Hier, à Washington D.C., le pasteur Roncs ETAME a célébré une messe de requiem en mémoire du regretté professeur Mono Ndjana, son ami personnel qu’il avait eu le privilège de rencontrer à de nombreuses reprises de son vivant. Le professeur Mono Ndjana était un érudit qui, de manière éloquente et brillante, s’était attaqué avec succès aux fondements de notre société archaïque grâce à ses analyses perspicaces. Son talent pour la synthèse était tout simplement éblouissant, et son apport à la philosophie constitue sans aucun doute l’une des contributions les plus enrichissantes dans le domaine du savoir empirique et scientifique.
J’écoutais ses discours avec une passion inébranlable, captivé par son intérêt intellectuel profond. Notre génération a subi une perte immense avec la disparition de cet intellectuel hors du commun qui avait atteint le sommet de son art dans sa quête incessante de partager ses connaissances à travers des travaux de grande envergure. À la fois remarquablement intelligent et sage, le professeur Mono Ndjana avait un tempérament exigeant. Ses contributions éclairées à la philosophie resteront un héritage durable. Il a enseigné, il a formé, il a éduqué, maîtrisant les concepts de manière exceptionnelle.
La jeunesse universitaire d’aujourd’hui ne peut que bénéficier de la lecture attentive de ses œuvres pour mieux comprendre la philosophie, le Cameroun et la vie en général. Il est impératif que nous nous efforcions, dans la mesure du possible, de retracer ses traces, car il fut un brillant chercheur et un professeur dévoué dont les contributions continueront d’inspirer les générations futures. En célébrant sa mémoire, le pasteur anticipe sur ses obsèques et honore un homme extraordinaire, devenu de plus en plus rare de nos jours. Outre son rôle d’enseignant et de politicien, il a prôné, à l’instar de Platon, l’éducation d’une jeunesse saine et noble.
Pour lui, la vie politique devait être marquée par des transitions lumineuses. Victime de complots contre l’intelligence, il a résisté avec ténacité et a continué à partager son savoir à travers les médias. Il incarne une certaine vision du Cameroun. Profondément attaché à son pays et à ses concitoyens, il n’a jamais abandonné l’idée de le servir, convaincu que le devoir est la voie vers le succès personnel et le progrès de la société. Cette conviction est restée ancrée en lui jusqu’à sa fin. Sa mission sur cette terre était de transmettre avec rigueur, exigence et discipline. Une mission souvent ingrate ! Le professeur croyait fermement que le savoir pouvait effacer toutes les différences, et que dans la construction de notre nation, toutes les compétences devaient être mobilisées, d’où qu’elles viennent, et reconnues à leur juste valeur. Année après année, il a exercé son métier, bâtissant une carrière marquée du sceau de la philosophie, de la compétence et d’une indépendance farouche vis-à-vis de ses collègues. Ses pairs, même ses contradicteurs, ont reconnu sa carrière exceptionnelle. Il est le premier professeur titulaire dans le département de philosophie à l’université de Yaoundé I.
Quelle détermination, quelle passion pour la philosophie… C’est là, à mon avis, la véritable essence de la vie de cet infatigable combattant du savoir. Puis, le 3 novembre, il a été brutalement arraché à nous par un inconnu qui doit certainement regretter son acte, car il a privé tout un pays d’un homme précieux. Depuis sa mort, beaucoup de choses ont été dites et écrites, mais évitons de céder à l’agitation, car tout cela représente la somme du savoir. Car comme tous les philosophes, le professeur a laissé sa poitrine ouverte pour encaisser tous les coups. Tous les écrits feront parti de son héritage social voilà pourquoi il mérite une sépulture digne.