Incompréhensions pour une question d’urbanisme
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Chiisme, clientélisme et chantage politiques refont surface dans le département de la Mifi, région de l'Ouest Cameroun.

Le Maire de la Ville, Roger Tafam, est acculé dans une correspondance signée par le Fo’o Mitterrand Moumbé Fotso, chef supérieur du groupement Bamougoum. L’amplitude de ce conflit est à pic. Le gouverneur de la région de l’Ouest, Awa Fonka Augustine, joue aux sapeurs-pompiers.

Une ambiance glaciale sévit sur la ville de Bafoussam, ce mercredi, 26 juin 2024. Au niveau de l’hôtel de ville, c’est le même climat qui prévaut. Roger Tafam, le maire de ville élu suite aux élections municipales de février 2020, est terré dans son bureau. Il ne souhaite pas s’exprimer à la presse. Et pourtant, à travers une correspondance devenue virale sur la toile, particulièrement dans les réseaux des originaires du département de la Mifi, il est épinglé par le Fo’o Mitterrand Moumbé Fotso , chef de la chefferie traditionnelle de 1er degré du groupement Bamougoum dans l’arrondissement de Bafoussam IIIème. 

L’autorité traditionnelle, dans une lettre épistolaire datée du 18 juin 2024, reproche à l’élu local, qui par ailleurs est notable dans sa cour sur le titre traditionnel de « Mbe Ndefoe Teuboh Tadiyack », sa défiance vis-à-vis de l’institution « cheffale ». Motif : le maire Roger Tafam, en dépit des pressions occultes, n’a pas donné son quitus afin que sieur Norbert Petou, protégé du chef des Bamougoum, reçoive un permis de bâtir pour valider des constructions entreprises au lieu-dit Kéna à proximité de la résidence du milliardaire et sénateur Sylvestre Ngouchighé  et du lycée de Bafoussam rural-Kena.

Le syndrome du collège Monthé à Yaoundé

Le 1er magistrat de la cité régionale est aussi épinglé pour avoir écrit en date du 16 mars 2023 à  madame le ministre de l’Habitat et du développement urbain(Mindhu), Célestine Ketcha Courtes, au sujet de la non-conformité de cet édifice aux normes d’urbanisme au Cameroun. Les malheurs de Roger Tafam sont également renforcés du fait qu’en date du 31 janvier 2024, il a adressé une lettre au ministre des Enseignements secondaires (Minesec), professeur Nalova Lyonga, pour indiquer que le complexe construit par Norbert Petou ne saurait être digne d’abriter un établissement.

Une manière pour le maire de ville de demander au Minesec de ne point accorder d’autorisation d’ouverture ou de fonctionnement d’un établissement scolaire à Kena à sieur Petou Norbert. Il est aussi question d’éviter la reproduction du syndrome du collège Monthé à Yaoundé entre 1988 et 1989 et marqué par la destruction de ce collège qui avait menacé de s’écrouler avec des élevés en salle de classe, parce que construit sur un site marécageux, sans aucune précaution technologique en matière de génie civil.

La pression du village électoral

Pour donc sanctionner le maire de ville, le Fo’o Mitterand Moumbé Fotso, l’a déclaré persona non grata à la chefferie supérieure Bamougoum. Dans cette foulée, il a soumis le retour de l’élu local dans ses grâces à plusieurs conditions. «Prenant acte de vos différents actes de mépris, de désolidarisation, de trahison et de mépris, le roi des Bamougoum ne sera disposé à vous recevoir en audience au palais royal que lorsque vous  lui aurez garantir d’être porteur d’une valise contenant : premièrement : un permis de construire au profit de monsieur Petou Norbert, promoteur du complexe scolaire en gestation sur le site à lui céder par le roi des Bamougoum, objet du titre foncier n°19079/Mifi de ce que vous vous prévalez que la communauté urbaine de Bafoussam a la compétence exclusive en matière de permis de bâtir dans la ville de Bafoussam», écrit-il dans sa correspondance. 

Cette volonté de répression découle du fait que lors des élections municipales de février 2020, Roger Tafam a été investi conseiller municipal dans la liste du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) dans la commune de Bafoussam IIIe, grâce à l’onction du Fo’o des Bamougoum et du patron de la société Congelcam, le sénateur Sylvestre Ngouchinghé par ailleurs chef de la délégation permanente du Rdpc dans la Mifi et secrétaire au bureau du Senat.  En outre, Roger Tafam est appelé à établir un projet maturé de douze forages ou de puits d’eau aménagés au bénéfice des 12 quartiers du groupement Bamougoum. 

