTEND GERMAINE ET AHMADOU BABATOURA AHIDJO

Après avoir reçu le 16 Août 2024 ISSA HAYATOU, le fils méritant qui a élevé le Football africain au firmament des considérations mondiales, Garoua attend impatiemment le tour de Germaine et Ahmadou Babatoura Ahidjo, le fils encore plus emblématique, et bâtisseur de l’Etat camerounais.

C’est une lourde, pressante, insistante, pesante et douloureuse attente pour la famille et le terroir intime, mais également et très logiquement, un immense, incontournable et obligeant devoir moral doublé d’une interpellation politique nationale, que rien ni aucune demi-mesure ne saurait altérer, sans de très graves implications pour la stabilité et le destin du pays tout entier.

 Les jours passent et ne se ressemblent pas, mais les nations avancent en grandissant, en se renforçant, en se détruisant, en sacrifiant ce qui dans leur âme est mémoriel et fondamental, ou en portant occasionnellement par des actes simples, courageux e éloquent, le témoignage permanent de leur histoire comme gage de l’éducation, de l’enseignement et du renseignement de la postérité. L’exposant le 24 Août 2024 sur le centenaire d’Ahmadou Babatoura Ahidjo, le premier président de la République du Cameroun, constitue un de ces gestes qui éveillent la conscience des nations, nourrissent les intelligences et construisent l’espoir.

Nous avons tous vécu en direct, le vibrant hommage du monde, de la planète, de l’humain tout court, un 16 Avril 2024 dans la ville de Garoua, occasion simple et riche, moment de communion pleine et de symboles, pour traduire plus en amour et en affection qu’en célébration, l’œuvre d’un Grand homme, ISSA HAYATOU.

En regardant, je me suis souvenu d’une de mes sorties, un pamphlet dur, très dur et émotionnel au titre terrible : « L’ORPHELINAT DIPLOMATIQUE ». Le quotidien « Le Messager » l’avait publié. Je ne reviendrai pas dessus, ni pour révéler mon sentiment d’abandon ou d’insuffisant soutien, quand notre compatriote se prit de briguer la présidence de la FIFA. Mes larmes furent essuyées plus tard, puisqu’il assuma, même si ce fut pour un bref moment, cette fonction, et reçu un accueil officiel bruyant à sa descente d’avion à Nsimalen. L’histoire passe, laisse des traces, et la postérité se charge de réparer les torts ou de continuer les préjudices. Garoua en ce jour du 16 Août 2024, a fait plus que réparer les torts, le monde a élevé l’enfant du terroir au panthéon.

Mais Garoua attend, Garoua attend et attend. Les regards, les sentiments, les cœurs, les émotions locales, me disaient une seule chose, me posaient une seule et même question, une question lancinante : A quand Germaine et Ahmadou Ahidjo ?

Garoua attend et attend, et quoi que l’on fasse, dise et promette, tant que le premier couple présidentiel de la nation camerounaise ne reposera pas en terre natale parmi les siens, il manquera toujours quelque chose à Garoua, et mieux au Cameroun et aux Camerounais.

N’ayons pas peur des préoccupations délicates et sensibles, tant que nous sommes de bonne foi, restons dans le respect de nos institutions, respectueux du statut et de la personne du chef de l’Etat, et travaillons pour construire et non pour détruire notre pays, alimenter la haine et semer le trouble.

Et comme si les autres nations nous envoyaient des messages, il aura suffi d’une dent pour Lumumba pour des obsèques nationales, et Buyoya du Burundi n’aura pas attendu vingt ans pour rentrer reposer chez lui, sur la terre natale. Resterons-nous fermés au regard et à la marche des autres ? Garoua attend, et le Cameroun tout entier attend. En parler pour moi, c’est avoir la trouille, la peur au ventre, la peur que quelque chose d’inattendu nous arrive selon le destin divin tracé pour le président Paul Biya, avant qu’il n’ait accompli ce devoir impérieux de ramer son père formateur et son épouse, au bercail. Ce serait une catastrophe d’une dimension indescriptible et insupportable. Ce serait lourd de sens et moralement éclaboussant.

