Le procès du meurtre du journaliste Martinez Zogo annoncé pour le 22 mars prochain
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Pour le moment, la date du 22 mars 2024 est  annoncée au Cameroun. Dix sept personnes seront enfin jugées pour le meurtre du journaliste Martinez Zogo, torturé par un commando des services de renseignements.

Amougou Belinga et un ancien chef des services secrets figurent parmi les inculpés de cette affaire qui a choqué le pays. Les preuves d'inculpations recueillies par les juges sont graves.

Dix-sept personnes, dont un homme d'affaires, Amougou Belinga et l'ex-patron des services secrets, seront jugées au Cameroun pour le meurtre du journaliste Martinez Zogo, supplicié par un commando des services de renseignement.

L'ordonnance de renvoi, consultée samedi par Camer.be et largement partagée sur les réseaux sociaux, établit "des charges suffisantes contre les 17 inculpés" pour mettre fin à l'information judiciaire. D'où leur maintien en prison.

Trois agents de la Direction générale des renseignements extérieurs (DGRE) sont inculpés pour assassinat et deux autres pour complicité d'assassinat, dont Justin Danwé, directeur des opérations de la DGRE, qui "n'a pas nié que c'est lui qui a organisé l'opération", selon l'ordonnance. Il a même reconnu avoir reçu des millions de la part de Amougou Belinga pour l'exécution de la salle besogne.

L'influent homme d'affaires camerounais Jean-Pierre Amougou Belinga, réputé proche de plusieurs ministres et hauts responsables de l’État, avait été arrêté peu après le meurtre à Yaoundé, soupçonné d'être impliqué et accusé d'avoir payé Eko Eko pour la salle besogne.

Maxime Léopold Eko Eko, ex-patron de la DGRE, dont le siège était resté vacant plusieurs mois et qui nie toute implication, doit également répondre de "complicité de torture."

La date du procès n'a pas encore été annoncée.

Enlevé le 17 janvier 2023 devant un poste de gendarmerie dans la banlieue de la capitale Yaoundé, Arsène Salomon Mbani Zogo, dit "Martinez", 50 ans, avait été retrouvé mort cinq jours plus tard. Son corps nu était atrocement mutilé.

Valse des juges

L'assassinat a provoqué un immense choc au Cameroun où M. Zogo était très populaire, contraignant le pouvoir à accepter de mettre sous les verrous des personnalités auparavant intouchables.

Le gouvernement avait rapidement dénoncé un "crime odieux" et annoncé l'arrestation de plusieurs personnes "fortement suspectées" d'être impliquées dans cet assassinat.

Plus d'un an après le meurtre du journaliste, sa dépouille n'a toujours pas été rendue à la famille, dans l'éventualité de nouvelles autopsies selon Elise Domche Woudje, directrice générale de la radio Amplitude FM, où le défunt journaliste officiait.

L'enquête a connu plusieurs rebondissements et une valse de juges d'instruction - militaires, puisque l'affaire est menée par des militaires et sera jugée dans un tribunal de l'armée.

Au mois de décembre 2023, la rumeur de la libération de M. Belinga et M. Eko Eko avait provoqué une forte indignation après qu'une copie de l'ordonnance de leur libération provisoire avait circulé sur les réseaux sociaux. Le juge d'instruction d'alors, le lieutenant-colonel Florent Aimé Sikati II Kamwo, avait le lendemain assuré que le document était un faux.

Quelques jours plus tard, il était dessaisi de l'affaire et un nouveau magistrat, le lieutenant-colonel Pierrot Narcisse Nzié, était désigné - le troisième magistrat en un peu moins d'un an.

Sur un ton corrosif, Martinez Zogo n'épargnait personne au sommet du pouvoir, sauf M. Biya et sa famille, une ligne rouge dans les médias.

Il dénonçait particulièrement au micro de son émission "Embouteillage" de présumées affaires de corruption dans lesquelles il mettait régulièrement nommément en cause M. Amougou Belinga, propriétaire de nombreux groupes d'entreprises dans les domaines de la banque, des finances, de l'assurance, de l'immobilier et des médias, dont le quotidien L'Anecdote, les télévisions Vision 4 et Télésud ainsi que la radio Satellite FM, tous réputés en faveur du pouvoir.

Selon l'ONG Reporters sans frontières (RSF), qui assure avoir lu une copie des procès-verbaux d'audition de hauts responsables de l'appareil de sécurité, M. Amougou Belinga a été cité pour l'enlèvement, les actes de torture et le meurtre de Martinez Zogo.

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