ALBERTINE MATOMBA UNE TRIPLE PASSION POUR LA VIE : SPORTIVE, ASSOCIATIVE ET POLITIQUE(interviews)
CAMEROUN :: POLITIQUE

CAMEROUN :: ALBERTINE MATOMBA UNE TRIPLE PASSION POUR LA VIE : SPORTIVE, ASSOCIATIVE ET POLITIQUE(interviews) :: CAMEROON

La sphère politique au Cameroun met en exergue le rôle déterminant  des femmes dans leur implication au sein des associations. Madame Albertine Matomba, une figure de proue de la scène politique camerounaise et ancienne  athlète de handball, occupe actuellement la présidence de l’association « Sourire de l’Espoir»  qui promeut le soutien à la jeune fille , des couches défavorisées et bien entendue l’apprentissage à l’entreprenariat. Elle a gracieusement accepté de répondre à nos questions, éclairant ainsi son parcours en tant que femme engagée, sa vision pour l’association  et les défis auxquels les femmes sont confrontées dans le paysage politique camerounais. Portrait d’une présidente engagée.

Bonjour madame.  C’est la première fois que nous avons l’occasion d’échanger, et bien que vous soyez déjà célèbre, certains de nos lecteurs pourraient vous découvrir aujourd’hui. Serait-il possible pour vous de vous présenter à ceux qui ne vous connaissent pas encore ?

Bonjour Calvin. Avant toute chose, je tiens à exprimer ma gratitude envers Camer.be pour l’intérêt qu’il porte à ma personne, même si je crains de vous décevoir en précisant que je ne me considère pas comme quelqu’une de célèbre. Je préfère, en accord avec mon éducation, rester discret et humble afin de mieux me connecter avec mon entourage. Ce sont ces  valeurs qui  définissent ma personnalité.

Pouvez-vous nous partager votre parcours scolaire et universitaire ?

Je suis de ceux qui ne glorifient pas nécessairement les diplômes. Je connais des individus qui possèdent des diplômes variés – bacheliers, licenciés, docteurs, etc. – mais qui peinent à avoir un réel impact sur leur société. Toutefois, je reconnais  l’importance de l’éducation classique, je prône avant tout la capacité d’une personne  à influencer, à concrétiser, à s’adapter dans ce nouveau monde confronté aux défis de l’industrialisation et du capitalisme.

Mon parcours académique suit un schéma à la fois classique et singulier. J’ai effectué mes études primaires à l’école Saint Jean Baptiste, située dans l’arrondissement de MAKAK, où j’ai obtenu le CEPE. Ensuite, j’ai poursuivi mes études secondaires dans plusieurs établissements, notamment le lycée de MAKAK, le collège protestant de METET, le lycée de Mbalmayo, et enfin le lycée de Nkolndongo à Yaoundé, où j’ai obtenu mon Baccalauréat. Par la suite, j’ai poursuivi mes études supérieures au Burkina Faso, où j’ai étudié les métiers de l’aviation. Munis d’un diplôme de technicien supérieur, j’ai intégré le monde professionnel, avant d’obtenir ultérieurement une certification IATA (Association Internationale du Transport Aérien).

La question qui nous interpelle est votre parcours sportif, dans le domaine  du  handball. Pourriez-vous nous faire revivre cette expérience ?

 Le monde du sport dans son ensemble est fascinant, et particulièrement le handball, qui est tout simplement magnifique. J’ai débuté ma pratique dès l’école primaire, puis au secondaire. Rapidement, j’ai réalisé que je pouvais me  démarquer  dans ce domaine, bien que cela ait failli me dérouter… en riant. Grâce à mon talent, j’ai été remarquée dans les lycées du Cameroun rien que par mes compétences de handballeuse. J’ai remporté divers trophées de championnat, des médailles, ainsi que des jeux organisés par l’Office des sports scolaires et universitaires. Mon premier club, « Avenir Handball », m’a permis de progresser encore davantage avant que je ne parte au Burkina Faso, où j’ai joué pour l’AS SONABY et l’ASFA YENENGA. À plusieurs reprises championne au Faso, j’ai eu l’honneur de saluer un chef d’État en tant que sportive pour la première fois, en l’occurrence Blaise Compaoré. Pour terminer, j’ai signé un contrat avec le POUZIN Handball en France, mais malheureusement, un accident est survenu, me contraignant à mettre fin à ma carrière.

Que vous reste-t-il de ce sport aujourd’hui ? 

Je garde en mémoire des souvenirs joyeux et des liens solides avec mes anciennes coéquipières. Le respect et l’admiration du peuple Burkinabé, qui est quasiment comme une seconde famille pour moi. Tout ce que je vous relate en ce moment est très  précieux pour moi. J’ai souhaité demeurer au cœur de cette passion en créant une équipe destinée à concourir dans le championnat national. Cependant, je n’ai pas encore trouvé l’encadrement technique idéal que je recherche. Pour l’instant, je trouve satisfaction à guider Nyong et Kelle Volleyball, qui réalisent des exploits tant sur le plan national que continental (quart de finaliste de la Ligue des champions africaine en 2023). Manifestement, ma relation avec le handball est une histoire riche en émotions et en accomplissements.

En tant que sportive de haut niveau, comment percevez-vous la récente débâcle des Lions indomptables à la Coupe des Nations de football ?

 En tant que Camerounaise, la performance de notre équipe nationale a été décevante, car nous avons une tradition de victoires. J’aurais préféré voir certains joueurs convoqués à la place d’autres, une opinion que partagent de nombreux « coachs » parmi nous au Cameroun, avec nos millions d’experts en la matière. Personnellement, j’aurais tellement aimé voir le jeune Ben Elliott sur le terrain, mais malheureusement, cela n’a pas été le cas. Cependant, avec le recul d’une passionnée de sport, je dirais que même si nous aurions pu faire mieux, il est important de reconnaître que notre football traverse actuellement une période difficile.

