07 octobre 2001 :  Il y a 19 ans disparaissait MONGO BETI.
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CAMEROUN :: 07 octobre 2001 : Il y a 19 ans disparaissait MONGO BETI. :: CAMEROON

« La vocation de l’écrivain n’est pas de bénir le monde tel qu’il est, mais de mettre la société mal à l’aise, de lui fournir cette mauvaise conscience dont elle a besoin pour progresser. Il faut provoquer l’indignation, source de vie et de liberté. » Mongo Beti

MONGO BETI est l’écrivain, l’intellectuel qui m’a le plus influencé et a structuré mon engagement à travers ses écrits. Alexandre Biyidi Awala Alias Eza Boto ou Mongo Beti est né le 30 juin 1932 à Akométan au Cameroun. Mongo Beti est son nom d’écrivain. Mongo signifie « fils », et Beti est le nom de son groupe ethnique. Il est donc le fils de son peuple, de sa terre, de son pays.

Nanti de son baccalauréat, Mongo Beti débarque en France en 1951 où il poursuivra des études supérieures de Lettres à Aix-en Provence puis à la Sorbonne à Paris.

A peine âgé de 21 ans, il publie en 1953 son premier livre, la nouvelle « Sans haine et sans amour ». En 1954, il publie son premier roman Ville cruelle, sous le pseudonyme d’Eza Boto. Roman dans lequel il dénonce le système arbitraire et injuste du colonialisme. Sa carrière littéraire sera essentiellement celle d’un écrivain anticolonialiste.
En 1956, paraît le roman Le pauvre Christ de Bomba dans lequel il décrit le monde missionnaire colonial. Paraît ensuite Mission terminée en 1957 ; ouvrage qui se veut une description de la société traditionnelle camerounaise et de ses travers. En 1958, paraît Le Roi miraculé. Travailleur acharné, Mongo Beti a travaillé pour la revue Preuves et a enseigné aux lycées de Rambouillet et Henri Avril à Lamballe.

En 1966, Il réussit avec brio son Agrégation de Lettres classiques et enseigne de cette date jusqu’en 1994 au lycée Corneille de Rouen. En 1972, paraît son livre Main basse sur le Cameroun, autopsie d’une décolonisation. Le livre est immédiatement censuré dès sa sortie par un arrêté de Raymond Marcellin, ministre de l’intérieur français sur la demande de Jacques Foccart et du gouvernement camerounais.

En 1974, paraît Perpétue et Remember Ruben. Mongo Beti a été profondément marqué dès sa jeunesse par la personnalité de Ruben Um Nyobé. Alors qu’il était encore élève au lycée Leclerc de Yaoundé, Mongo Beti faisait régulièrement le mur pour aller écouter clandestinement le « Mpodol » le leader charismatique de l’Union des Populations du Cameroun (UPC).

Mongo Beti fonde en 1978 avec son épouse Odile Tobner, la revue bimestrielle Peuples Noirs Peuples africains dans laquelle il dénonce le néocolonialisme et permet aux jeunes intellectuels africains de s’exprimer. Tout au long de son existence, Alexandre Biyidi Awala a dénoncé le colonialisme et le néo-colonialisme. Il aurait mérité le surnom de « L’anti [néo]colonialiste ».

Il estimait que « le combat contre le colonialisme ou le néocolonialisme commence par le combat contre les forces qui, localement, servent de relais au néocolonialisme. »

L’œuvre littéraire de Mongo Beti est immense. Il a notamment publié en plus des œuvres citées plus haut :

  • Ruine presque cocasse d’un polichinelle en 1979,
  • Les Deux Mères de Guillaume Ismaël Dzewatama futur camionneur en 1983,
  • La Revanche de Guillaume Ismaël Dzewatama en 1984,
  • La France contre l’Afrique, retour au Cameroun en 1993, :
    • L’histoire du fou en 1994 puis les deux premiers volumes,
    • Trop de soleil tue l’amour en 1999, Branle-bas en noir et blanc (2000).

Après trente-deux ans d’exil en France, Mongo Béti « l’anti [néo]colonialiste » retourne au Cameroun en 1991. Constatant que le livre est une denrée particulièrement rare dans ce pays, il décide d’ouvrir une librairie à Yaoundé : « La Librairie des Peuples noirs ».

Il aide les villageois de son village d’Akometam à organiser des activités agricoles. Il crée des associations de défense des citoyens et publie dans la presse privée de nombreux articles de protestation. Il militait pour une presse libre et objective. Quelques mois avant sa mort il disait :

« Pour assainir définitivement la relation Afrique-France, et prévenir massacres et autres génocides, il convient surtout de libérer les acteurs des médias français de toutes les inhibitions psychologiques, politiques et culturelles qui les ont paralysés jusqu’ici. Comme ailleurs, dans les pays développés et réellement démocratiques, il faudra bien que vienne le jour où un journaliste français parlera objectivement de l’Afrique même si les faits contredisent son idéologie. »

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