LA PRESSE CAMEROUNAISE N'EST PAS UN POUVOIR
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Afrique du Sud : Une ministre privée de salaire pendant 3 mois

Elle s’appelle Nosiviwe Mapisa-Nqakula. Elle est ministre de la Défense en Afrique du Sud. Dimanche 27 septembre dernier, Cyril Ramaphosa, le chef de l’État a publié un communiqué officiel dans lequel il a annoncé que de novembre 2020 à janvier 2021, Mme Nosiviwe Mapisa-Nqakula ne percevra pas de salaire. Le total de ces trois mois de traitement seront saisis et reversés au trésor public.

Cet argent servira à rembourser les charges consécutives au déplacement d’un avion militaire à bord duquel ce membre du gouvernement s’était rendu à Harare, capitale du Zimbabwé le 8 septembre dernier pour rencontrer son homologue zimbabwéen afin de discuter de questions de défense régionale dans le cadre des résolutions de la SADC. La ministre avait embarqué dans l’avion militaire, une délégation de l’ANC, mandatée par le président Ramaphosa pour discuter avec les responsables du parti au pouvoir au Zimbabwe, la ZANU-PF, des situations critiques que traversent les deux pays par rapport à la Covid-19.

Après le voyage, les médias et l’opposition sud-africains s’emparent du sujet. Ils critiquent l’utilisation des moyens de l’État pour des besoins de l’ANC. Ils obligent le président de la République à se saisir du dossier et à exiger des explications à sa ministre. Face à la grogne, l’ANC a présenté ses excuses publiques aux citoyens. Il a annoncé le remboursement au trésor public, les frais de transport de ses délégués.

Le chef de l’État a félicité ses compatriotes pour l’intérêt qu’ils ont manifesté pour cette question, « une indication de leur vigilance contre les allégations de déploiement inapproprié des ressources publiques »., a-t-il précisé.

Cameroun : 140 millions de Fcfa à une compagnie étrangère
Le 3 septembre 2020, sept ministres sont dépêchés par le chef de l’État dans l’Extrême Nord. Ils embarquent à bord d’un QC400 d’Ethiopian Airlines. La délégation conduite par Paul Atanga Nji, ministre de l’Administration Territoriale a séjourné dans la localité pendant 5 jours pour évaluer les dégâts provoqués par les pluies diluviennes des dernières semaines dans cette partie du pays. Ces dégâts ont eu pour conséquence la plus perceptible, l’affaissement du pont de Palar, une infrastructure qui permet de rallier par endroit le reste du pays à l’Extrême-Nord, voire à Ndjamena.

Cette grosse mission interministérielle n’aurait-elle pas été effectuée seulement par le ministre de l’Administration territoriale et son homologue des Travaux publics, avec la présence des ingénieurs du génie civile ? En plus de l’avion lourdement affrété, il faut ajouter aux dépenses conséquentes les frais de mission des ministres ainsi que des délégations qui les accompagnent.

Cameroun : 45 millions de FCFA à compagnie étrangère pour la Tabaski du PAN

Afin de célébrer la Tabaski (Sacrifice du mouton) comme Cavaye Yéguié Djibril le fait chaque année, le président de l’Assemblée nationale avait pris la précaution d’usage de réserver le MA60 de l’Armée de l’Air du Cameroun pour se rendre à Maroua. À quelques heures de son déplacement, les responsables militaires de l’appareil informent le protocole du PAN que l’appareil n’est pas en état d’effectuer un vol. Il faudra donc plus de 72 heures aux techniciens militaires pour mettre l’aéronef en situation de voler.

Cavaye Yeguié Djibril n’avait pas prévu de passer la Tabaski hors de Maroua. Dans une colère noire, il ordonne à ses collaborateurs des services financiers de l’Assemblée de trouver un appareil pour effectuer son voyage. Le problème est résolu : un dépôt simple à Maroua est négocié pour affréter un jet privé au PAN pour un montant de 45 millions de FCFA. Le PAN peut donc voyager à Maroua.

Dans les trois cas, l’argent du contribuable a été dépensé hors des normes. Pour le cas de l’Afrique du Sud, les médias ont dénoncé l’irrégularité de la dépense, l’opposition et la société civile se sont emparées du sujet, le gouvernement en a tenu compte ; des sanctions ont été prises. Chacun a joué son rôle, comme dans une démocratie.

Pour les deux cas du Cameroun, certains médias ont dénoncé la « mal gouvernance ». D’autres « confrères » sans surprise, ont salué les « grandes actions du gouvernement ». Même si l’opposition avait récupéré les sujets pour pousser le gouvernement à réagir, ces affaires n’auraient jamais eu autre écho que des gesticulations de cette opposition non écoutée. Les députés de l’opposition n’auraient parlé que pour la forme.

Voilà la démocratie à la camerounaise. Si les dirigeants prêtent une oreille aux dénonciations faites par la presse, il serait reconnu à celle-ci un pouvoir qu’elle a sous d’autres cieux. Au Cameroun, on a choisi de chosifier la presse afin qu’elle ne soit pas un pouvoir gênant, voire dangereux, bien que très utile dans une démocratie.

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