Vouloir remporter tous les matchs sans investir dans une préparation adéquate équivaut à de la tricherie. Nous devons reconstruire ! Nous avons une nouvelle génération de joueurs, et il est essentiel de leur permettre de jouer ensemble pour affiner leurs réflexes. Les échecs doivent être considérés comme des opportunités d’apprentissage qui nous conduisent inévitablement vers le succès. J’espère que la prochaine équipe technique saura capitaliser sur les bases laissées par l’équipe sortante tout en apportant de nouvelles touches qui nous permettront de décrocher notre sixième étoile, et ainsi justifier notre statut de force dominante sur le continent. (rires)

Je sais aussi que vous êtes présidente d’une association,  pourriez-vous nous présenter votre mouvement associatif ? 

Cette association nous permet simplement d’agir dans un cadre légal, car au Cameroun, toute manifestation nécessite l’autorisation des pouvoirs publics. Pourtant, ma formation spirituelle m’enseigne que ce que la main gauche donne, la main droite ne doit pas le savoir ! Cependant, il arrive parfois que nous soyons contraints d’aller au-delà de cette réalité. L’association, comme son nom l’indique, « Sourire de l’Espoir », s’efforce de redonner le sourire à ceux qui semblent l’avoir perdu. Nous nous concentrons principalement sur les jeunes désorientés, en particulier les jeunes filles et les mères célibataires sans soutien. Nous les encourageons et les accompagnons dans l’entrepreneuriat.

 Concrètement, quels sont les champs d’action de cette  Association ? Quelles ont été ses réalisations marquantes ?

  • formation
  • financement
  • conseil
  • à certains on paie même des études

 Votre engagement politique semble indissociable de votre notoriété dans le domaine sportif et de votre implication sociale. Serait-il juste de dire que ce sont ces facteurs qui vous ont inspiré à entrer en politique ?

(Rires)… Je n’ai pas choisi de m’engager en politique, mais c’est la politique qui m’a choisie. Vous savez, dès lors qu’on naît dans une société où prétendre à une vie sereine relève parfois du rêve, il devient impératif d’agir. Cette action est notre contribution à l’amélioration des conditions de vie, et c’est précisément ce que je fais, tout comme beaucoup d’autres, même s’ils refusent parfois l’étiquette d’appartenir à un parti politique. Par un coup du destin, j’ai épousé un homme de conviction, un homme plein d’ambitions pour son pays. Cela m’a insufflé un zèle particulier pour l’accompagner dans son action et surtout pour œuvrer à l’amélioration des conditions de vie en tant que citoyenne engagée.

En tant que Personne bien informée sur le Cameroun, comment percevez-vous la situation actuelle du pays sur le plan politique ?

Vous plaisantez, j’espère ! La seule certitude que je peux avoir, c’est que le Camerounais moyen, celui de la classe ouvrière, est en agonie. Il est impératif  d’agir rapidement pour garantir à tous l’accès à l’eau potable, à l’éducation, aux soins de santé, et bien d’autres besoins fondamentaux. Sans ces réalités, je crains que la situation politico-sociale ne devienne encore plus sombre, et nous nous retrouverions dans une incertitude totale quant à notre avenir.

Abordons le sujet des femmes. En tant que femme moderne, quelle est votre opinion sur l’engagement des femmes dans les réseaux sociaux, notamment celles que l’on qualifie d’influenceuses ? Pensez-vous qu’elles méritent d’être prises au sérieux ?

Vous soulevez deux problématiques intéressantes : les réseaux sociaux et le phénomène des influenceuses. Je dois avouer que,  je ressens une pointe de tristesse, en constatant que la valeur de la femme semble parfois se perdre dans l’engouement,  pour les réseaux sociaux. Trop souvent, on assiste à une dévalorisation de l’éducation, avec des comportements dénudés qui sont promus, ce qui est regrettable à mes yeux.

En ce qui concerne les influenceuses, sans vouloir porter de jugement de valeur, je suis d’avis que certaines ne méritent pas leur statut. Le non-respect des valeurs, la promotion d’une richesse superficielle sont malheureusement des traits que l’on observe trop fréquemment. Cependant, il est important de reconnaître que tout n’est pas nécessairement sombre dans ce domaine. On trouve en effet une part significative d’influenceuses qui œuvrent pour des causes nobles : l’éducation, la formation, le travail, etc. Finalement, je dirais que selon le camp que l’on choisit de suivre sur les réseaux sociaux, on trouvera l’influence que l’on mérite.

 Pour finir, quelles sont les priorités du moment pour  la femme camerounaise ? 

Il est grand temps que la femme camerounaise se réveille, prenne conscience de sa valeur et soit prête à changer sa mentalité. Des colloques, des séminaires et des formations sont nécessaires pour lui faire comprendre que son épanouissement dépend d’elle-même. Elle doit être prête à se former et à se dépasser pour relever les défis de la mondialisation. Par ailleurs, elle doit s’engager activement dans la gestion de la cité en s’inscrivant massivement sur les listes électorales et en se portant candidate pour occuper des postes décisionnels. C’est sur ces tables que les décisions importantes sont prises, et elle doit y être présente pour faire valoir ses opinions et contribuer au développement de la société.

 Je vous laisse conclure cet échange.

Je vous exprime ma gratitude pour cet entretien qui a permis d’explorer mon moi intérieur. En ce mois consacré à la femme, je suis convaincue que grâce à des structures telles que la vôtre, les voix des femmes seront encore plus audibles et porteuses.

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