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© Repères : Fabrice BELOKO
- 03 Apr 2020 10:15:00
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CAMEROUN :: Le business de sexe en confinement à YAOUNDÉ :: CAMEROON
La pandémie du coronavirus a mis un coup d’arrêt à la prostitution dans les rues de la capitale. Sans ressources durant cette période inédite, plusieurs prostituées changent de stratégie pour survivre.
La soirée du jeudi 19 mars est une soirée « noire » pour Nadine, prostituée à Yaoundé au lieu-dit Mini-ferme au quartier Melen. Arrivée à l’auberge à 19 heures, elle trouve malheureusement un scellé à l’entrée de l’auberge. Démoralisée, elle retourne chez elle.
« J’en avais le net pressentiment quand je sortais de la maison aujourd’hui, surtout que les bars et snacks ne sont plus ouverts à partir de 18h », révèle la call-girl quelques jours après. Accablée par la crise sanitaire que traverse le monde, particulièrement le Cameroun. « Je suis prise d’un vertige et je mesure peu à peu les conséquences.
Difficile, voire impossible de trouver à nouveau des clients. Par conséquence plus possible d’avoir un quelconque revenu », confie-t-elle. Comme elle, une centaine de filles aux cuisses hospitalières sont en l’arrêt de travail sexuel, au lendemain de la prescription par le gouvernement des 13 mesures pour limiter la propagation du nouveau coronavirus. Parmi lesquelles la fermeture des débits de boissons dès 18 heures sur l’étendue du territoire. Dès lors, c’est un calme qui règne désormais dans l’un des quartiers chauds de Yaoundé.
Les débits de boissons ont tari, et les clients se font rares. Chaque soir, la gendarmerie nationale et la police effectuent des patrouilles permanentes dans la ville de Yaoundé. A l’heure de l’épidémie de Covid-19, les personnes en situation de prostitution sont confrontées à des difficultés particulières, liées notamment à un tarissement de leurs ressources en raison des mesures du gouvernement.
En plus, Jean Claude Tsila, préfet de Mfoundi a procédé à l’arrestation d’une cinquantaine de prostituées pour avoir eu des contacts avec des personnes mise en quarantaine dans les hôtels Xaviera à Odza et Safari à Nsam. Des personnes étaient dans le vol du 17 mars. 16 d’entre elles avaient été testées positifs au Covid-19. C’est ainsi que le ton va durcir contre les prostituées dans les rues de Yaoundé. 4 sites célèbres de la capitale sont dans le viseur des autorités, représentant à eux seuls 50% de l'univers de la prostitution estimé à Yaoundé. « La situation est dramatique », s’inquiète Angèle prostituée à Mini-ferme. Elle précise : « Être en bonne santé sans pouvoir manger, ni nourrir ses enfants, c’est compliqué.»
Face à ces mesures, certaines prostituées usent quelques stratégies pour trouver des clients. Désormais, les belles de nuit se faufilent dans les ruelles, à l’abri des regards des forces de maintien de l’ordre.
En absence des auberges, les ébats sexuels se déroulent à la belle étoile. Pour ce fait, « nous utilisons certaines positions particulières pour satisfaire les clients qui se font de plus en plus rares », confie Angèle. D’autres utilisent les méthodes plus flexibles pour trouver les clients. Dans les réseaux sociaux, elles s’exposent avec des tenues légères. Les informations pour bénéficier de leur service accompagnent les images qu’elles publient sur Facebook, Instagram, Twitter et WhatsApp.
En ligne, une fois entré en contact avec une des prostituées, généralement par WhatsApp, elle vous répond en vous livrant des modalités d’usages. Il faut débourser une somme comprise entre 5000 FCFA et 10000 FCFA pour bénéficier d’une partie de jambes en l’air pendant un temps bien limité. Dans certains cas, la prostituée se déplace pour offrir le service avec les frais de taxi dans un lieu choisit par son client, et dans d’autres cas elle attend son client, à domicile.
Ces nouvelles méthodes de prostitution ne se fait pas sans risque. Les prostituées se font duper par certaines personnes aux intentions mal saine. « Parfois, un client t’appelle, te donne un rendez-vous, arrivée sur les lieux, tu te retrouves seul pendant des heures et le numéro de cette personne ne passe plus », relate Patricia, tombée dans le piège de cette catégorie de personne.
Pour remédier à ce problème, « j’exige d‘abord les frais de taxi avant de me déplacer pendant cette crise. Et on essaie de joindre les deux bouts », rassure-t-elle.
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