Texticules de Hugues SEUMO: Effort inachevé pour la lutte contre la corruption au Cameroun
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Texticules de Hugues SEUMO: Effort inachevé pour la lutte contre la corruption au Cameroun :: CAMEROON

S’il n’est évidemment pas question de remettre totalement en cause la longévité de la classe politique camerounaise au pouvoir depuis plus de quarante ans, on peut cependant souligner son inaptitude à s’adapter aux nouvelles données politiques, en dépit de son empressement habituel à se déclarer compétente à s'éterniser au pouvoir.

Au Cameroun, il est d'usage de nommer "excellence" le moindre secrétaire d'Etat et où les médias impertinents sont à la merci d'une descente de police, dénoncer le "vol" de milliards de francs CFA par des protégés du chef de l'Etat, relève désormais de l'hygiène nationale.

Si l’on était en droit d’attendre une évolution positive de la classe politique dirigeante actuelle au pouvoir au Cameroun, le constat bien que précoce mais certainement instructif que l’on peut faire est fort amer.

Le Cameroun connaît de graves problèmes de corruption.

Parmi les facteurs qui expliquent que la corruption, sous la forme de pots-de-vin, d’extorsion de fonds, d’évasion fiscale et de manipulations électorales, soit aussi omniprésente, citons la puissance de son pouvoir exécutif, le manque de capacités de son système judiciaire ainsi que la pauvreté largement répandue dans ce pays. 

Les préoccupations de plusieurs dirigeants camerounais actuels se résument plus à des stratégies de conquête ou de consolidation de pouvoir par des manœuvres de corruption et de malversations financières diverses.

Pour se rapprocher de son peuple, on distribue de l’argent liquide, offre à manger et à boire à ses amis et son village. Des réunions publiques sont organisées pour remercier le chef de l’Etat pour son geste de magnanimité. C’est au cours de ces réunions que les organisateurs se regroupent pour envoyer des lettres de soutien au chef de l’Etat, etc. 

Des centaines de millions sont dépensés sans qu’on ne daigne se poser des questions sur l’origine de ces sommes d’argent dilapidées. 

La réponse est simple. Les fonds dépensés sont pillés des caisses de l’Etat.Au bout de quelques années, puisque ces exercices festifs sont récurrents chez ces dirigeants, c’est la porte de la prison qui leur est ouverte. Une prison dans laquelle ils continuent à corrompre pour être bien lotis.

Ne vous demandez pas pourquoi ils ne parviennent pas à rembourser pour plusieurs d’entre eux les sommes d’argents détournées des caisses de l’Etat. Ces derniers, pendant qu’ils étaient en fonction, dépensaient ces sommes d’argent lors des cérémonies insensées qu’ils organisaient.

Ils étaient encore de ceux là qui battaient les records de l'indécence et de l'opulence dans les villes et villages camerounais.

Ils roulaient dans des grosses cylindrées et logeaient dans des maisons aux allures extravagantes... Au soir de leur arrestation, les poches sont vides. Les seuls signes de leur richesse indûment acquise ne sont plus que leurs véhicules et leurs demeures.

La situation souvent connue dans les hautes sphères dirigeantes du Cameroun reste impunie.

Comme on peut l’imaginer, la non-prise en compte de ces manquements dans le débat politique actuel risquera de compromettre le devenir de la société camerounaise car, plusieurs cas de crimes économiques demeurent impunis du fait des liens biologiques, idéologiques, etc. qui existent entre leurs auteurs

Il est par conséquent impérieux d’ouvrir ces dossiers d’impunité planqués dans les tiroirs de Yaoundé et de redéfinir le rôle de l’opération Epervier, cette vaste opération judiciaire menée par le pouvoir en place dans le cadre de la lutte anti-corruption au Cameroun. Le combat contre les détournements de la fortune publique ne doit pas se résumer à des règlements de comptes, à des simples dénonciations, etc.

Et l'article 66 de la constitution du Cameroun...

L'article 66, présent dans la constitution de 1996, n’ayant jamais été mis en branle, ne sied pas à la volonté de nos dirigeants.

Cet article 66 de la Constitution camerounaise stipule que : « Le Président de la République, le 1er Ministre, les membres du gouvernement et assimilés, le président et les membres du bureau de l’Assemblée Nationale, le président et les membres du bureau du Sénat, les Députés, les Sénateurs, tout détenteur d’un mandat électif, les Secrétaires Généraux des ministères et assimilés, les Directeurs Généraux des entreprises publiques et parapubliques, les Magistrats, les personnels des administrations chargées de l’assiette, du recouvrement et du maniement des recettes publiques, tout gestionnaire de crédits et des biens publics, doivent faire une déclaration de leurs biens et avoirs au début et à la fin de leur mandat ou de leur fonction.

Le Cameroun ne sera pas un chaos après des années d'amateurisme ou de légèreté qui ont conduit à la distraction massive des fonds devant servir à son développement.

Malgré les condamnations de certains barons du régime de Yaoundé et la multiplication des organes (Conac, Anif, Consupe, Tribunal Criminel Spécial …), le phénomène reste présent

Le Tribunal Criminel Spécial est-il objectif ou impartial?

Répondre à cette question paraîtra un peu précipitée car l’heure n’est peut-être pas encore venue de dresser le bilan de cette juridiction spéciale et d’en tenter l’évaluation.

Par contre au regard des jugements rendus par ce Tribunal, on est tenté de croire que les juges du TCS ne sont pas indépendants. Le chef de l’Etat à lui seul décide du sort de chaque personne impliquée ou pas dans ledétournement de la fortune publique. 

Que dire au cas où il arriverait que le chef de l’Etat lui-même soit cité dans un dossier ? C’est cette dernière option qui complique la position de cette juridiction qui du jour au lendemain, suite à des pressions externes peut libérer un client condamné et qui purgeait depuis des années sa peine. (A suivre)

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