France-Afrique : Le Gabon, élève modèle
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France-Afrique : Le Gabon, élève modèle

L’axe Paris-Libreville a longtemps constitué le paradigme des relations que la France a su entretenir avec certains États africains depuis 1960. Avec le Gabon, ces liens privilégiés ont été organisés autour de deux pivots. Un pivot économique, d’abord, avec la forte présence de grandes entreprises françaises : bois, manganèse, uranium, construction, infrastructures, transports, armes, pétrole.

La filiation avec l’Hexagone commence avec les premières explorations de géologues français (1928) et le début de l’exploitation de l’or noir (1956), sous les auspices de la Société pétrolière d’AfriqueÉquatoriale française (Spaef), créée en 1949, qui deviendra Elf Spafe en 1968, puis Elf Gabon cinq ans plus tard, et enfin Total Gabon en 2003. Ces liens expliquent en partie la présence de plus de dix mille Français dans le pays. Un pivot politique ensuite, consubstantiel à des partenariats stratégiques : énergétiques pour la France, rentiers pour le Gabon.

L’écheveau qui unit les deux pays jusque dans leurs plus hautes sphères s’est démêlé . Le public a ainsi découvert les liens entre le pouvoir gabonais, l’armée française (depuis 1960) et les renseignements français (le service de documentation extérieure et de contre-espionnage, Sdece, puis la direction générale de la sécurité extérieure, DGSE). Le mercenaire proche du Sdece Robert (« Bob») Denard (1929-2007), instructeur de la garde présidentielle d’Omar Bongo, en était la figure emblématique. C’est l’intervention de l’armée française lors des émeutes de Libreville et de Port-Gentil pendant l’été 1990 qui sauva le trône du chef de l’État gabonais .

Est désormais également de notoriété publique le financement occulte des partis politiques français via des «valises » acheminées depuis Libreville, tout au long de la Ve République. Après l’affaire Elf (lire l’article d’Olivier Vallée page 12), c’est le dossier des biens mal acquis qui occupe aujourd’hui les conversations politiques du « village françafricain » : des multinationales françaises (Bolloré, Veolia, la BNP, Bouygues, Eramet) sont soupçonnées de détournements à la source d’argent public gabonais . Vouloir rompre avec la « Françafrique » est devenu, sans beaucoup d’effets, une figure imposée des discours électoraux en France. Mais c’est avant tout l’intégration de l’économie gabonaise dans la mondialisation qui a changé la donne. Si le secteur pétrolier demeure verrouillé, M. Ali Bongo a diversifié ses partenaires, avec des poids lourds comme le singapourien Olam et le chinois Honest Timber. Signe des temps ? M. Bongo est même allé jusqu’à infliger, en 2014, un redressement fiscal à Total Gabon (585 millions d’euros). Mais, dès 2015, le directeur général du groupe, M. Patrick Pouyanné, expliquait que le litige s’était «r églé à l’amiable, comme toujours d’ailleurs avec nos amis africains »...

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