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© Camer.be : Paul Moutila
- 22 Jul 2024 13:03:42
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CAMEROUN :: Baleng : Un notable charcute son épouse à la machette, violence conjugale sous enquête :: CAMEROON
Un acte de violence conjugale d'une rare brutalité a secoué la communauté de Baleng, dans la région de l'Ouest du Cameroun, mettant en lumière les tensions entre traditions et droits humains. Alexis Ndiè, connu sous son nom de notable Wembé Deffo Tagne Takoutseing Tchoup, est accusé d'avoir sauvagement agressé son épouse Édith Tamaffo à coups de machette, provoquant l'indignation et soulevant des questions sur la place des femmes dans la société camerounaise.
L'incident s'est produit le 19 juillet 2024, en présence de la mère et des sœurs du suspect, ajoutant une dimension particulièrement choquante à cet acte de violence. Édith Tamaffo, âgée d'environ 40 ans, a été immédiatement transportée à l'hôpital régional de Bafoussam, où elle se trouve actuellement dans un état stable mais préoccupant. Son corps, couvert de points de suture, témoigne de la brutalité de l'attaque qu'elle a subie.
Alexis Ndiè, tradipraticien de profession et figure importante de la cour royale de Baleng, est actuellement en fuite. Les forces de l'ordre ont lancé une vaste opération pour le retrouver et le traduire devant la justice. Cette affaire a mis en lumière un passé trouble, marqué par des allégations de comportements abusifs envers ses précédentes épouses.
Selon des sources locales, le suspect aurait eu 33 ex-femmes qui auraient toutes quitté le domicile conjugal après avoir subi des traitements qualifiés de "barbares". Ces femmes, ainsi que leurs 60 enfants, auraient gardé le silence sur leur calvaire jusqu'à présent, probablement par peur de représailles ou en raison de pressions sociales.
Cette affaire soulève des questions cruciales sur la violence domestique au Cameroun et sur la façon dont les structures traditionnelles peuvent parfois protéger les auteurs de tels actes. Le statut de notable d'Alexis Ndiè semble avoir joué un rôle dans l'impunité dont il aurait bénéficié jusqu'à présent, mettant en évidence les défis auxquels font face les autorités dans la conciliation entre respect des traditions et protection des droits individuels.
Le chef du groupement Baleng, sa majesté Alain Guillaume Negou Tella, a annoncé envisager des mesures conservatoires à l'encontre du notable accusé. Cette décision marque une étape importante dans la reconnaissance de la gravité de l'acte et pourrait signaler un changement d'attitude au sein des structures traditionnelles face à la violence conjugale.
Parallèlement, une enquête a été ouverte au niveau de la chefferie, en plus de celle menée par les forces de l'ordre. Ces investigations visent à déterminer les circonstances exactes de l'agression et à comprendre comment une telle situation a pu perdurer sans intervention préalable.
Cette affaire met en lumière la complexité des rapports entre droit coutumier et droit moderne au Cameroun. Alors que le pays a ratifié plusieurs conventions internationales sur les droits des femmes et l'élimination de la violence à leur égard, la mise en œuvre effective de ces principes se heurte souvent à des résistances culturelles et traditionnelles.
L'incident de Baleng pourrait servir de catalyseur pour un débat national sur la nécessité de renforcer la protection des femmes contre la violence domestique. Il souligne l'urgence de mettre en place des mécanismes plus efficaces pour prévenir, signaler et punir les actes de violence conjugale, y compris dans les contextes où les structures traditionnelles exercent une influence significative.
Cette affaire pose également la question de la responsabilité des communautés dans la prévention de la violence conjugale. Le fait que de nombreuses ex-épouses et leurs enfants aient gardé le silence sur les abus subis suggère l'existence d'un environnement social où la dénonciation de tels actes reste difficile.
Alors que l'enquête se poursuit et que la recherche du suspect s'intensifie, cette affaire pourrait marquer un tournant dans la manière dont la société camerounaise aborde la question de la violence conjugale. Elle met en évidence la nécessité d'un équilibre entre le respect des traditions et la protection des droits fondamentaux de chaque individu, en particulier des femmes et des enfants.
L'issue de cette affaire sera suivie de près, non seulement par la communauté de Baleng, mais par l'ensemble du Cameroun. Elle pourrait potentiellement influencer la façon dont les cas similaires seront traités à l'avenir, ouvrant la voie à une meilleure protection des victimes de violence domestique et à une responsabilisation accrue des auteurs, quel que soit leur statut social ou traditionnel.
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