Dialogue annoncé : Des sujets bottés en touche
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Le chef de l’Etat met subtilement un tabou sur le débat lié à la forme de l’Etat, ainsi que la crise post-électorale.

« J’ai décidé de convoquer dès la fin du mois en cours, un grand dialogue national qui nous permettra, dans le cadre de notre Constitution, d’examiner les voies et moyens de répondre aux aspirations profondes des populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, mais aussi de toutes les autres composantes de notre nation », annonce le chef de l’Etat Paul Biya, avant hier 10 septembre au cours de son allocation. Le président de la République précise que « le dialogue dont il est question, concernera principalement la situation dans les régions du Nord-Ouest et du Sud- Ouest…» A cet effet, nombre de sujets seront au menu des échanges. Au rang de ceux-ci, « le bilinguisme, la diversité culturelle et la cohésion sociale, la reconstruction et le développement des zones touchées par le conflit, le retour des réfugiés et des personnes déplacées, le système éducatif et judiciaire, la décentralisation et le développement local, la démobilisation et la réinsertion des excombattants, le rôle de la diaspora dans le développement du pays. »

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Cependant, la crise post-électorale, ayant conduit à l’organisation des « marches blanches » par le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc), avec à la clé, l’arrestation et la détention jusqu’à ce jour des militants de ce parti politique, y compris son leader, Maurice Kamto n’a pas été évoquée par le président de la République. Ceci malgré les différents appels de la majorité des leaders de l’opposition et des partenaires au développement à la libération desdits détenus « politiques ». Idem pour la question relative à la forme de l’Etat. Une bonne frange de la population du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, y compris des acteurs de la scène politique nationale, plaident pour le fédéralisme. A ce sujet, le fait pour le chef de l’Etat de parler d’un dialogue dans « le cadre de notre Constitution », trahi sans doute l’intention de celui-ci de faire table rase de cette problématique, étant donné que la Constitution actuelle, au goût de ses thuriféraires, ne le prévoit guère.

Bien plus, l’évocation de la décentralisation et le développement local, ainsi que l’annonce de la tenue des élections régionales semblent préciser le choix de la décentralisation au détriment du fédéralisme. Une attitude qui incommode le Social Democratic Front (SDF). « Quand il y a dialogue, chacun pose ses conditions. Personne ne peut marcher sur les conditions de Monsieur Biya », signale de prime à bord Emmanuel Ntonga. Le portail des camerounais de Belgique. Le régional du SDF Centre ajoute. « Nous aurons à parler de beaucoup de choses. Non seulement du fédéralisme, mais, aussi, il faut évoquer le départ de Biya. Si le SDF doit aller à la table des négociations, la condition du fédéralisme sera posée immédiatement sur la table et je crois que nous ne sommes pas les seuls. Beaucoup d’autres Anglophones aussi et même des leaders religieux sont pour le fédéralisme. »

Parlementaires, hommes politiques, leaders d’opinion, intellectuels, opérateurs économiques, autorités traditionnelles, autorités religieuses, membres de la diaspora, sont les acteurs attendus à la table des pourparlers. « Seront également invités des représentants des forces de défense et de sécurité, des groupes armés et des victimes », poursuit Paul Biya. Placé sous l’égide du Premier ministre, Joseph Dion Ngute, désigné unilatéralement par le chef de l’Etat, le dialogue sera précédé des consultations, à l’effet de recueillir les avis nécessaires à la conduite des débats.

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