Gâteau national : Le Grand Mbam ne veut plus être le parent pauvre du « Renouveau »
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CAMEROUN :: Gâteau national : Le Grand Mbam ne veut plus être le parent pauvre du « Renouveau » :: CAMEROON

Dans un mémorandum au vitriol, les deux départements frères, qui revendiquent une région, posent leurs conditions quant au soutien à Paul Biya en 2025. 

Amener Paul Biya à accéder à certaines revendications communautaires, voire communautaristes, faute de quoi il n’aura pas le soutien de telle ou telle communauté dans la perspective de l’élection présidentielle de 2025. C’est dans l’air du temps. La dernière salve de réclamations vient des départements frères du Mbam et Inoubou et du Mbam et Kim, dans la région du Centre. 

Dans un mémorandum au vitriol, des membres de l’élite de ces deux circonscriptions font savoir à l’actuel président de la République dont ils anticipent déjà la candidature au prochain scrutin présidentiel, qu’eux et les leurs n’entendent plus être les parents pauvres du « Renouveau ». Ledit mémorandum a été rédigé au terme d’une réunion à laquelle ont pris part des jeunes cadres, des hommes d’affaires, des chefs traditionnels, intellectuels et leaders d’opinion ressortissants des deux départements, laquelle réunion visait à faire une esquisse de bilan de l’idylle politique quarantenaire avec le « Renouveau biyaïste ».

De l’exposé des intervenants et à l’analyse de la situation globale du pays, « il est apparu clairement que le Grand-Mbam, pris comme région regroupant les deux départements (…) a été régulièrement floué, dupé et marginalisé sous le Renouveau. Son positionnement politique actuel est suffisamment inquiétant. Pourtant, le Grand Mbam, situé à deux heures de route de la capitale politique s’est toujours illustré comme la première barrière infranchissable du Renouveau face aux oukazes et assauts répétés de l’opposition furieuse venue des régions du Nord-Ouest et de l’Ouest », souligne le document.

On y lit également que les Mbamois ont de tout temps voté aveuglément et massivement le président Paul Biya et les candidats investis par son parti, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc). Les auteurs du mémorandum estiment malgré cela que le régime s’est montré très peu gratifiant envers les fils et filles du Grand Mbam. En revanche, il leur a infligé « systématiquement des humiliations et revers ». A tel point que « M. Sadi René Emmanuel nommé secrétaire général du comité Central du Rdpc a été viré de ce poste après avoir assuré au parti et à son chef une victoire éclatante à la présidentielle de 2011 et aux sénatoriales de 2013. Nommé au ministère de l'Administration territoriale, on a refusé de l'auréoler du titre de ministre d'Etat, parce qu'une certaine opinion nocive lui prêtait des ambitions présidentielles imaginaires ».

Le mémorandum cite également l’exemple de M. James Onobiono, qui « a vu ses affaires (Sitabac, Faem, Ibac) péricliter parce que des personnes tapies dans l'ombre avaient décidé de le fragiliser en encourageant les importations frauduleuses de cigarettes et en se mettant en intelligence criminelle avec ses partenaires allemands. Sa banque Ibac a été tuée. A Yaoundé, on lui avait aussi dressé une couronne de présidentiable. Simon Bassilekin, alors ministre des Finances, avait eu le bail le plus court à un poste ministériel au Cameroun (7 mois). Cet ami et confident du président Paul Biya avait eu l'outrecuidance de révéler aux députés à l'Assemblée nationale que les caisses publiques du Cameroun étaient sauvagement agressées par des individus bien identifiés dans l'appareil du pouvoir. Il fallait être un Mbamois pour le dire à cette époque (1989-1990) ».

Trahison

Le mémorandum évoque une kyrielle de cas, avant d’indiquer que « même dans le monde universitaire, certains fils et filles mbamois connaissent des trajectoires professionnelles humiliantes, déshonorantes, inacceptables et ce malgré leurs états de service imparables, leur loyauté aux institutions de la République et même leur fidélité politique ». Or, « il est communément admis que les Mbamois sont réputés être des hommes génétiquement compétents, intègres, fidèles et loyaux ». Après le ministère des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières, qui est sorti du giron mbamois, tranchant net avec les usages politiques sous le « Renouveau », « le Mbam a perdu six postes de directeurs généraux d'entreprises d'Etat. Mais, curieusement et à la surprise générale, des Camerounais d'autres régions du pays ont été portés à la tête de ces structures étatiques, à savoir : l’Arsel (feu Kedi Jean Pierre), le Matgenie (Abogo Ntang), l’Esstic (Boyomo Assala), l’Anor (Feu Booto à Ngon Charles), la Camrail (Dga, feu Michel Ossock) et COTCO (Dga, Alfred Bagueka Assobo). Ces décisions politiques du chef de l'Etat ont énormément choqué le peuple mbamois. Tous ces faits énumérés et qui sont loin d'être exhaustifs s'apparentent à une trahison du « Renouveau » vis-à-vis du Grand Mbam », assène le mémorandum.

Chèque en blanc

A l'unanimité des membres présents à la grande concertation de Yaoundé, il a été décidé, poursuit le document, « que le peuple mbamois ne signera plus de chèque en blanc au Rdpc et à son chef lors des prochaines consultations électorales ».

Leur vote en faveur de la candidature du président Paul Biya en 2025 est conditionné par : la création de la région du Grand Mbam regroupant les départements du Mbam et Inoubou et du Mbam et Kim ; la nomination des directeurs généraux d'entreprises d'Etat dans les arrondissements de Bokito, Bafia, Deuk, Kon-Yambetta, Makénéné, Ngambè-Tikar, Ngoro, Ndikinimeki, Ntui, et Mbangassina ; l’élévation d'un fils mbamois au grade de général d'armée pour remplacer feu général Yakana Guébama ; le bitumage du tronçon Boumnyebel-Bot-Makak-Bokito-Ndom ; le bitumage de la route Ndikinimeki-Nitoukou ; le bitumage de la route Ndikinimeki-Yingui; la création du département de l'Inoubou avec pour chef-lieu Ndikinimeki ; la construction du pont sur le fleuve Tsayang à Kon-Yambetta; l'érection de l'annexe de la Faculté des sciences agricoles (Fasa) de Bafia en université agricole; la création d’unités industrielles à Ntui, Bokito, et Makénéné; l’admission des jeunes Mbamois aux grandes écoles, etc.

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