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© Source : CL2P
- 27 Dec 2019 02:50:00
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Francafrique : Le dernier combat de Macron :: AFRICA
Après avoir qualifié la colonisation française de « grave erreur » lors de sa visite en Côte d'Ivoire le 21 décembre 2019, puis exhibé sa marque de luxe qu’est sa « carte jeunesse », une tactique huilée et anachronique utilisée pour disqualifier la résistance civile et le manque de déférence des colonisés à ce qu'ils considèrent légitimement comme la continuation de l'empire français sous un autre nom, le maniaque du tout contrôle Emmanuel Macron entend plus que jamais défendre l'empire, et n'a aucun intérêt à écouter les critiques. Il se moque tout simplement des adversaires de la Françafrique, et préfèrent les présenter en bloc comme motivés par un supposé « sentiment anti-français ».
En effet, ne perdons pas de vue que l'ignorance stratégique est utile pour maintenir la Françafrique. Ainsi, l'avertissement de Macron contre le « sentiment anti-français » signifie simplement museler toutes les voix critiques de la Françafrique en France comme en Afrique.
C'est ce qui se produit lorsque les gens utilisent la confiance en soi et les catégories exclusives pour parler de la colonisation, ce qui finit par diminuer le fait que la colonisation et la post-colonisation sont toujours ancrées dans une politique africaine controversée. Le fait que l'empire français était ouvertement conscient et intentionnellement déterminé à acquérir plus de terres et à exploiter les colonies sous l’emprise des autocraties locales, dans l’asservissement et même l’élimination des vies des colonisés et/ou françaises sacrifiées comme coût acceptable pour maintenir la grandeur de l'empire. De plus, s’y ajoute un manque délibéré d’analyse approfondie sur l'héritage de ces processus coloniaux, puis un tabou officiel sur ses crimes économiques et de sang, qui expliquent en partie pourquoi le paysage postcolonial a encore la forme qu'il a aujourd'hui entre la France et l’Afrique noire francophone.
Car dire que la Françafrique entretient un système de prédation économique et monétaire d'inspiration coloniale, puis assure le maintien des tyrans sur le continent, récompensés pour leur infaillible fidélité, à travers ses réseaux gravitant autour des institutions dont la présidence de la république française, n'est nullement inciter ou propager un sentiment anti-français. C'est militer en faveur d'une refondation profonde d'une relation indiscutablement déséquilibrée et asservissante des populations. C'est d'elle que n'en veulent plus les Africains, non-de la France ou quelques autres partenaires internationaux, encore moins des Français comme des Chinois, des Russes, des Indiens, ou des Américains.
L’époque voulue du "pré-carré africain de la France" en Afrique doit être simplement révolue!
En effet nous ne pouvons plus nous permettre le luxe de la Françafrique dans un monde globalisé. Il existe des forces suffisamment expérimentées pour réformer cette relation toxique et disposant des instruments pour le faire en matière de pratiques de délibération et de politique d'écoute. Précisément, parce qu’il faut lutter contre le modèle qui fait que les gens ordinaires adoptent ou acceptent d’être confinés au statut de minorités dans leurs propres pays et finissent par détester la démocratie importée à cause de la manipulation politique et médiatique permanente.
Repenser le pouvoir du passé, reconsidérer la notion de dette (notamment la dépendance à l’aide dit au développement) et revoir la marchandisation des biens sociaux avec un modèle de représentation civique et responsable, puis des modes de décision consensuels et démocratiques est notre unique motivation. Non un quelconque sentiment de haine vis-à-vis d’un ancien empire colonial devenu une puissance mondiale moyenne, appelée inéluctablement à se fondre dans l’ensemble européen.
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