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- 30 Jun 2020 14:19:00
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CAMEROUN :: Livre, à lire: EZAZU REVIENT DE MBENG… :: CAMEROON
Une jeune fille mariée à un Français décide de retourner en vacances au Cameroun. Elle est assaillie par les agaçantes demandes financières de sa famille. Elle en est outrée.
Puis sa mère la convint de rendre visite à ses oncles dans son village avant de rentrer en France. De ce déplacement malheureusement, victime de sorcellerie, elle ne reviendra pas …
…………………………
Chapitre 1
Keñ…..ngeñ..…ngeeeeeñ !!!! », retentit bruyamment et longuement dans le grand hall de l’aéroport, la cloche annonçant les arrivées et les départs d’avions. Aussitôt, une voix enchaîna :
« Votre attention s’il vous plait, arrivée du vol Air France en provenance de Paris, sortie des passagers, porte numéro trois. Je répète, votre attention s’il vous plait, arrivée du vol Air France en provenance de Paris, sortie des passagers, porte numéro trois ».
Le cœur d’Adeda se mit à tambouriner dans sa poitrine, tellement la joie qui l’envahissait à l’annonce de l’arrivée de ce vol était immense. Ses mains devinrent subitement moites. Une boule douloureuse vint se loger au fond de son gosier. Elle avala de la salive. Celle-ci lui donna l’impression, en descendant dans sa poitrine, de lui écorcher le gosier. Elle fit une grimace. Elle se tourna vers ses enfants, ses sœurs et cousines venues en sa compagnie accueillir sa fille Ezazù partie en mariage en France il y a quelques années.
— Elle est arrivée, elle est là, leur déclara-t-elle, les yeux étincelants de joie, et en arborant un immense sourire jusqu’aux oreilles.
Ezazù était férue des cyber-cafés, elle y passait des journées entières, et rentrait parfois tard dans la nuit, après avoir surfé toute la journée, jusqu’à tomber de sommeil. Que cherchait-elle sur le net ? Un mari. Des copines à elles en avaient trouvé par ce canal, elle s’était juré d’en faire autant. A force de persévérance, elle était parvenue à en dégoter un. Tout d’abord, son futur époux et elle avaient entretenu une longue correspondance. Puis, ce dernier, finalement, lui avait demandé de le rejoindre en France. Il s’était occupé de toutes les formalités de visa. Ezazù s’était ainsi envolée pour la ville de Rennes, dans l’ouest de la France, où vivait Jules. Ils s’étaient mariés à peine un mois après son arrivée.
Son beau-père n’avait pas particulièrement approuvé cette union. Il était quelque peu raciste, même s’il se défendait de l’être. En revanche, sa belle-mère l’avait immédiatement adoptée, et lui avait aussitôt attribué comme petit nom, « Perle noire ».
Le départ d’Ezazù en France avait été un événement heureux dans la famille d’Adeda. Elle lui avait apporté beaucoup de considération, tant dans son quartier de résidence, que dans son village. Son nom même avait changé. Elle n’était plus simplement Adeda comme auparavant, mais désormais, « Adeda dont la fille a épousé un Blanc ». De temps en temps, Ezazù lui expédiait un peu d’argent par Western Union. A chacun de ces envois, tout le quartier était en émoi : « la fille d’Adeda lui a encore envoyé de l’argent ; Adeda est une personne chanceuse ; elle a une fille en France ; elle n’est pas n’importe qui ». Adeda marchait alors fièrement dans le quartier tel un coq dans une basse-cour, même si cela lui occasionnait d’innombrables visites impromptues de gens en quête de petits prêts d’argent.
—Maman ! Maman ! Voilà Ezazù ! s’exclama un des enfants d’Adeda, en apercevant Ezazù derrière une des vitres de la porte de sortie des passagers. Voilà Ezazù, maman, maman, maman, là-bas !
Adeda et ses nombreux accompagnateurs avaient aussitôt déporté leurs regards sur la baie vitrée de la salle des arrivées, et s’étaient mis à y dévisager méticuleusement les personnes qui s’y trouvaient et qui toutes, à l’exception des agents de police et des douaniers, provenaient de ce vol. Rapidement, ils avaient identifié une dame toute emmitouflée dans un gros pull-over à carreaux, qui de son côté, en tendant le cou et en agitant la tête pour voir par-dessus les gens, essayait de découvrir les personnes venues l’accueillir. C’était Ezazù. Leurs mains se levèrent simultanément. « E-za-zù ! E-za-zù ! E-za-zù ! E-za-zù !», se mirent à scander tout en sautillant sur place les enfants d’Adeda.
Le temps ne passa plus. Ezazù sortit de la salle d’arrivée des passagers en poussant devant elle un chariot bondé de bagages. Adeda et ses accompagnateurs se jetèrent sur elle dans d’interminables embrassades et rires aux éclats. Elles se dévisageaient, éclataient de rire, s’étreignaient longuement, se relâchaient, se mettaient de nouveau à se dévisager, éclataient de nouveau de rire, et s’étreignaient longuement encore, encore et encore.
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Enoh Meyomesse
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