Le Fo’o des Bamougoum demande aussi au maire de la ville de bitumer l’entrée principale de sa chefferie comme il l’a fait pour son domicile privé sis à Kamkop. L’autorité traditionnelle veut aussi que le maire lui donne les clés de deux comptoirs respectivement dans les marchés A et B de la ville afin que des reines y soient casé en vue des expositions et ventes des produits culturels et artistiques pour la « la promotion et la vulgarisation de la culture Mugoum ». « Vous voudrez bien considérer cette paternaliste main tendue du roi des Bamougoum comme une réelle volonté de Sa Majesté à implorer les Dieux et les ancêtres Mungoum à vous purifier de vos multiples égarements, afin que vous puissiez revenir à des bon s sentiments et vous mettre résolument au service de ce peuple désemparé qui vous a porté au firmament », conclut l’autorité traditionnelle.

Gouvernance locale ou sous-traitances politique ?

Joint au téléphone,  en date du lundi 24 juin dernier, le Fo’o Mitterrand  Moumbé Fosto assume être l’auteur de cette correspondance. Par contre, il  s’est refusé de donner des précisons quant aux propos contenus dans cette correspondance. Il a sommairement répondu que la cause se trouvait sur la table du gouverneur de la région de l’Ouest, Awa Fonka Augustine. Une autorité qui ce même jour a réuni les différents protagonistes autour d’une table pour écouter les différents avis et calmer les hostilités.

Des sources fiables font savoir que le maire de la ville déclare n’avoir jamais reçu, en ses services, un dossier de permis de bâtir initié par sieur Petou. Alors qu’une élite de ce groupement résidant à Yaoundé et joint au téléphone par soins s’oppose à cette version. Il souligne que le promoteur du complexe scolaire en gestation a soumis un dossier de construction et a suivi la procédure prévue par la loi, en commençant par la commune d’arrondissement de Bafoussam IIIème. Selon un document en notre possession, sa demande a été rejetée au niveau de cette mairie. 

A la suite des recoupements, on apprend que la Loi N° 2004-003 du 21 avril 2004 régissant l'urbanisme au Cameroun a été par sieur Norbert Petou. Des études géotechniques ont-ils été réalisées suivant les règles de l’art pour vérifier si sol marécageux à la base peut soutenir les charges des bâtiments ? Cet édifice a-t-il été construit dans une zone marécageuse, impropres à l’habitation ? La proximité entre ce complexe et la route Nationale N°6 qui permet de voyager de Bafoussam pour Bamenda fait ce site un champ exposé à la population sonore.  Tout comme, on se sent effrayé par les lignes de haute tension qui surpassent ce complexe scolaire. 

Des dispositions ont-elles été prises pour limiter les effets électro magnétiques de cette haute tension sur des potentiels élèves ? Notre informateur introduit dans les milieux des dignitaires originaires de Bamougoum fait savoir que le site choisi par sieur Petou pour son projet est adéquat. Car il est similaire à celui où l’Etat a construit le lycée de Bafoussam-rural Kena depuis des années. Cette Elite pense qu’il s’agit d’un affrontement stérile entre trois élites. Il n’est pas loin de conclure que les uns et les autres se jalousent pour rien. Il plaide que le maire de la ville délivre un permis de construire à sieur Petou afin qu’il ouvre ce complexe scolaire projeté pour délivrer un enseignant technique et professionnelle pour favoriser cette « jeunesse soucieuse d’une éducation polyvalente » et inscrite dans la perspective d’un « auto emploi efficace et  décent.»  

Et si le maire de la ville venait à céder, au mépris de la loi sur l’urbanisme au Cameroun, ne serait-il pas est perçu comme « un sous-traitant politique » redevable au chef et aux élites du village électoral ? Tout comme, s’il venait à renoncer au principe de la redevabilité et de la notion de  la citoyenneté locale qui commandent, en matière de décentralisation et de gouvernance locale, de tenir compte de l’avis et de l’intérêt des populations avant de prendre toute décision capitale, ne serait-il pas désigné coupable devant l’histoire pour défaillance et manque de personnalité ? Ou ne vat-on pas le ranger dans le registre des « politiciens influençables et manipulables » qui loin de défendre un mandat électif populaire s’alignent sur les instructions d’un gouverneur nommé par le pouvoir central à Yaoundé ?

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