GRANDE INTERVIEW : NOUS RECEVONS LE PASTEUR JEAN ROBERTH BELEG
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CAMEROUN :: GRANDE INTERVIEW : NOUS RECEVONS LE PASTEUR JEAN ROBERTH BELEG :: CAMEROON

Jean Roberth Mbeleg est  pasteur de l’Église protestante du Cameroun. Il  se distingue par sa réserve et son intelligence éclatante. Camer.be a eu l’opportunité de le rencontrer, et il a consenti à partager avec notre plateforme. Les profondes réflexions de cet homme de foi ne manqueront pas de vous toucher ; nous vous invitons à découvrir par vous-même.

Bonjour pasteur, nous sommes heureux de vous rencontrer aujourd’hui, avant de commencer est-ce que vous pouvez vous présenter à nos lecteurs ?

Bonjour cher frère. Je suis également ravi de cette opportunité de vous rencontrer. Votre brillante présentation m’a beaucoup impressionné, et je vous en remercie chaleureusement. Quant à moi, je suis Beleg Jean Roberth. Je suis  originaire de Yabassi, une localité nichée dans la région du littoral au Cameroun. Cependant, c’est à Douala que j’ai grandi et vécu les moments les plus précieux de mon enfance, auprès  de mes parents et de mes frères et soeurs. Actuellement, je suis Pasteur et je sers à l’Église Évangélique du Cameroun, tout en assurant le rôle d’aumônier dans les hôpitaux de Douala.

Pouvons nous savoir quel a été votre parcours scolaire et surtout pastoral ?

J’ai fais mes études primaires et secondaires entre les villes de Yabassi, Douala, Abong-Mbang, Bertoua et Yaoundé.  Ma formation théologique s’est faite à l’ institut supérieur de Ndoungué au Cameroun. Vous comprenez qu’au Cameroun, je peux m’estimer le connaitre très bien parce que j’ai parcouru des villes et villages qui m’ont permis de le traverser et de  comprendre mon rôle dans la vie pastorale. Actuellement,  je suis en service depuis une trentaine d’années. Au fil des années, j’ai parcouru un chemin parsemé d’apprentissage et de dévotion, entre ces villes cités plus haut.

J’insiste sur ma formation  théologique, qui  m’a beaucoup enrichi, parce que j’étais  ciselé dans cette soif de connaitre ;  ce qui a renforcé   en moi une compréhension profonde de ma mission. Depuis plus de trente ans, mon engagement indéfectible dans l’Église Évangélique du Cameroun a été le pilier de mon existence. Mon ordination, le 4 mars 2007 à Mbanga, a marqué le début d’un périple spirituel qui m’a mené à travers les terres sacrées de Logpom, Mbanga Muyuka, Barehock, Lobadjeck, Olombè, Yingui, Bandjoun, Manengolè, Bona-Nloka, et enfin Yabassi, où j’ai présidé la région pendant sept années. Aujourd’hui, je consacre mes prières et mon réconfort aux âmes blessées en tant qu’aumônier hospitalier à la Cité-Sic Hospital Protestant de Douala, un nouveau chapitre dans mon voyage pastoral.

Pourquoi une personne aussi talentueuse que vous opte  pour cette voie, plutôt que de répondre aux attentes de la société comme enseignant dans les lycées, ou médecin dans les hôpitaux ?

Sur le chemin  du destin, je m’interroge sur le rôle que le divin joue dans nos vies. Être enseignant ou médecin semble être bien plus qu’une simple vocation, j’aurai peut-être dû le faire ; mais ma mission  c’est aussi  être guérisseur des âmes, un enseignant dévoué dans l’enceinte sacrée de l’Église. Chaque jour, je contemple les visages variés qui se pressent pour écouter et apprendre. On dirait la même trajectoire que ce que vous venez de dire. En acceptant mon ministère pastoral, je me suis laissé porter par l’appel de Dieu, une décision qui a enrichi mon être et qui m’a permis de m’épanouir dans la lumière de sa grâce.

Ceux qui vous connaissent sont conscients que vous avez vécu une jeunesse tumultueuse, marquée par votre propension à vous battre et à tenir tête même aux personnes plus puissantes que vous. Comment parvient-on à effectuer une telle transformation ?

Sur cette question, je ne perçois aucun chemin menant à une métamorphose intérieure. Aucun de mes actes n’a été un effort conscient. Lorsque Dieu vous choisit, c’est Lui-même qui opère la transformation, en vous dotant d’une humble piété et en vous investissant de capacités pour œuvrer à Sa gloire.