 Le Roi Soukoudjou me recevant un jour avec une flopée de journalistes qui m’accompagnait, me dit exactement ceci : « on ne quémande pas au père en public ni à haute voix. Où qu’il se trouve, et même s’il dort, il vous entend ». Mais mon propre géniteur dans ses dernières paroles testamentaires, me dit un jour : « mon fils très cher, ce que je te dis depuis un certain temps, correspond à la sagesse d’un homme de mon âge. En effet lorsque l’on atteint un certain âge, il faut se méfier de laisser des choses non faites, non réglées, des choses essentielles, des choses importantes telles que pardonner, excuser, réparer et arranger. Je dois arranger un maximum de situations avant de partir, et parce que moi mort, certaines choses mêmes bien arrangées par d’autres que moi, demeureront imparfaites, insuffisantes. Je te le dis parce que je peux m’en aller à tout moment. Je peux bien me coucher le soir, et ne pas me réveiller le matin ». C’est donc clair, personne d’autre que le Président Paul Biya ne doit se charger de cette tâche, et ça ne doit plus attendre longtemps, vraiment.

Tous les bruits sur les élections, sur les arrestations, sur les remaniements, ne me semblent pas de nature à apaiser, à ressouder, à réconcilier et à rassembler à nouveau notre pays tant que Germaine et Ahmadou Ahidjo ne reposeront pas parmi nous, sur la terre de leurs ancêtres. Garoua attend, et le Cameroun tout entier espère, espère et attend.

 Que ceux qui portent la parole aux oreilles du Chef de l’Etat, se mettent utilement au travail en redoublant d’intelligence, de détermination, de pensées positives et de sagesses. Au fait, qu’est-ce qui empêchait le premier président de remettre le pouvoir à un éventuel dauphin du nord, sinon un patriotisme extraordinaire et une élévation républicaine exceptionnelle ? Certes, une déclaration malheureuse depuis Nice au soir du coup d’Etat manqué de 1984, a peut-être représenté un mauvais glissement dans l’histoire, mais, mais, mais, mais, mais le temps est passé. Surtout, nous avons la loi de réhabilitation du 16 décembre 1991, que nous devons à Paul Biya, et à son sens du pardon.

A propos de réhabilitation, on ne réhabilite jamais ceux qui ont bâti les nations, parce que personne ni aucune loi ne peut les bannir ni les écraser ni les souiller définitivement. On les célèbre et on préserve leur mémoire, parce qu’ils constituent des segments d’histoire irremplaçables comme les anneaux d’une chaîne. C’est dire que ce n’est même pas de cela qu’il s’agit. Mama Germaine et Papa Ahidjo doivent rentrer, et les autres suivront, par exemple Félix Roland Moumié inévitablement, dans une amplitude et un décor différents.

Mes remerciements à « La Fondation Muna » et très personnellement au Bâtonnier honoraire Maître Akéré MUNA pour l’excellent et captivant travail de mémoire. C’est digne d’éloges ainsi que de la plus grande attention. C’est un signal fort qui non seulement formule une annonce pleine de sens, mais également magnifie une interpellation collective, nationale et populaire. Quand les problèmes s’accumulent, la sortie de crise devient difficile et complexe, et le ciel s’assombri d’avantage. Il nous sera très difficile de solder le contentieux de 1984 tant que Germaine et Ahmadou Ahidjo ne reposeront pas à Garoua. Nous devons le faire, vraiment, pour ensuite nous concentrer sur la quête d’un dialogue franc, inclusif, honnête et complet pour le NOSO. D’une étape à une autre, d’un dossier à un autre, la clé reste le Président de la République, Chef de l’Etat, Maître du temps et des institutions. Le destin du Cameroun se joue avec de plus en plus d’inconnus, mais tous ensemble, nous sommes responsables et tenons une partie des manettes. Portons, soutenons et partageons la cause, près du Président.

Au moment où je termine cette supplique, trois jeunes policiers ainsi qu’un homme d’affaires tombent à Bamenda, froidement assassinés, morts dans notre intolérance, dans notre dialogue imparfait, dans notre entêtement et notre aveuglement. Tous, comme des centaines d’autres avant eux, comme les écoliers de Kumba, sont certes morts pour la patrie, mais tués aussi barbarement et sauvagement pour la patrie également. Mais quelle patrie et quel destin finalement ?

Un seul mot : Ensemble pour le Cameroun et seulement avec le Cameroun, pour le dialogue et pour la paix enfin, par toutes les voies et par tous les moyens, sans d’avantage de sang et de larmes, quoi qu’il advienne./.

Garoua ne doit plus attendre longtemps, et Bamenda doit revivre une vie normale, afin que tout le pays respire réellement, effectivement et concrètement./.

                                                                              Yaoundé, le 26 Août 2024 

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