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- 25 Jul 2020 18:23:00
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CAMEROUN : LA REPUBLIQUE AMNESIQUE, LE PAYS QUI EFFACE SON PASSE :: CAMEROON
La République du Cameroun est un exemple parfait de République qui s’attelle à tout oublier de son passé, sauf quand celui-ci glorifie la France. L’oubli est entretenu au point où les municipalités préfèrent baptiser les rues des villes de noms de fruits, plutôt que de personnages de son histoire.
Le 13 septembre 1974, Tonton Sébé Njoh, animateur radio bien connu par son émission matinale « Bonne fête » diffusée par Radio-Cameroun, avait rappelé à ses auditeurs que ce jour-là, seize années auparavant, Ruben Um Nyobè avait été assassiné en plein maquis en Sanaga-Maritime.
Avant la fin de l’émission, Jean Fochivé, le tristement célèbre patron de la police politique, avait dépêché à Radio-Cameroun une escouade de ses agents. Ceux-ci avaient fait irruption dans le studio où se trouvait le présentateur de l’émission, et l’avait arrêté sur le champ non sans lui avoir infligé une bastonnade en bonne et due forme. Puis ils l’avaient traîné dans les geôles de la BMM à Yaoundé – officine où se pratiquait la torture – où il avait été enfermé des mois durant, pendant que son salaire avait été suspendu.
Son péché ? Il avait commis l’imprudence de prononcer ce nom que le régime avait décidé de bannir et d’effacer de la tête des Camerounais. Et si d’aventure on était amené à le prononcer, il fallait prendre la précaution de qualifier la personne qui le portait de dangereux individu qui avait fait couler beaucoup de sang innocent au Cameroun.
Quatorze années auparavant, à savoir au mois de janvier 1960, soit tout juste quelques jours après la proclamation de l’indépendance, Ahmadou Ahidjo, encore Premier ministre du Cameroun – il ne deviendra Président de la République que le 5 mai 1960 - avait autorisé la vente d’un livre intitulé « Histoire du Cameroun ». Aux environs de onze heures, à peine le public avait-il commencé à le découvrir dans les librairies de la capitale, que la police nationale secondée par la gendarmerie, avait procédé manu-militari à la saisie de tous les exemplaires de cet ouvrage mis en vente à travers la ville.
Gare à quiconque était surpris en possession de l’un d’eux. La raison ? Dans le livre, deux pages étaient consacrées à Ruben Um Nyobè et au combat qu’il avait mené pour l’indépendance du pays.
Cela était totalement inacceptable pour le gouvernement camerounais. Un seul hom-me avait mené le combat pour l’indépendance, c’était « Son Excellence » Ahmadou Ahidjo, et personne d’autre.
Comment oser évoquer quelque autre nom, qui plus est, celui d’un bandit de grands chemins tel que l’avait été Ruben Um Nyobè selon le régime, dans un livre d’histoire qui se voulait « sérieux » et « intoxiquer » ainsi la population ? Ce n’était que par simple magnanimité que les auteurs de l’ouvrage n’avaient pas connu le même sort que Tonton Sébé Njoh.
En tout cas, les oreilles leur avaient été bien tirées, afin que nul ne se hasarde plus jamais à commettre pareille bêtise.
……………………
Introduction
Chapitre I :
L’amnésie sur l’histoire du Cameroun avant 1945
A – La disparition du protectorat allemand
B – La disparition de la période du mandat de la SDN et de la tutelle des Nations Unies
Chapitre II :
L’amnésie sur l’histoire du Cameroun de 1946 à 1960
A – La disparition de la lutte pour l’indépendance et la réunification.
B – Le maquillage de l’arrivée d’Ahmadou Ahidjo au pouvoir.
Chapitre III :
La réécriture de l’instauration de la terreur au Cameroun le 1er septembre 1966.
A – Le mot « dictature » proscrit
B – Une adhésion « volontaire » au parti unique.
Chapitre IV :
L’érection d’Ahmadou Ahidjo en sauveur providentiel du Cameroun
A – L’existence de nombreux personnages dans d’autres pays.
B – Aucune loi ne porte le nom de quel que ministre que ce soit au Cameroun.
Chapitre V :
Les raisons de « l’amnésie nationale »
A – Le contentieux colonial franco-camerounais à faire disparaître.
B - La maltraitance coloniale à effacer des mémoires.
Chapitre VI :
Les conséquences de l’« amnésie nationale »
A – Cameroun terre de tribalisme
B – L’inexistence de l’intérêt général.
Chapitre VII :
Renouer avec nous-mêmes
A – Recoudre l’histoire
B – Modeler le présent puis le futur à partir du passé
Enoh Meyomesse
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