Comment définissez-vous votre rôle de pasteur et quel est votre rapport au sacré ?

Nous avons aujourd’hui le rôle pasteur comme guide, comme soutien,  comme relation d’aide,  comme accompagnateur, c’est ainsi que je me  définis, c’est comme cela que je comprends ma  responsabilité pastorale pour moi. Comprenez que le pasteur, dans sa quête spirituelle, doit être captivé, ébloui et envoûté par son Sauveur. Chacune de ses pensées, aspirations, choix, décisions, paroles et actions doit être guidée par son amour pour le Christ et par la certitude d’être aimé en retour. Cet amour divin doit sans cesse le humilier, le réconforter et lui offrir du repos. Sa communion avec le Christ doit, jour après jour, adoucir son cœur afin qu’il devienne un guide serviable, bienveillant, patient, prompt au pardon, encourageant et généreux. La vision de l’épanouissement de son ministère ne doit jamais éclipser sa vision du Christ : incluant Sa présence, Ses promesses et Sa providence. Au-delà de tout rôle sacré, le pasteur est appelé à enseigner les Saintes Écritures et à guider la communauté dans sa quête de spiritualité et ses interrogations théologiques.

Dans un contexte où l’éthique a tendance à se détériorer, trouve-t-il aisément l’opportunité de partager l’évangile dans nos pays ?

Oui tout n’est pas rose, il y a des obstacles, il y a des résistances, il y a des connaissances diverses, qui foisonnent et qui permettent qu’il y ait des doutes, des vilipendages de l’évangile mais lorsqu’on a la foi en Dieu on continue, d’annoncer l’évangile. La mission du pasteur s’avère déterminante  dans un monde où les valeurs morales s’effritent, cherchant à sauver non seulement les âmes, mais aussi le tissu moral de la société. Bien que l’Évangile fournisse des repères et des références, c’est le contexte qui, en fin de compte, juge de la moralité d’une action humaine. Car c’est à travers l’Évangile que le Christ se révèle à l’homme, offrant une voie de sortie face aux dérives éthiques.

Quelle expérience faites-vous aujourd’hui de la vie à plus de 50 ans ?

 J’ai perdu la notion du temps, ce qui m’importe c’est ma mission.  Mon expérience de vie me permet de comprendre que tout n’est pas perpétuel, en mouvement. La vie n’est qu’une donnée qui est en mouvement qui est à venir, et dans l’espérance nous pouvons croire que ça ira mieux demain. J’ai vécu une expérience magnifique d’harmonie entre ma mission et les fidèles, à qui j’ai consacré une vie entière d’évangélisation  et à la quête de la foi, tant pour moi-même que pour ceux qui m’ont suivi. Depuis mes débuts dans cette mission, j’ai maintenu un lien étroit avec l’essence de l’Évangile, m’efforçant de tisser une connexion profonde entre mon apostolat et le rythme de la vie religieuse, où mes pas me portent. Pour moi, cet idéal de mission s’est toujours incarné à travers la prière, les chants sacrés, l’étude diligente et la prédication fervente, ainsi que dans la fraternité et l’annonce du salut là où la nécessité se faisait sentir.

De nos jours, la parole religieuse est souvent entachée par la présence de ce que l’on qualifie de faux prophètes. Existe-t-il réellement des faux prophètes à notre époque, et si oui, comment pouvons-nous les identifier ?

Je ne juge personne, mais il est une chose, si un pasteur offre quelque chose, il restera, s’il n’offre rien, il disparaitra de lui-même. De nos jours il y a beaucoup de faux prophètes, qui viennent annoncer l’évangile, soit détourner, soit encore annoncer une évangile qui ne cadre pas parce qu’il glisse sur les terrains, il s’accroche sur les terrains ou  des doctrines qui n’ont rien à voir avec les missions du Christ, mais qui parfois sont cohérentes mais truffées des desseins malsains. Il ne font pas de la globalité, ils en font des objets de commerce, ils en font un objet d’exploitation des autres. Donc, nous devons distinguer les faux prophètes devant Dieu en regardant aux fruits de leur foi. En faisant cela, nous pouvons éviter d’être pillés en  esprit et en chair.

Nous venons de célébrer la période de Pâques, durant laquelle le Christ s’est sacrifié pour sauver l’humanité. La question du sacrifice est au cœur de cette période, car elle soulève tous les défis auxquels l’homme est confronté : Quel sacrifice sommes-nous prêts à faire pour la Nature ? Quel sacrifice sommes-nous disposés à faire pour notre jeunesse ? Quel sacrifice sommes-nous prêts à faire pour notre pays ? Et surtout, quel sacrifice sommes-nous prêts à consentir pour l’avenir ?

