Entretien entre Jean Fochivé et Ernest Ouandié quelques jours avant l’exécution Ouandié
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CAMEROUN :: Entretien entre Jean Fochivé et Ernest Ouandié quelques jours avant l’exécution Ouandié :: CAMEROON

Ouandié :  Nous sommes quand même ici chez nous, que je le sache. Pendant combien de temps crois-tu que nous continuerons à laisser les Français nous dicter leurs lois sans réagir ?

Fochivé : Ceci durera tant que des hommes comme toi n’auront pas trouvé une stratégie de lutte autre que la violence contre le néocolonialisme

Ouandié : Ce néocolonialisme ne doit son existence et sa force qu’à des gens comme vous 

Fochivé : Si ce n’était pas nous, ce serait vous. Ce n’est qu’une question d’idéologie.

Ouandié : Explique-moi un peu votre choix et votre amour pour la France 

Fochivé :  Cela s’est déjà vu en Afrique, c’est le choix et l’amour de l’esclave pour son maître

Ouandié : Qui s’explique simplement par la peur.
 
Fochivé : Oui, la peur d’être là où tu es en ce moment 

Ouandié :  Parce que tu crois que j’ai peur de mourir ?

Fochivé : Tout homme qui se donne une valeur a toujours peur d’une mort inutile. La tienne aujourd’hui ne servirait pas ta cause. Il y a aussi la vie de ces innocents, de jeunes Bamiléké que des illusionnistes comme toi ont embarqués dans cette galère. C’est tout cela qui doit te tourmenter quand tu penses à la mort. Et puis, permets-moi de te poser une question : Crois-tu que si le départ ou la mort de M. Ahidjo était une garantie pour le bien-être des Camerounais ou plus particulièrement des Bamiléké que tu évoques, serait-ce une affaire laissée entre les mains d’un instituteur ? Non, il y a beaucoup d’autres valeurs chez les Bamiléké, des gens qui n’iraient pas au-devant d’un char d’assaut avec de vulgaires fusils de chasse. Avec la mort de M. Um Nyobé, l’UPC était morte. La classe intellectuelle Bassa qui l’animait s’était retirée. Il y avait eu des ralliements et certains avaient préféré s’exiler en Europe. Seuls sont restés dans le maquis des illettrés à l’horizon obscur qui terrorisent, pillent et massacrent des populations innocentes :

Ouandié : Voilà une conversation qui tourne à l’insulte. M’en veux-tu personnellement ?

Fochivé : Oui, et ceci pour deux raisons : j’ai tenté vainement et à l’insu de mes patrons, de t’empêcher d’être où tu es en ce moment. Je t’en veux comme j’en veux à Félix Moumié qui, lui aussi, est mort inutilement. Je vous reproche à tous deux d’avoir mobilisé la dynamique jeunesse de l’Ouest pour l’envoyer à l’abattoir. Vous avez transformé des jeunes désœuvrés en guérilleros sans leur donner les moyens de se défendre. Vous vous êtes laissé tromper et les avez trompés.

Ouandié : Si je suis aussi naïf et minable que tu veux me faire croire, pourquoi donc tout ce tapage médiatique autour de mon affaire ?

Sources : Les révélations de Jean Fochivé, le chef de la police politique des présidents Ahidjo et Biya. De Frédéric Fenkam, aux Éditions Minsi.

Les révélations de Jean Fochivé: Le chef de la police politique des présidents Ahidjo et Biya, esrt disponible en librairies et sur ce lien 

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