LE FOOTBALL, LES LIONS ET NOUS LES GAMINS
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Cet article, qui a traversé le temps, mérite une nouvelle vie, une nouvelle lecture dans son actualisation. En le partageant de nouveau, je souhaite que ses mots résonnent avec la même intensité qu’autrefois, et qu’ils continuent de toucher, d’inspirer, comme ils l’ont fait il y a deux ans.

Quand les Lions Indomptables triomphaient sur le terrain, nos nuits se transformaient en mélodie  d’amour, où l’aube nous surprenait, souvent accompagnée de larmes de nostalgie. C’était un voyage hors du temps, un saut par-dessus les frontières du Cameroun, loin de nos racines, de nos familles et de nos amis. Mais à l’approche de chaque nouvelle compétition, nos âmes revenaient à leur terre natale, attirées irrésistiblement par les souvenirs de nos héros passés. On entamait alors notre rituel, scrutant les nouveaux visages qui formaient la nouvelle équipe, cherchant en eux l’ombre de Roger Milla, la force de Manga Onguené, ou encore l’aura de Thomas Nkono ou Bell Joseph Antoine. On se rassurait en découvrant des talents comme Eto’o Fils et Kameni Carlos, fils du pays, prêts à perpétuer la légende. Chaque nouvel espoir, chaque nouveau nom qui venait s’ajouter à notre panthéon, faisait vibrer en nous la corde de l’émerveillement, celle qui nous reliait aux racines de notre histoire.

Le football devenait alors notre boussole, nous ramenant invariablement vers le Cameroun. Ces victoires des Lions nourrissaient notre courage, embellissaient les soirées d’exil, tout en  transformant nos soupirs en cris de joie. Le football n’était pas seulement un sport, il était la trame de notre existence, une litanie que l’on chantait en suivant le cours de notre vie, toujours à l’affût de nouvelles épopées, de nouveaux exploits. Chaque match était une leçon d’humilité et de fierté. J’ai l’impression d’avoir suivi tous les matchs des Lions, depuis que cette équipe existe. Pour un Camerounais, chaque match des Lions était une occasion de rêver, de croire en l’impossible. On regardait les rediffusions, buvant à petites gorgées l’amertume des défaites et l’ivresse des victoires nous préparait à l’attente de la nouvelle rencontre. Le Cameroun, lors de ces moments, devenait un pays en effervescence. Les couleurs nationales inondaient les rues, les taxis et les motos vibraient au rythme de la fête imminente. Les maillots, portés fièrement sur des corps trempés de sueur, témoignaient de cette ferveur populaire. C’était un moment de communion, où chaque Camerounais, où qu’il se trouve, ressentait cette fierté partagée.

Et les femmes, oh, elles n’étaient pas en reste. Le football les captivait tout autant que nous, elles qui connaissaient par cœur les noms des nouveaux venus, qui suivaient avec passion chaque passe, chaque but. Le soir, après une victoire, l’amour on  dansait de façon  désordonnée jusqu’à l’aube, un hommage au pays, à cette fierté d’être Camerounais. Mais les défaites nous plongeaient dans une mélancolie profonde, un sentiment d’abandon qui ne s’effaçait que lors du prochain coup d’envoi. On reprenait nos promenades, les yeux fixés sur l’horizon, attendant avec impatience la prochaine occasion de vibrer, de croire encore une fois en la magie du football.

Chaque match, chaque instant sur le terrain, nous rappelait que le football était bien plus qu’un jeu. C’était une force vivante, capable de faire fleurir la nature, d’animer l’esprit, de donner un sens à nos existences. Un joueur de football, pour nous, n’était pas simplement une star, mais un héros, une figure à vénérer, à contempler. Les Lions Indomptables, à chaque but, à chaque victoire, sauvaient un peu plus le Cameroun. Les enfants jouaient, les rires éclataient, même sur des terrains sans gazon, et dans les bistrots, les discussions allaient bon train, entre souvenirs et espoirs. Notre équipe, au fil des décennies, n’avait rien perdu de son éclat, de son mystère, de cette aura quasi-magique qui faisait d’elle une des grandes parmi les grandes. Les Camerounais défendaient leur équipe avec ferveur, armés de statistiques, de souvenirs, de passion. Le football, pour nous, était un fil rouge qui traversait les générations, un héritage que nous étions fiers de porter.

Chaque joueur, chaque héros du passé, de Mbappé Leppé à Roger Milla, de Bell Jojo à Eto’o, avait laissé une empreinte indélébile sur notre histoire. Et moi, dans mon exil, je restais emporté par cette passion, ce lien indéfectible avec le foot et avec mon pays. J’ai vécu tant de moments de bonheur grâce à eux, à ces joueurs qui ont donné leur âme au Cameroun. J’aurais aimé les rencontrer, leur serrer la main, leur dire merci. J’ai eu la chance de vivre au même siècle qu’eux, de partager cette histoire commune, de ressentir cette fierté d’être Camerounais. Le football, au Cameroun, c’est une vie. C’est une passion, une religion, un symbole de fierté nationale. Il remplace les guerres, unit les cœurs, et chaque victoire est un pas de plus vers l’immortalité. Nous continuerons à chanter et à danser, à vivre chaque match comme si c’était le dernier, car le football, c’est la vie elle-même, avec ses grandes et ses petites choses, qui font de nous ce que nous sommes.

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