L’homme, investi du pouvoir de gouverner sur la nature, a aussi le devoir sacré de la protéger, en éduquant les consciences à la nécessité de préserver l’environnement. C’est là son premier acte de dévouement, un enseignement essentiel qu’il doit transmettre à la jeunesse, afin qu’elle prenne conscience de cette responsabilité capitale pour notre monde. L’éducation, toujours et encore, demeure la clé pour cultiver un esprit de solidarité ; ainsi, le pasteur, guidé par son devoir, doit s’engager sur le chemin pour retrouver son troupeau, les incitant à assumer pleinement leurs responsabilités.

Nous venons de célébrer la pâque, durant laquelle le christ a été sacrifié, nous devons beaucoup nous élever et, cette élévation nous permet de considérer l’environnement comme créature de la nature de Dieu, nous avons beaucoup à  apporter, nous sommes prêt à faire le meilleur de nous même pour engager notre pays, nous devons  faire le meilleur pour l’avenir du citoyen, il faut se battre pour cela, ceux qui ne se battent pas, qui ne font pas de la projection, qui n’engage pas leur renoncement personnel, ne peuvent pas avoir un monde meilleur.

Dites-moi pasteur. Que rate-t-on lorsqu’on ne croit pas ?

Souvenez-vous des disciples dans la barque ; l’homme qui ne croit pas rate la paix intérieure. Cette question transcende la théologie abstraite pour revêtir une importance pratique aux répercussions éternelles. Considérez, par exemple, votre conception de la mission, de sa nature et de son urgence, influencée directement par le destin d’un homme isolé dans un désert. Qu’obtiendra-t-il dans la solitude  ? Selon vous sûrement rien ! Mais pourtant nous devons placer notre confiance en la sagesse d’un Dieu dont la bonté et la miséricorde surpassent notre entendement, capable de rejoindre l’homme, qu’il soit perdu dans le désert ou abandonné sur une île reculée ou dans une forêt profonde.

C’est une réponse que je donne en toute humilité, car il ne nous revient pas de définir ce que l’homme manquera réellement. Notre tâche est de prendre l’homme  au mot et de lui demander  de faire confiance à la vie et en Un Dieu parce que ses voies transcendent les nôtres. Pour répondre plus simplement disons que lorsqu’on ne croit pas on n’a pas l’espérance, nous devons croire en  l’espérance en dieu, nous avons l’espérance qui est le premier  compagnons de  l’avenir avant la rencontre avec le Christ, après notre vie sur terre, c’est l’éternité que nous recherchons, c’est ce que nous gagnons, pour ceux qui ne croient pas ils vont rater l’éternité, là c’est une certitude.

Avez-vous un mot d’encouragement à partager avec ceux qui ne croient pas encore ?

Je leur dirai de ne pas avoir peur. Dans notre époque, beaucoup de nos contemporains éprouvent de la crainte face à la parole. Pourtant, l’Évangile représente la Bonne Nouvelle, celle qui n’enlève rien mais qui offre tout. En tant que chrétiens, nous sommes appelés à en être les porteurs et les diffuseurs. Cela implique le privilège de vivre et d’approfondir une relation authentique avec Dieu, une relation qui repose non sur la peur de ne jamais être suffisamment bons pour être sauvés, mais sur la certitude que le dessein de Dieu est de nous accueillir dans sa maison, de nous unir dans son alliance et de construire une relation intime avec Lui. Il est là pour nous aider, car il connaît bien nos limites humaines, il nous donne le Saint-Esprit, avec la paix intérieure, l’audace et le zèle nécessaires pour vivre et partager ce trésor au plus grand nombre. C’est dire qu’ils doivent être accrochés  parce qu’un arbre qui n’a pas de racine, est voué à se perdre.

 Je vous laisse carte blanche pour terminer notre conversation.

Je vous remercie de m’avoir fait prêcher dans un autre contexte que ce que je fais habituellement, voilà la vraie mission des réseaux sociaux, toucher les cœurs lointains et faire lire les internautes  l’essentiel pour leur vie. Aujourd’hui il faut avoir une autre perception  de l’évangile parce que la compréhension de l’évangile est globale, et quand on comprend un texte hors contexte, c’est un prétexte. Quand le texte est dans le contexte, il constitue un texte pour vivre, un texte pour redynamiser la vie sociale. Que Dieu bénisse votre engagement sur cette plate-forme.

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